Maxime Tremblay tourne une page importante de son histoire

Maxime Tremblay n'a aucun regret en ce qui a trait à sa carrière d'arbitre. Avec jadis les jeux olympiques dans sa mire, il a préféré passer sur certaines opportunités pour mettre sa famille en priorité par le passé.

Ça fait depuis l’âge de 15 ans qu’il s’implique dans l’arbitrage du judo au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à l’échelle québécoise, canadienne et internationale, mais après 32 années, Maxime Tremblay tourne la page sur son rôle d’officiel, du moins pour l’année qui suit. Le président du comité d’arbitrage provincial quitte par le fait même ses fonctions, lui a qui mené un virage important pour la relève arbitrale du judo au Québec.


« C’est une décision déchirante, mais je l’ai prise de façon tout à fait sereine. Mon amour pour le judo, ma flamme pour ce sport-là ne s’éteint pas cependant. Ce qui motive en premier lieu mon changement de cap, ce sont les jeunes, mais plus particulièrement mon fils. Je veux me consacrer à mes fonctions d’entraîneur au club Multikyo. La position dans laquelle j’étais, soit celle de président, me mettait dans beaucoup de situations de conflits d’intérêts évidents », explique-t-il.

Pour cause, son garçon de 11 ans évolue désormais sur le circuit provincial, circuit où il était appelé à intervenir. « À titre d’arbitre en chef, il m’arrivait souvent de devoir trancher sur certaines décisions rendues. Malheureusement, il est déjà arrivé que ça implique mon fils. Je ne pouvais pas intervenir dans les cas échéants. Le plus difficile, c’était de ne pas pouvoir le féliciter après une victoire », illustre le Baieriverain.



Tranquillement, mais sûrement, l’arbitre de calibre mondial avait déjà commencé à mettre un pied de l’autre côté de la clôture dans les derniers mois. « Au départ, je m’étais impliqué administrativement pour maintenir les activités du club à La Baie. J’ai ensuite été amené à donner quelques cours par-ci par-là et c’est là que je me suis fait prendre au jeu. J’ai développé une belle relation avec les jeunes et leurs parents et je trouvais ça insensé de ne plus pouvoir les épauler une fois rendus en compétition », renchérit-il.

Un legs capital

Les sept années de Maxime Tremblay à la barre du comité provincial d’arbitrage de Judo Québec ont permis de faire avancer les choses et de moderniser l’approche de l’organisation, et ce, dans un souci d’assurer une relève. C’est notamment par le biais d’un virage numérique que plusieurs aspects relatifs au recrutement et à la rétention de personnel ont été améliorés.

« Il y avait une lourdeur administrative incroyable. Les examens théoriques se faisaient encore sous format papier sur place lors de tournois. En 2018, tout juste avant la pandémie, on a mis sur pied, publicisé et diffusé un nouveau système en ligne. Ça a permis aux jeunes de partout dans la province de faire leur examen à distance. Le petit gars de l’Abitibi ou la petite fille de la Côte-Nord n’a donc plus à se rendre à Montréal pour un examen », pointe-t-il.

Toujours dans la même veine, le statut de joueur-arbitre a été créé afin de permettre aux jeunes de pratiquer leur sport tout en l’arbitrant. Auparavant, l’évaluation des arbitres se faisait sur deux journées consécutives. « Un jeune qui arbitrait le samedi, mais qui était inscrit à la compétition pour le dimanche, ça ne fonctionnait pas. Il fallait forcément que ce soit deux jours collés. On a aboli ça. L’évaluation se fait toujours sur deux jours, mais ils ne sont plus forcément collés », assure M. Tremblay.



En 2017, Maxime Tremblay remportait un Alexis pour une 5e année consécutive à titre d’Officiel de l’année.

De plus, les frais de participation à un tournoi pour un judoka qui est arbitre certifié au grade provincial B sont désormais remboursés par Judo Québec lorsque ce dernier joue le rôle d’officiel dans ladite compétition pour une catégorie différente à la sienne, évidemment.

« Les gens qui arbitrent le judo proviennent tous du judo. C’est technique comme pratique, ça nécessite une connaissance fine du sport. C’était donc difficile de recruter des jeunes sans concilier la pratique de leur art martial à l’arbitrage », ajoute-t-il.

Le site arbitre en ligne, mis sur pied sous la gouverne de Maxime Tremblay, et dont le chantier est toujours en cours, a aussi pu compter sur l’implantation d’un module permettant de mieux cibler les besoins en formation pour les divers officiels du circuit québécois de judo. « Les statistiques et les évaluations de nos arbitres sont compilées dans une base de données qui leur est accessible en tout temps », donne-t-il comme exemple.

Celui qui a présidé le comité d’arbitrage depuis 2016 estime avoir accompli de belles choses avec son équipe. « Ce que j’avais à faire, je l’ai fait. J’ai doté le comité d’outils, nous les avons mis en place. Dans l’application, on s’est assurés d’être compétents et c’est devoir accompli selon moi. »

Un nouveau défi

Si une chose est certaine, c’est que Maxime Tremblay a été aux premières loges d’un judo d’élite pendant plusieurs années. Ayant arbitré une vingtaine de championnats canadiens, plusieurs duels du circuit panaméricain ainsi que quelques tournois en Europe, l’homme d’expérience aura maintenant le défi de transposer son bagage aux jeunes apprenants.

« Je suis impatient de relever ce défi-là. J’ai bien hâte de voir l’accueil que les autres entraîneurs vont me faire après tant d’années de l’autre côté de la clôture. Ça risque d’être particulier aussi avec les arbitres au début. Je vais probablement m’abstenir et me garder une petite gêne dans les premiers temps. Ça demeure des gens que j’ai côtoyés, pour certains, pendant plus de 30 ans », fait-il valoir.

Quoi qu’il en soit, la porte n’est pas complètement fermée pour un retour à l’arbitrage, conclut M. Tremblay. « Je prends au moins une sabbatique d’un an comme arbitre. Si je reviens, ça va être vraiment à l’échelle régionale, pour le plaisir d’arbitrer. Je ne retournerai pas dans un poste administratif, ça, c’est clair. »