
Serge Simard doit affronter son passé libéral
Par Richard Bandford, ex-chef de cabinet de Jean Tremblay
Mais voilà, M. Simard devra se battre bien plus contre son image d’ex-député-ministre libéral que contre d’éventuels adversaires. À Saguenay, s’afficher libéral apparaît comme un sacrilège aux yeux de la meute d’un mouvement contestataire alimenté en outre par les souverainistes et quelques pseudo-anarchistes qui profitent des réseaux sociaux pour planter la pointe de leurs couteaux.
Parce que chez nous, on envoie rarement à Québec des représentants dont le parti s’est montré généreux pour la région. Qu’on se souvienne seulement de la route à quatre voies dans la réserve faunique des Laurentides. Sans l’intervention de Jean Chrétien et de Jean Charest, on roulerait encore sur une voie simple aux courbes améliorées par les 200 M$ promis par le chef péquiste jonquiérois, Lucien Bouchard. Ce projet estimé d’abord à 300 M$, puis à 600 M$, a frisé le milliard et demi de dollars, le plus gros projet des années 2000 au Québec. Et il n’a pas fait que des heureux dans les grands centres d’autant que la région et son université avaient déjà arraché au gouvernement fédéral le CTA (Centre des technologies d’aluminium), l’œuvre du député libéral André Harvey.
Depuis 2007, Promotion Saguenay préparait le terrain pour attirer dans la région de gros investissements. Les conservateurs au fédéral et les libéraux au provincial ont subventionné la déserte ferroviaire de Grande-Anse qui ouvre la voie à un potentiel d’activités économiques fort importantes. Pourtant, peu de décideurs politiques prennent le flambeau de leur réussite. Serge Simard, lui, fonde sa démarche électorale sur la réalisation de ces grands projets. Cette décision présente l’avantage d’être claire et devrait lui mériter l’appui des électeurs qui gardent les pieds sur terre. Mais est-ce que ce sera suffisant pour lui garantir l’absolution de la bande d’allergiques aux rouges ?