35 nouvelles de Stanley Péan afin de célébrer 35 ans d’écriture

Dans Cartes postales d’outre-monde, Stanley Péan a créé 35 nouvelles à partir des illustrations réalisées par le dessinateur Jean-Michel Girard.

Pour fêter ses 35 ans d’écriture, Stanley Péan n’a pas acheté de gâteau. Même s’il avait épousé la forme d’un livre, ça n’aurait pas fait le travail. Lui qui pratique assidûment l’art de la nouvelle a préféré s’adonner à un exercice original. Celui-ci consistait à produire des fictions tenant sur une poignée de pages, en prenant pour point de départ les dessins soumis par l’illustrateur Jean-Michel Girard.


S’agissant de la forme, cet artiste éveille le souvenir de l’Américain Norman Rockwell. Il excelle autant que lui quand vient le temps de réaliser des portraits. Les visages sont si expressifs, rendus avec tant de justesse, qu’on y croit instantanément. Davantage que le vieux maître, cependant, on perçoit chez lui un désir de refléter les tourments de l’âme. Même quand l’image est séduisante, on n’est guère rassuré.

«Ce gars-là sait tout faire et au niveau de la recherche, il est très pointu. Il est rare qu’on décèle un anachronisme dans ses dessins qui sont souvent mélancoliques, plus « dark » que ceux de Rockwell. Travailler à partir d’eux m’a sorti de ma zone de confort», a raconté l’écrivain au cours d’une entrevue téléphonique accordée au Quotidien.

Stanley Péan estime que le fait d’imaginer 35 nouvelles en se laissant inspirer par des illustrations l’a sorti de sa zone de confort.

Un exemple lui vient aussitôt à l’esprit, celui de la nouvelle intitulée Reviens en un morceau. L’illustration montre un soldat canadien pendant la Deuxième Guerre mondiale. Profitant d’une pause, tandis qu’au loin brille le feu des combats, il lit une lettre. On l’imagine volontiers nostalgique et peut-être anxieux à l’idée que chaque seconde pourrait être sa dernière.

Le danger qui le menace dans la campagne française ne viendra cependant pas des Allemands. «Ce n’est pas le genre de sujet que j’ai l’habitude de traiter, mais ça m’a rappelé que c’est juste en 1992 que la loi interdisant aux homosexuels de servir dans l’armée a été abrogée. Ça signifie qu’en 1944, mon personnage n’avait pas le droit d’être là», énonce Stanley Péan.

Dans Revêtez-moi, en revanche, l’amateur de littérature fantastique en lui s’est fait plaisir. À partir d’une robe élégante, posée sur un mannequin d’essayage, il a tricoté une histoire où l’horreur cohabite avec une part d’irrationnel. «En voyant cette robe, moi qui ai écrit du fantastique toute ma vie, je me suis demandé: « Qu’est-ce que je n’ai jamais lu? " C’est ce que j’ai imaginé», relate l’écrivain.

Chaque nouvelle se suffit à elle-même, mais le lecteur attentif remarquera que certaines se répondent à quelques années de distance. C’est le cas de Plus bleu que le blues et de Solo, dont le protagoniste est le même homme, musicien de son état. On le découvre jeune, sous la peau d’un amoureux fougueux, puis affligé, avant de le retrouver au soir de sa vie, entre les quatre murs d’un CHSLD.

«L’histoire que je raconte est arrivée à ma blonde, alors qu’elle présentait un concert dans un établissement de santé. Un homme avait joué de l’harmonica, ce qui ne correspondait pas à la musique qu’elle faisait, note Stanley Péan. Dans la première nouvelle, par contre, ce personnage est dans la rue, tenant un bout de tissu bleu. Des forces surnaturelles viennent de réduire son amoureuse en morceaux.»

Une biographie de Michel Donato

Publié chez Mains Libres, Cartes postales d’outre-monde est sorti en même temps que la réédition de son premier recueil de nouvelles, La plage des songes. Et lundi, ce qu’on pourrait appeler sa trilogie du 35e sera complétée avec le lancement de Michel Donato: bleu sur le vif. Cette biographie brosse le portrait du plus grand contrebassiste qu’ait produit le Québec, tous genres musicaux confondus.

«Ça m’a pris plus de cinq ans pour la compléter. Michel voulait que je l’écrive et pour recueillir ses souvenirs, une fois par semaine, je l’invitais à manger chez moi, décrit l’écrivain originaire de Jonquière. Ensuite, on a fait la même chose avec plusieurs de ses collègues, des gens comme François Dompierre, Lorraine Desmarais et Karen Young, avant de planifier d’autres rencontres à Toronto.»

Il aura fallu plus de cinq ans pour que Stanley Péan mette le point final à sa biographie du contrebassiste Michel Donato. Le lancement de ce livre aura lieu lundi.

Maintenant âgé de 81 ans, Michel Donato demeure actif sur scène. On l’associe spontanément au jazz, ce qui est naturel lorsqu’on songe à ses illustres partenaires, une liste qui comprend Oscar Peterson et Bill Evans. Au fil de ses recherches, toutefois, le biographe a retrouvé sa trace sur 174 disques qui étonnent par leur éclectisme.

«Il a joué avec Shirley Théroux et Félix Leclerc, sur la chanson Gilberto de Diane Tell et plein d’autres choses, s’émerveille Stanley Péan. Cet homme dont la carrière a débuté il y a 65 ans fait partie de nos vies. Je trouvais donc important de le célébrer de son vivant, par le biais de ce livre que j’ai complété au début de septembre, afin que sa sortie ait lieu en même temps que les deux autres.»