Or, la popularité de l’album a constitué une bénédiction, plutôt qu’une source de tourment. Une première séance de travail avait généré une récolte minuscule, en effet, quelque chose comme trois chansons. Réalisées lors d’une résidence tenue à Calgary, elles n’auraient constitué qu’un hors-d’oeuvre pour les fans, mais heureusement, on réclamait toujours Émile Bilodeau sur les scènes de la francophonie. Ça lui a donné le temps de créer les pièces réunies sur son nouvel opus, Grandeur mature.
« Rites de passage m’a permis d’étendre la tournée à trois ans, au lieu de deux, ce qui a été suffisant pour laisser retomber la poussière. C’est ainsi que j’ai pu produire 14 compositions », a-t-il expliqué cette semaine, à la faveur d’une entrevue téléphonique accordée au Progrès. Aux vertus du nombre se sont ajoutées les expériences de vie ayant nourri son imaginaire. Les voyages, entre autres.
« Je me suis rendu en France, en Belgique, en Catalogne et en Pologne. J’ai parlé à des gens provenant de tous les horizons, en plus de visiter les régions du Québec », raconte Émile Bilodeau. Deux choses sont ressorties de ces pérégrinations, à commencer par l’attachement féroce qui l’unit à la terre de ses aïeux. À ce sentiment s’ajoute une grande solidarité avec les personnes issues de cultures différentes, de nations différentes, laquelle est exprimée dans la pièce Freddie Mercury, interprétée avec Klô Pelgag.
« Il faut se rappeler que Freddie était un immigrant venu de l’Inde, en plus d’être homosexuel et pas le plus beau bonhomme avec ses dents proéminentes. Dans la chanson, je me sers de lui pour faire l’éloge de la différence. Ça fait du bien de dire des choses sur la tolérance », énonce-t-il. Quant à ceux qui souhaitent que le Québec lave plus blanc que blanc, ils se voient servir cette formule assassine : « Les seuls qui nous envahissent, ce sont les sales gueules de racistes. »
Son amour du pays, lui, est manifesté avec éloquence dans la composition intitulée J’ai vu la France. « Mon Québec, il vient avec plein de couleurs. Il faut apporter la nôtre », estime le chanteur qui, très tôt dans sa carrière, n’a pas fait mystère de ses convictions indépendantistes. Le moins qu’on puisse affirmer, c’est que leur intensité ne varie pas en fonction des sondages.
Pour stimuler sa créativité, il a aussi utilisé des instruments moins familiers. De la guitare électrique par ci, du ukulélé par là, ainsi que du piano. Il reste toutefois que Grandeur mature est un album folk, une étiquette que revendique fièrement le principal intéressé. « Ça commence avec Robin des bois, puis Échec et mat. Il y a aussi ce que j’appellerais du folk progressif sur Freddie Mercury, où Klô monte tellement haut que moi et Philippe B (réalisateur), on a cru que ses veines allaient éclater », lance Émile Bilodeau en riant.
Après avoir douté de ses chances de surpasser Rites de passage, le voici qui prépare la nouvelle tournée en affichant une belle confiance. Ils seront cinq sur scène, ce qui comprend la guitariste et chanteuse Myriam Pilète, la recrue de l’équipe. La première incursion au Saguenay–Lac-Saint-Jean est prévue pour le 15 février, au Théâtre Banque Nationale de Chicoutimi. « Cette fois, je vais prioriser ma grand-mère de Chicoutimi, plutôt que mes cousins d’Alma », raconte le chanteur d’un ton enjoué.
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POUR Y ALLER
Quand ? 12 octobre
Où ? Pub Le St-André (Gatineau)
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Quand ? 19 octobre
Où ? Minotaure (Gatineau)