Espace baseball: quand l’art rencontre le sport

Le peintre Vernon Wells Jr.

Le nom de Vernon Wells dit quelque chose à tous les amateurs de baseball du Canada puisque l’ancien voltigeur vedette Vernon Wells III a disputé 12 de ses 15 saisons dans les majeures avec les Blue Jays de Toronto. C’est cependant avec son père Vernon Wells Jr. que je me suis entretenu cette semaine. Ancien footballeur, le paternel est devenu un artiste peintre qui a réalisé le portrait de plusieurs joueurs de baseball des ligues majeures.


Le chemin de l’aîné des Vernon Wells est loin d’être banal : talentueux receveur de passes des Horned Frogs de l’Université Texas Christian, l’artiste aujourd’hui âgé de 68 ans se destinait d’abord à une carrière en radio ou en télévision. « J’ai obtenu mon diplôme en radio-télé, je voulais être un gars d’ESPN avant qu’ESPN existe! », commente-t-il.

Après sa carrière universitaire, il a participé au camp d’entraînement des Chiefs de Kansas City en 1977 et c’est là que l’étincelle artistique est apparue. « Je n’ai jamais suivi de cours de peinture ou de dessin. Mais alors que je m’ennuyais un peu lors d’une réunion d’équipe, je dessinais des trucs sur une feuille. Un gars a vu ce que j’avais dessiné et m’a dit que des gens seraient prêts à payer pour ça », se souvient-il.

«J’étais convaincu que j’allais faire l’équipe, car personne ne pouvait me couvrir à un contre un. Cependant, l’entraîneur-chef Paul Wiggin m’a libéré avant le début de la saison. C’était un bien bon gars, mais il ne savait pas du tout où il s’en allait. D’ailleurs, il a été mis à la porte deux semaines plus tard!» raconte Wells.

Wells est ensuite revenu donner un coup de main à l’équipe d’entraîneurs des Horned Frogs pendant qu’il terminait sa formation universitaire. « Là-bas, j’ai fait une peinture d’un des entraîneurs adjoints et tout le monde était impressionné. Moi, c’est quand un étudiant en art m’a montré une de ses œuvres qui lui avait valu un A+ que j’ai su que je pourrais gagner ma vie avec mon art. Son œuvre était horrible! Et il avait eu un A+! »

Les Stampeders et Upper Deck

Wells a ensuite reçu l’appel des Stampeders de Calgary de la Ligue canadienne de football (LCF), où il n’a eu le temps de disputer qu’un seul match, contre les Eskimos d’Edmonton et leur jeune quart Warren Moon, avant de se blesser. Il avait toutefois aussi obtenu le contrat de réaliser l’œuvre qui ornait le calendrier de l’équipe en 1978, un casque des Stampeders avec le slogan « Great Expectations ».

« Calgary voulait me ravoir la saison suivante, mais ma femme était enceinte de Vernon et j’ai dit non. Un ami qui possédait un magasin de cartes sportives m’a plutôt aidé à lancer ma carrière artistique. Il m’a dit qu’il pouvait me trouver un emploi avec Upper Deck et je ne savais même pas c’était quoi, Upper Deck! » avoue-t-il candidement à propos du grand fabricant de cartes sportives.

« Je suis devenu le premier peintre à travailler pour Upper Deck et cette association a été très bénéfique pour moi. J’avais accès aux vestiaires de toutes les équipes des majeures pour réaliser les portraits de certains joueurs. Plusieurs joueurs ou équipes me commandaient ensuite des œuvres originales », indique celui dont le réalisme des peintures a toujours été apprécié des sportifs.

Avec son fils

« Quand mon fils Vernon a été repêché en 1997, j’étais aussi son agent et nous sommes allés à Toronto pour qu’il participe à l’exercice au bâton. En traversant le vestiaire, j’ai vu sept gars dont j’avais déjà fait le portrait! » poursuit le paternel.

Vernon Wells III, fils de Vernon Wells Jr.

Il se souvient aussi avoir croisé le gaucher Dan Plesac, qui ne se cachait pas pour dire à voix haute qu’il n’aimait pas ces jeunots qui recevaient de gros bonis en présence de son fils, qui venait d’avoir un boni de 1,8 million $ à la signature de son contrat. « Vernon avait claqué quatre bombes pour clore cet exercice au bâton! » rappelle-t-il. Trois fois membre de l’équipe d’étoiles de la Ligue américaine, Vernon Wells III allait finir sa carrière avec 270 longues balles et 958 points produits.

Une fois qu’il avait atteint le premier but dans un match contre les Yankees de New York, le fils avait aussi vu Jason Giambi lui demander si son père peignait encore. « Quoi? La première chose dont tu me parles, c’est de mon père? », avait blagué le fils. Giambi avait vu l’image peinte par Wells de Torii Hunter déguisé en Spiderman parue dans Sports Illustrated.

Reprendre le collier

Même si la pandémie et des ennuis de santé ont fait qu’il a ralenti un peu le rythme ces dernières années, Vernon Wells Jr. continue de réaliser des contrats pour plusieurs sportifs et plusieurs équipes. Et il a le goût de reprendre le collier même s’il doit maintenant conjuguer son travail avec des traitements de radiothérapie pour un cancer.

«I l faudra que je retourne aux camps printaniers des ligues majeures avec mes cartes d’affaires même si je n’aime pas avoir l’air d’un vendeur d’autos usagées. C’est que plusieurs des jeunes joueurs ne me connaissent pas encore et ne connaissent même pas mon fils! » indique celui que son art tient tout de même bien occupé.

« Je fais le portrait de tous les joueurs intronisés au Temple de la Renommée de mon alma mater, l’Université Texas Christian, et je fais aussi une peinture pour chaque joueur des Braves d’Atlanta qui atteint une marque importante. J’en fais aussi pour les Rangers du Texas étant donné qu’ils sont juste à côté de chez moi », conclut l’artiste qui a aussi peint Muhammad Ali et quelques vedettes de la NFL.


LE CHIFFRE

30,2 %

Le pourcentage de joueurs latino-américains dans les ligues majeures au début de la saison 2023, en hausse par rapport aux 28,5 % au début de la saison 2022 et des 27,4 % de 2017. Alors que le nombre de joueurs afro-américains n’a cessé de décroître dans les majeures depuis les années 90, le nombre de latino-américains augmente sans cesse depuis 40 ans, atteignant 31,9 % à la fin de la dernière saison.

Le grand chelem

La moyenne au bâton de Kyle Schwarber des Phillies de Philadelphie était de .198 mercredi. Sous la proverbiale « ligne Mendoza »! Mais attendez avant de dire que ce n’est pas beaucoup pour ses 20 millions $ par année! Avec déjà 45 circuits, le voltigeur surpassera son record de 46 l’an passé et il dépassera aussi les 100 points produits pour la première fois de sa carrière. Oui, ses 203 retraits au bâton sont aussi un sommet dans les majeures, mais il a tout de même également soutiré 120 buts sur balles. Ne cherchez pas, personne n’a jamais eu une saison comme celle-là!

Le golden sombrero

Mercredi, seulement sept équipes des majeures avaient une pire fiche que celle des Mets de New York (70-81). Mais n’oublions pas qu’aucune équipe des majeures n’avait une masse salariale supérieure à celle de... 343,5 millions $ des Mets. Oui, c’est 65 millions $ de plus que la deuxième masse salariale des majeures, celle de leurs voisins les Yankees, qui jouent à peine pour .500 et ne feront probablement pas les séries non plus. Qui a dit que l’argent achetait les championnats?