« C’est un garçon très travaillant, très acharné, prêt à se défoncer sur un tapis de judo. Quand il se présente, il veut gagner et il est prêt à tout faire pour y arriver », a résumé Nicolas Gill, directeur général et directeur de la haute performance chez Judo Canada.
Double médaillé olympique, la première fois à Barcelone en 1992 et la seconde, huit ans plus tard à Sydney, Nicolas Gill occupe ses fonctions actuelles à Judo Canada depuis 2016. Il sait donc de quoi il parle quand vient le temps de dresser le bilan d’une carrière de l’un de ses protégés.
« C’est un jeune qui a fait une super carrière, avec son fait marquant aux Jeux olympiques à Rio en 2016, a salué Gill, quadruple olympien. Les Jeux de Rio lui ont permis de sortir de l’ombre, il a connu un tournoi remarquable cette journée-là, en passant si près d’une médaille olympique. Parfois, les faits marquants d’une carrière ne sont pas représentatifs, mais dans le cas d’Antoine, ça démontre vraiment qui il est. Ce n’était pas le plus doué, mais il était hyper bien préparé, physiquement et mentalement. Il a gagné ses combats à sa manière. »
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Un style bien à lui
« Sa manière», elle a fait jaser dans les derniers jours, période durant laquelle les éloges entourant Antoine Bouchard se sont accumulés. Un style de judo pas comme les autres, certes, mais force est de constater qu’il a fait ses preuves.
Pour Nicolas Gill, cette manière de faire sur les tatamis n’était pas si étrange, et pas difficile à entraîner pour autant.
« C’est quelqu’un de très systématique sur beaucoup de choses, mais ce n’est pas ce qui ressort, a-t-il observé. J’ai souvent dit à beaucoup de personnes qu’elles se fiaient trop à de quoi ça a l’air, au lieu de reconnaître pourquoi Antoine arrive à destination. Il a une approche très méthodique, très raisonnée. Ce n’est pas pour rien qu’il est en train de faire un doctorat. C’est un garçon très réfléchi, qui cherche toujours à comprendre, qui est prêt à respecter la recette. »
Antoine Valois-Fortier est l’un des premiers à valider. Également jeune retraité, le grand athlète est l’entraîneur-chef de l’équipe nationale avec Judo Canada depuis bientôt deux ans. Mais avant, il a été un fidèle partenaire d’entraînement à Antoine Bouchard, même si leur différence de poids fait en sorte qu’ils ne se sont jamais affrontés de façon officielle.
Et même si Bouchard a fait sa marque avec un « judo différent », les plus jeunes peuvent s’en inspirer, selon Valois-Fortier.
« Se battre avec Antoine, ce n’est pas un judo classique, tout le monde s’entend là-dessus, mais il a quand même des bases exceptionnelles. À travers son style qu’il a personnalisé et qui est assez extrême et qui sort du commun, il reste qu’il a de très, très bonnes bases. C’est d’ailleurs ce que je veux que les jeunes retiennent. Du moment où vous avez de bonnes bases, c’est à vous de trouver votre style selon votre physiologie, votre physionomie et vos habiletés. »
— Antoine Valois-Fortier
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Un parfait représentant
Antoine Valois-Fortier connaît d’ailleurs Antoine Bouchard comme le fond de sa poche, ou presque.
« On se souvient beaucoup plus de la personne que de l’athlète et pour moi, c’est ça, Antoine Bouchard, a-t-il vanté. C’est une personne intègre, vraie, investie, passionnée. C’est surtout ce que je retiens, au-delà de tous ses résultats et de sa carrière exceptionnelle. Bouchard, comme on l’appelle, c’est un gars d’équipe, rassembleur. Et il est passionné du judo. »
C’est d’ailleurs en raison de toutes ces valeurs que véhicule Bouchard que Gill et Valois-Fortier espèrent que le principal intéressé demeure impliqué comme entraîneur. Un désir confirmé par Bouchard, mais dans une forme qui demeure à être précisée.
« C’est toujours notre souhait que tous les athlètes de ce niveau demeurent impliqués, a soulevé Nicolas Gill. Il a démontré son intérêt, il va faire un stage avec nous dans les prochains mois et on va voir où ça va nous mener. Pour moi, c’est primordial que si ces athlètes le désirent, il faut tout faire pour les garder. »
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Une grande reconnaissance pour Roger Tremblay
C’était la journée d’Antoine Bouchard, samedi, mais un visage bien connu n’a rien manqué. Grand manitou du club Judokas de Jonquière, Roger Tremblay est demeuré près de son protégé pour les quatre combats de la compétition, en plus de soutenir les autres représentants du club.
Dans un cas comme dans l’autre, le partenaire de danse de Bouchard pour cette dernière pièce ne faisait aucun doute.
« Je lui ai dit que s’il n’est pas là, je ne suis pas là, a martelé le jeune homme de 29 ans. Et si Roger n’est pas là, le club de Jonquière n’est pas ce qu’il est aujourd’hui. Oui, ça prend des jeunes passionnés qui veulent s’impliquer, mais ça prend un chauffeur d’autobus devant qui mène tout le monde à bon port. Dans ma tête, il n’y avait personne d’autre que Roger sur la chaise. C’est lui qui m’a tout montré. »
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Et le nom de Roger Tremblay ne résonne pas seulement à l’intérieur des murs du club Judokas. À 51 ans, Nicolas Gill a vécu plusieurs événements avec l’homme de fer, fidèle sur chaque rendez-vous.
« Roger est un pionnier dans le monde du judo québécois, a raconté Nicolas Gill. C’est un club qui a toujours produit plusieurs judokas de bon niveau et ça poursuit. Sur la scène provinciale et nationale, ça fait partie des meilleurs clubs et évidemment, l’implication de Roger en est la cause numéro un. Même quand j’étais jeune, Roger faisait partie des entraîneurs provinciaux et ça fait plus de 35 ans que je le côtoie. Il fait partie des meubles ! Il y a très peu d’entraîneurs au pays qui ont eu un aussi grand impact pour aussi longtemps. C’est remarquable, il n’y a pas autre chose à dire là-dessus. »