
L’envers du décor de l'Himalaya
Le cinéaste et photographe de 22 ans, Mikaël Beauchemin, a passé 37 jours, d’avril à mai 2019, dans les montagnes de l’Himalaya. Il s’est imprégné de la culture locale et de l’immensité des paysages pour réaliser son premier film. La bande annonce du court métrage de 17 minutes, Until I Stop Breathing, coproduit par Canopée Médias, a été dévoilée le 11 février dernier. Cette immersion dans l’univers de l’industrie du tourisme montre la réalité quotidienne des porteurs népalais, communément appelés sherpas.
Dans son premier film, Mikaël Beauchemin, qui travaille actuellement pour l’agence Canopée Médias, a presque tout fait par lui-même : les images, la prise de son, le montage et même la colorisation. S’il s’intéresse, dans ce court métrage, au monde du sport extrême, il ne perd pas de vue son objectif premier, celui de réaliser des documentaires sur la conservation de l’environnement et la protection des écosystèmes, en particulier les écosystèmes nordiques.

Pour vivre l’expérience de l’Himalaya, le cinéaste originaire de Saint-François-du-Lac, qui réside depuis cinq ans à Saguenay, a passé quinze jours à marcher dans les montagnes en transportant lui-même son équipement, sans engager de porteur. Pendant ces deux semaines, accompagné d’un guide, il est allé à la rencontre de ceux qui vivent en haute altitude.
« L’Himalaya, elle m’a donné envie d’abandonner à chaque pas, imaginez comment c’est quand toute ta vie c’est ça. J’avais 16 kg sur le dos et j’en avais plein mes bottes ! Je n’aurais pas pu transporter ces charges-là. Il faut avoir la technique, il faut que ton corps soit habitué à la montagne », raconte Mikaël Beauchemin.

Son film exprime la dualité qui régit le quotidien des porteurs, entre le tourisme qui leur assure un revenu et les conditions difficiles de leur travail. Si quelques compagnies ont un standard de 20 kg maximum, la plupart des porteurs transportent des charges de 30 à 40 kg.
« C’est l’Himalaya qui fait vivre le Népal. Ils sont dépendants, ils ont besoin des touristes, et en même temps les touristes les exploitent, pas par méchanceté, mais par ignorance. Ils ne savent pas à quel point c’est dur de porter ces charges-là et à quel point ils sont pris là-dedans. C’est un peu ça que le film veut montrer aussi. Les porteurs n’ont pas d’autres options, la seule option, c’est d’avoir de meilleures conditions dans cet univers-là. Et ça existe. »
Afin d’établir le contact avec les gens sur place, il a fait équipe avec Ash, un guide népalais qui parle anglais et qui s’est fait interprète. Ash est le personnage principal du film, qui accompagne le spectateur dans le récit, tout comme il a guidé Mikaël dans son aventure.


« Sans lui, je n’aurais jamais eu accès à toutes ces personnes. Il y en a qui ne parlaient pas anglais, donc j’avais absolument besoin d’un traducteur népalais. Il a joué ce rôle. C’est vraiment cette complicité avec Ash qui m’a permis d’accomplir ce film et de raconter cette histoire. »
Les aventures en montagne du jeune cinéaste lui ont presque coûté la vie. Lors d’une pause pendant une journée de randonnée, un tremblement de terre a provoqué des avalanches et le chemin de 30 cm qu’il devait suivre s’est transformé en une paroi de neige.

« J’étais sur l’une de ces parois et en tapant mes pieds, la neige a cédé sous mon poids. J’ai roulé et j’ai finalement réussi à planter mon bâton de marche devant moi et ça m’a arrêté un mètre avant la falaise. J’ai vraiment eu un gros choc. Quand tu vis un moment comme ça où tu peux serrer la main de la mort, ça te remet en perspective. Après ça, mon film avait encore plus d’importance. À partir de ce moment-là, j’ai vraiment voulu qu’il existe. »
Le cinéaste donne un conseil aux voyageurs qui aimeraient parcourir les montagnes du Népal dans le respect des porteurs. Il suggère de faire affaire avec une compagnie qui garantit certaines conditions de travail et invite à préparer ses bagages judicieusement afin d’amener le strict nécessaire et ainsi éviter de faire transporter à quelqu’un d’autre des choses qu’on aurait facilement pu laisser à la maison.
« Pour atteindre ces sommets, il faut réduire son confort. En allant là-bas, il faut se demander : de quoi j’ai réellement besoin ? Les gens en apportent beaucoup trop. Si toi tu ne veux pas le porter, il n’y a pas un autre être humain qui va avoir envie de le porter pour toi. »

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SORTIE EN 2021
La date de sortie du film Until I Stop Breathing n’est pas encore confirmée, mais sa présentation dans les festivals et une diffusion sur le Web est prévue pour la fin du printemps ou le début de l’été 2021. D’ici là, il est possible de visionner la bande annonce du film sur YouTube, sur la page Facebook de Mikaël Beauchemin ou sur son compte Instagram (@mikael_beauchemin).