
Effenco voit l’électrification différemment
Il faut comprendre que la stratégie d’Effenco diffère de l’approche habituelle en ce qui concerne l’électrification des transports.
«La logique, c’est que nous avons choisi de minimiser la quantité d’énergie à bord [du véhicule]. C’est un peu contre-intuitif», explique David Arsenault, président d’Effenco. «On dit souvent que pour avoir plus d’autonomie, on va mettre de plus grosses batteries. Nous, on a cherché une stratégie pour mettre une toute petite quantité de batteries.»
Effenco fait appel à une technologie différente, qui utilise des condensateurs qui permettent une électrification complète. «Dans le fond, on a jumelé ça avec des points de recharge sans fil, à induction, ce qui fait qu’on a juste besoin d’autonomie entre les points de recharge. Ça réduit de beaucoup la quantité de batteries qu’on met à bord», ajoute M. Arsenault, qui précise qu’il s’agit de véhicules dits vocationnels, à usage industriel.
En fait, c’est toujours le coût des batteries qui est un frein à l’électrification des véhicules. Mais dans un environnement fermé, où les mouvements de véhicules sont répétitifs, les solutions d’Effenco s’y prêtent bien.
«Dans des endroits comme dans la ville de New York, où on a des clients, on pense à Manhattan, on a des endroits où il y a beaucoup de véhicules municipaux qui circulent et qui passent aux mêmes points», affirme le président. «Nous, on utilise les données recueillies avec lesquelles on développe un algorithme d’intelligence artificielle en fonction des données de tout le parc d’un client, d’un opérateur ou d’une municipalité. On peut identifier ces points stratégiques là pour positionner les bornes de recharge.»
Autonomie en heures
En ce qui concerne l’autonomie, là aussi, on pense aussi différemment chez Effenco. «Vu que ce sont des véhicules à faible vitesse, ça peut sembler étrange, mais c’est une notion d’autonomie en heures», répond le dirigeant issu de l’École de technologie supérieure. «C’est à peu près [en moyenne] une heure d’autonomie. On a une certaine marge de manœuvre qui permet d’en mettre plus ou moins.»
Effenco, qui a commencé ses activités en 2006, a conçu un système de propulsion électrique. Elle ne construit pas de véhicules, mais elle les convertit des véhicules à partir de designs existants.
«On offre aussi le retrofit. Donc, un véhicule existant qui aurait deux ou trois ans d’usure, on pourrait arriver et le convertir avec notre système de propulsion aussi. D’ailleurs, on croit beaucoup à ça. Parce que nos clients, par exemple, au port de Montréal, ils ont voulu de convertir l’entièreté de leur parc. Ce sont des véhicules qu’ils gardent pendant une dizaine d’années. Si on base juste sur le renouvellement, ça veut dire qu’électrifier un parc, ça pourrait prendre 10 ans. Nous, en offrant la possibilité de convertir [le retrofit], on peut créer un impact significatif très rapidement», conclut M. Arsenault.
Jusqu’à présent, Effenco a déployé plus de 400 unités dans au moins 10 pays. L’entreprise qui emploie plus de 80 personnes détient plus de 25 brevets à travers le monde.