L’orignal n’aime pas la chaleur

Rien dans les statistiques de récolte ne laisse présager que le cheptel d’orignaux est en baisse dans la région, même si des échos de chasses difficiles se font entendre sur les réseaux sociaux.

CHRONIQUE / La «grosse chasse» débute en fin de semaine, dans la région. La saison s’étendra du 23 septembre au 13 octobre. Durant la saison de chasse à l’orignal avec arme à feu, les chasseurs de gros gibier disposent de quatre semaines pour prendre la forêt d’assaut.


Cet automne, il s’agit d’une saison permissive, alors que les disciples de Nemrod peuvent récolter les mâles, les femelles et les veaux, comme c’est le cas tous les deux ans. Dans les années restrictives, les gestionnaires protègent la femelle en permettant de récolter seulement les mâles et les veaux.

Environ 28 000 chasseurs vont patrouiller la zone 28, laquelle regroupe l’ensemble des territoires de chasse du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et la saison 2023 s’amorce avec plusieurs questions concernant le cheptel de l’élan d’Amérique. Depuis deux ans, la récolte d’orignaux est en baisse dans la région. Il s’est tué 493 orignaux de moins en 2022 et 348 de moins en 2021, comparativement aux deux saisons précédentes, avec à peu près le même nombre de chasseurs sur le terrain.

Rien dans les statistiques de récolte ne laisse présager que le cheptel d’orignaux est en baisse dans la région, même si des échos de chasses difficiles se font entendre sur les réseaux sociaux.

Pas d’inquiétude

Selon les spécialistes de la faune, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour l’état des populations et les succès de chasse. L’automne dernier, une vague de chaleur avait accompagné les chasseurs dès la première semaine de chasse, ce qui a probablement fait diminuer le succès de chasse.

L’orignal n’aime pas trop la chaleur et se terre dans des refuges thermiques, à l’ombre, au coeur de la forêt, et se déplace la nuit pour se nourrir. Est-ce que les chasseurs seront confrontés encore cette année aux conséquences des changements climatiques? Il est fort probable que la première semaine soit aussi marquée par des températures élevées.

Selon diverses descriptions scientifiques, «l’orignal supportant mal la chaleur se rafraîchit souvent dans les lacs et les rivières; excellent nageur, il parcourt des distances considérables dans l’eau, ce qui, en outre, le protège des moustiques, des tiques. En obstruant ses narines, il peut plonger jusqu’à 6 mètres de profondeur, rester immergé plus de trente secondes et brouter au fond des marécages les végétaux aquatiques riches en cellulose. Il possède un excellent odorat lui permettant de trouver sous la neige de quoi se nourrir».

Sauver la venaison

Les chasseurs qui récoltent un orignal par jour de grande chaleur s’empressent de sortir du bois et de transporter leur venaison dans des centres de débitage avec chambre froide. D’autres groupes de chasseurs vont opter pour l’achat d’un camion réfrigéré usager qu’ils laissent sur le terrain de leur chalet en forêt pour s’assurer de garder leur viande de gibier au frais.

À l’époque, disons il y a 40 ans, les livres sur la chasse à l’orignal recommandaient de placer les quartiers de viande au fond d’un canot ou d’une chaloupe et de se promener sur le plan d’eau pour rafraîchir la venaison avant de la suspendre enrobée dans du coton à fromage. Disons que le centre de débitage et le camion réfrigéré représentent les meilleures options. Certaines pourvoiries possèdent encore les vestiges des grandes glacières creusées sous terre et qu’on remplissait de blocs de glace pendant l’hiver.

Lors de la dernière saison de chasse permissive, en 2021, on croyait pouvoir atteindre les chiffres mythiques de 5000 orignaux et de 30 000 chasseurs en se fiant aux tendances des dernières années. On ignore pour le moment si la diminution du pouvoir d’achat de la population, avec la hausse des taux d’intérêt, de l’épicerie et de l’essence, aura un impact sur la vente des permis de chasse.

Un inventaire aérien a été réalisé dans la zone 28, cet hiver, et les résultats seront bientôt disponibles. Le dernier recensement, celui de 2006, avait permis d’estimer à environ 16 000 le nombre d’orignaux sur le territoire.