Née droguée, une humoriste gatinoise s’adresse aux jeunes

Gaby Gatineau rencontre les élèves dans les écoles secondaires afin de les sensibiliser à la dépendance aux drogues et à l'alcool.

C’est l’histoire d’une femme qui avait tout pour perdre et qui, aujourd’hui, fait figure d’exemple.


Gaby Gatineau – de son vrai nom Gaby Garcia – est née droguée.

«Je suis née d’une mère prostituée et toxicomane, explique-t-elle. Pendant la grossesse, elle a beaucoup consommé de drogue et à ma naissance, j’ai souffert d’un syndrome de sevrage avec des problèmes de mobilité.»

Très tôt dans sa vie, on a placé la petite Gaby dans une famille d’accueil qui l’a finalement adoptée à l’âge de 2 ans.

Gaby Garcia a rencontré les élèves de 4e secondaire du collège Nouvelles-Frontières, à Gatineau

«Comme beaucoup d’enfants adoptés, j’ai vécu une crise d’identité à l’adolescence ainsi que des problèmes de santé mentale, explique celle qui est aujourd’hui conférencière, autrice, influenceuse et humoriste. Ce grand mal de vivre m’a amené vers une consommation excessive d’alcool et de drogue. Je voulais, en consommant, apaiser mon mal intérieur et aussi accroître ma popularité auprès de certains de mes camarades de classe.»

Cette situation lui a ouvert toutes grandes les portes de la dépendance et de la toxicomanie. Rapidement, elle se retrouve dans des relations amoureuses toxiques suivies d’une situation d’itinérance.

«Je me suis retrouvée sans abri, manipulée par des hommes qui ont profité et accentué ma dépendance aux drogues et à l’alcool, raconte-t-elle. Après 10 ans de souffrance, j’ai voulu mettre fin à mes jours. Mais avant de passer à l’acte, j’ai décidé de demander de l’aide à ma famille et je suis entrée en maison de thérapie. Ça m’a sauvé la vie.»

Ce montage photo montre la transformation de Gaby Garcia de sa période de dépendance à aujourd'hui.

Pour les jeunes

Gaby Gatineau est complètement sobre depuis sept ans. Son combat contre la dépendance, elle le mène tous les jours. Mais aujourd’hui, elle rayonne et elle a bien l’intention de raconter son histoire au plus grand nombre de gens possible.

C’est ce qui l’a poussé à monter une conférence où elle raconte sa vie, sa descente aux enfers et sa rédemption. Et c’est principalement aux jeunes du niveau secondaire 3 et 4 qu’elle s’adresse.

«Je donne ces conférences non pas pour dire aux jeunes de ne pas consommer, mais plutôt pour leur montrer jusqu’où la consommation de drogue et d’alcool peut mener, insiste-t-elle. Avant d’être dépendant, il y a tout un processus et il est important d’en identifier les moments clés afin d’éviter de franchir le point de non-retour. Dans mes conférences, je parle de mon parcours, des erreurs que j’ai faites et de mes mauvais choix. Par la suite, je livre de l’information sur les drogues et leurs effets sur le corps et le cerveau. Je le fais dans mes mots, de façon à ce que les jeunes comprennent bien mon message.»

Le message

Et ce message semble porter.

Cette semaine, Gaby Garcia a rencontré les élèves de 3e et de 4e secondaire du collège Nouvelles Frontières, dans le secteur Hull de Gatineau. Plus de 200 jeunes ont écouté avec une étonnante attention le témoignage de cette jeune femme aujourd’hui âgée de 33 ans.

«Gaby nous explique vraiment ce que les drogues peuvent faire, a confié une étudiante après la conférence. Elle nous parle de son expérience, de ce qu’elle a vécu. C’était très intéressant.»

Même discours de la part d’un autre élève qui, lui, a insisté sur le message que Gaby avait à faire passer.

«Son message était très clair, disait-il. Et je crois que tout le monde ici l’a bien compris. Les drogues, ça peut paraître cool, mais on n’a aucune idée jusqu’où ça peut nous mener. Comme elle le disait, on peut croire qu’on a le contrôle sur ce qu’on consomme, mais ce n’est vraiment pas le cas.»

Gaby «Gatineau» Garcia offre des conférences dans les écoles secondaires, mais aussi auprès d'organismes communautaires.

Dès les premières minutes de la conférence, Gaby Gatineau capte l’intérêt des jeunes qui sont devant elle.

Elle raconte sa vie, explique l’effet des différentes substances sur le cerveau et également son fonctionnement, tout cela en termes très simples.

«J’explique les premiers signes d’une dépendance et les dangers de consommer à long terme. Je n’ai pas la prétention de tout savoir alors, je parle avec mon cœur.»

—  Gaby Gatineau

Cette franchise plait aux jeunes qui assistent à sa conférence.

«Mon expérience m’a appris que le fait de consommer des substances pour oublier ses ennuis ou atténuer sa souffrance intérieure est une voie sans issue, lance-t-elle aux élèves. Il faut apprendre à s’aimer. C’est ce qui est parfois le plus grand des défis.»

À la fin de la conférence, les élèves ont presque tous fait la file pour serrer la main de la conférencière ou pour prendre une photo avec la vedette de la journée.

Ce qui a visiblement ému Gaby Gatineau.

«Ça m’a véritablement touchée droit au cœur, a-t-elle lancé au journaliste lorsque les élèves ont quitté pour la cafétéria. Même lorsqu’ils sont arrivés dans la salle, certains m’ont reconnue et m’ont saluée. J’en avais les larmes aux yeux.»

Nul doute que ce moment de partage entre une femme d’expérience et ces élèves aura eu un effet sur les deux parties.

«Selon moi, la meilleure façon d’avancer dans la vie est d’apprendre à lâcher prise et à ne pas hésiter à demander de l’aide, ajoute Gaby. C’est une grande joie que de partager les connaissances que j’ai acquises à la dure, par mon propre cheminement, avec tous ces jeunes. Je ne suis pas là pour leur faire la morale. Je suis ici pour partager mon expérience et tenter de leur faire réaliser à quel point la consommation de drogue et d’alcool peut détruire une vie.»

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Pour en savoir plus sur la conférence Née droguée, l’histoire de ma vie et de son autrice, on peut obtenir tous les détails sur les réseaux sociaux de Gaby Gatineau ou en lui écrivant à l’adresse suivante : gabygatineau@gmail.com.