
Ensemble Talisman: un concert matinal pour souligner le déconfinement
En juin dernier, c’est à minuit que la musique avait commencé à résonner, dans la foulée d’une volée de cloches. Le couvre-feu demeurant en vigueur, malgré l’assouplissement des normes gouvernementales, le groupe mené par Luc Beauchemin a opté pour un rendez-vous aux aurores. C’est ainsi qu’il sera de nouveau le premier, dans tout le Québec, à se produire devant public.
Ce projet hors normes est né à la suite d’une proposition soumise par Sylvie Brassard, membre du comité qui organise des concerts de musique classique à Saint-Cyriac. Elle a offert à l’Ensemble Talisman de revenir à l’occasion du deuxième déconfinement, mais son vis-à-vis hésitait. Il se demandait s’il y aurait des spectateurs, compte tenu des craintes que plusieurs entretiennent à propos du virus.
« On n’était pas sûrs qu’il y aurait du monde, mais juste avec le bouche-à-oreille, les 50 places ont été vendues. Par contre, le concert sera retransmis en direct sur notre page Facebook et, grâce à la collaboration de Julien Desmeules, actif dans le domaine de la vidéo, il y aura des images de qualité, en plus du son. Trois caméras filmeront l’événement », a raconté Luc Beauchemin à l’occasion d’une entrevue accordée au Quotidien.
Comme des moines
Le titre du concert est Transfiguration et les références à la religion ne s’arrêtent pas là. Du fait de l’heure hâtive, mais également de l’état d’esprit qui anime les participants à l’aube d’un deuxième déconfinement, ils tracent un parallèle entre cette activité et la vie au sein d’une communauté. Les musiciens se sentiront comme des moines, en effet, quand viendra le temps de célébrer le passage de l’ombre à la lumière.
« Pendant une heure, nous interpréterons des airs zen pour vivre un moment d’intériorité. Ce sera l’occasion de réfléchir à ce qui nous arrive avant de sortir transfigurés. Présenter de la musique qui fait du bien, c’est dans l’esprit de Talisman », énonce Luc Beauchemin. Lui-même exercera son apostolat au violon, tout comme Jessy Dubé, tandis que Bruno Chabot jouera de l’alto, Isabelle Harvey du violoncelle et Yvon Tremblay de la guitare.
C’est une pièce de ce dernier qui ouvrira le programme, intitulée fort justement Musique pour le lever du jour. Plus tard, il récidivera avec Tante Rita, qui constitue un hommage aux pionniers de Saint-Cyriac. Comme tant d’autres citoyens du village, la dame en question, Rita Tremblay, a été forcée de déménager à la suite du rehaussement des eaux autorisé par le gouvernement du Québec, en 1924.
Bach aussi sera présent deux fois, notamment par le biais de ses suites pour violoncelle. Le prélude de la Suite no. 1 sera livré par Isabelle Harvey, tandis que Luc Beauchemin et Yvon Tremblay proposeront la Gnossienne # 3 de Satie. Le public entendra également l’une de ses Gymnopédies, de même que des oeuvres de Mozart, Fauré, Felice Anerio, Anatoly Liadov et Pierre Dussault. S’y ajoutera le Chagrin secret de François Beauchemin, père du violoniste.
Il se pourrait que toute cette douceur laisse filtrer un reste de gravité, ce qui correspond à l’état d’esprit des musiciens, tel qu’évoqué plus haut. Le bonheur de jouer devant public ne fait pas oublier qu’il s’agit du deuxième événement du genre et que l’avenir demeure incertain. « Le spectre d’un troisième confinement, à cause des variants, provoque une petite amertume, confirme Luc Beauchemin. Même si nous sommes sereins, il y a une sorte de résignation. »