Il signe toutefois sa première fiction avec ce documentaire qui met en scène Mathieu Bélanger-Barrette, un «ultracycliste, une machine» qui fait du vélo de gravelle en Gaspésie.

«C’est un truc que j’avais écrit une fois, que j’ai remis sur papier et que j’ai réécrit, confie Zacharie Turgeon. Cet été, on l’a tourné deux jours en Gaspésie et deux jours à Québec.»

Zacharie Turgeon suit son ami qui traverse la Gaspésie en roulant sur les chemins de gravelle tout en tentant d’établir un record de vitesse. Mais le réalisateur n’a pas voulu centrer l’histoire sur l’exploit de l’athlète. Il entre plutôt dans la psyché du protagoniste sur un ton humoristique pour intercepter les manifestations conscientes et inconscientes du sportif.

«Au lieu de passer à travers la distance qu’il fait, on passe à travers ses états mentaux.»

Brouiller la limite

Le cinéaste s’amuse à brouiller la limite entre le documentaire et la fiction, une zone grise qu’il s’amuse à explorer de plus en plus, dit-il.

«C’est un terrain que je n’ai pas beaucoup exploré. Dans les dernières années, il y a une zone où j’ai beaucoup de plaisir à jouer, c’est entre le documentaire et la fiction. Mathieu fait l’expédition pour vrai, c’est un vrai athlète, il n’invente pas sa personnalité, mais avec lui je le pousse à jouer certaines scènes et il est jumelé avec une comédienne qui joue sa grand-mère. Peut-être que c’est une transition où je me dirige plus vers la fiction, mais pour l’instant je m’amuse là-dedans.»

C’est aussi ce qu’il a réalisé avec Far Far Est (2020) où il suivait deux sportifs en surf et en ski et autour desquels il avait créé une quête fantastique.

J’avais tellement eu de plaisir à faire ça que je suis allé rechercher les mêmes éléments.

—   Zacharie Turgeon

Ce film à la saveur road movie avait été présenté dans le cadre de la tournée mondiale au Québec du Festival du film de montagne de Banff en 2021.

La cavale

Son dernier court documentaire, La cavale – lancé au printemps 2023 – vient lui aussi d’être projeté en festival et a même remporté le prix du meilleur film au Outdoor Outdoor Film Festival au Nouveau-Brunswick.

L’idée originale du film est de Richard Turgeon (le père de Zacharie) et Yvan L’Heureux, deux athlètes d’ultramarathons et amis qui, devant la réalité de la pandémie, cherchaient un moyen de se dépasser et d’inspirer les gens autour d’eux.

Ils ont donc traversé le Québec d’est en ouest, de Percé à Gatineau, 1300 km en dix jours en alternant la course et le vélo. Au-delà du défi, une volonté de «faire quelque chose pour les autres» s’est imposée naturellement entre le duo qui a mis de côté l’aspect performance pour garder seulement que le plaisir de l’aventure.

«J’ai voulu montrer deux amateurs de courses à pied qui partagent la même passion. Au-delà de leur amour pour ce sport, ils se partagent des histoires, de belles discussions. Je voyais vraiment le potentiel dans leur relation, leurs propos, leur intention d’aider le monde. Et ça me manquait de faire quelque chose avec mon père. Ces années de course, il n’en reste pas énormément et je voulais vraiment faire ce projet avec lui.»

Le tandem a réussi à récolter 17 500 dollars pour le Regroupement des maisons des jeunes du Québec et a remis 600 paires de souliers de course.

Shorts Courtes

Avec la sortie de 7 Phases of Madness, l’événement de Zacharie Turgeon et la productrice Charlène Brochu, Shorts Courtes, reviendra à Gatineau, assure le réalisateur. Comme une célébration à la saison de la course à pied et de vélo qui débute, Shorts Courtes s’était arrêté à Gatineau, Québec et Rivière-du-Loup au printemps dernier pour présenter trois films d’aventure québécois sur le grand écran, soit La cavale (Zacharie Turgeon), The Balkans Mirage (Nicholas Bellavance) et Crinqué contre la SP (Bryan Allie).

«C’est un festival pour sortir nos cuisses bien pâles de l’hiver et les faire griller au soleil. J’ai quelques amis réalisateurs qui avaient des films qui sortaient au printemps et j’ai fait une soirée avec trois films pour que le monde du plein air ou n’importe qui vienne voir les films», conclut Zacharie Turgeon.