
L'utilité du #MoiAussi
Unissons-nous
Il y a les pour et il y a les contre reliés à ce grand courant social, pour ne pas dire planétaire. « Unissons-nous dans l’adversité », ai-je déjà entendu ! De nommer, de partager, de dénoncer tout délit sexuel commis à son égard, en voilà un défi plus que grand. Pas étonnant que plusieurs de ces dames choisissent de se lier, histoire d’être plus fortes, plus reconnues, plus considérées, davantage prises au sérieux. Au-delà de ce simple #moiaussi offert sur écran, parions qu’il y a des libérations qui se feront bien aussi grandes, sinon plus, que celles impliquées dans tout processus judiciaire.
Toutes sur un pied d’égalité ?
Et ces mots-clics de dénonciation, tous sur le même pied d’égalité ? Certains ont dit que non. Qu’il était inadéquat de comparer un acte au détriment d’un autre. Que quelques-unes avaient vite le doigt sur la gâchette, où sur le clavier, quand vient le temps d’interpréter certains événements. Triste comparaison me rappelant que même dans l’unicité, la hiérarchisation des accusations mène encore à cette maudite banalisation. Quantifier, calculer, mesurer la violence sexuelle représente selon moi le début de l’indulgence sur ces regards, paroles, sous-entendus, gestes qui sont tout aussi dévastateurs les uns que les autres. La violence sexuelle reste de la violence sexuelle bien au-delà des faits commis, point final.
Réseaux sociaux
Oui, l’ère 2.0 offre aussi cela. À force de ne pas être entendues dans la sphère publique, les femmes dénoncent haut et fort ce lot que représente la violence sexuelle via un autre média que ceux utilisés conventionnellement. Efficace l’est-il ? Absolument, on entend haut et fort que des victimes, il y en a une puis une autre.
À partir de là, la suite c’est quoi ? Parce qu’entendre, c’est une chose. Écouter, c’en est une autre.
Entre vous et moi, êtes-vous si surpris, précieux lecteurs, de savoir qu’autant de femmes – les statistiques disent même une sur trois – subissent ces assauts à caractère sexuel ? Aviez-vous réellement besoin d’un mot-clic pour être informés de cela ?
Hé bien pour moi, c’est non ! Peut-être parce je ne vis pas dans un vase clos ? Peut-être aussi parce que je suis infirmière-sexologue baignant dans ce milieu ? Ou peut-être parce que je suis femme et que j’ai eu affaire à des harceleurs ? Allons savoir !
Et vous, enseignants, coiffeurs, plombiers ou journaliers, êtes-vous tombés en bas de votre chaise en voyant tous ces #MoiAussi ?
Si oui, et bien voilà ce à quoi aura servi cette mode. Autrement, dites-moi quel sera le cours des choses pour cette tendance.
On fait quoi maintenant que toutes ces victimes ayant pris parole du bout de leurs doigts ? Et des agresseurs ?
À quand un mouvement décisif à l’égard des femmes, des enfants, mais aussi des hommes subissant la violence sexuelle ? Peut-être que District 31 offrira des réponses à mes questions. En attendant, il y a #MoiAussi.