Une année avec Yvon Dachille par le biais de ses drôles de pensées

Voici Yvon Dachille au Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, faisant la promotion de son premier livre.

Alors que certains auteurs rêvent de gagner des prix dès leurs débuts dans le métier, Yvon Dachille entretient des ambitions plus modestes. Si des exemplaires du livre Une année avec les pensées du joug et autres paraboles de toilette trouvaient leur chemin dans plusieurs salles de bains de notre région, il serait le plus heureux des hommes.


Pour comprendre cet étrange désir, il faut ouvrir les pages de son recueil format réduit. À chaque page, on trouve un résumé du thème abordé, puis l’essentiel de son propos invariablement teinté d’humour. Suit une signature qui reflète l’esprit dans lequel ce projet a été réalisé, souvent très drôle, quitte à la lire à voix haute pour en décoder le sens.

À la date du 2 mai, par exemple, on découvre ce titre: L’histoire louche du manteau de vision. Il met la table pour le plat de résistance, cette phrase à la fois absurde et bien tournée: « Si le voyeur est un optométriste, il doit être placé en garde à vue ». Quant à la signature, elle ne comporte aucun jeu de mots, mais prête quand même à sourire. L’auteur de cette observation serait, tout simplement: « Un témoin oculaire ».

C’est l’un des innombrables pseudonymes qu’emprunte Yvon Dachille, qui lui-même est un Tremblay, en passant. Ce nom d’emprunt semble prédestiné, puisqu’il éveille le souvenir de ce cher Achille Talon, de même que celui de Greg, l’auteur de cette bande dessinée. Les fidèles savent que chacune de ses histoires qui, d’ordinaire, tenaient sur deux pages, étaient coiffée d’un titre genre « Paix-haine perdue ».

« Ce livre, c’est en fait le joug de la pensée, plutôt que les pensées du joug, puisque nous pensons constamment. Moi, par exemple, c’est lorsque je marche que j’ai mes meilleures idées. C’est une pratique que j’ai amorcée il y a huit ans et mon esprit s’est formé à ça. Je pense à des jeux de mots et pour ne pas les oublier, je les enregistre et je me les envoie. Ce sont des amorces qui déclenchent d’autres choses», a énoncé Yvon Dachille lors d’une entrevue accordée au Quotidien.

Il avait accumulé 900 pensées quand le projet d’en faire un livre a capté son attention. Elles ont été regroupées par saisons avant qu’une sélection soit effectuée pour n’en garder que 366. «Je souhaitais retenir les éléments les plus légers et les plus amusants, ou ceux qui portent à réfléchir. Ce n’était pas fait dans l’idée de bitcher ou dénigrer», décrit le Saguenéen.

Faute de dénicher un éditeur en phase avec ce projet atypique, il a opté pour l’autopublication, tout en retenant les services du relieur artisanal Pierre Girard, basé à Chicoutimi. C’est ainsi qu’est né un livre presque carré et si petit qu’une main suffit pour le tenir. Comme il n’a fallu qu’une semaine pour que les 50 premiers exemplaires trouvent preneurs, un deuxième tirage, deux fois plus important, a été réalisé.

« Plusieurs ont été vendus au Salon du livre, où j’étais assis à la table des auteurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ça m’a permis de rencontrer plein de gens qui ont découvert le livre, une démarche qui m’a procuré beaucoup de plaisir. En musique, t’as pas un showcase comme ça », fait observer le guitariste émérite, créateur de nombreux albums autoproduits.

Tenant compte de la nature de son ouvrage, fait pour être lu à petites doses, il le croit taillé sur mesure pour les lieux où on n’a pas le choix de patienter. Les cabinets de médecins et de dentistes, entre autres. « Je dois identifier le canal le plus efficace pour leur offrir des exemplaires, quitte à ce que ce soit à prix réduit », raconte Yvon Dachille, qu’il est possible de joindre via le site www.yvondachille.com.

Sa prochaine parution, cependant, ne constituera pas la suite des Pensées du joug. Désirant faire autre chose, il a pondu un roman de science-fiction qui se déroule dans la région. « Il a pour titre Appel de service et ça se passe dans un futur très éloigné. Au fil des sept épisodes, on assiste à des trucs fantaisistes », décrit l’auteur, qui songe à l’éditer lui-même.

Quant au musicien en lui, il participera à un spectacle qui sera étrenné à l’automne 2024, à l’île d’Orléans. Destiné aux enfants, il aura pour titre Ratatine et mettra en vedette une « sorcière forestière » incarnée par la comédienne Martine Tremblay. C’est au sociologue Gérard Duhaime qui, dans une autre vie, a été journaliste culturel au Progrès-Dimanche, que reviendra l’honneur de signer la mise en scène.

« Toujours avec Gérard, il y a deux ans, j’ai préparé des capsules musicales, des enchaînements destinés à accompagner des trucs de cinq à dix minutes qu’il envoyait à ses étudiants inscrits à la maîtrise et au doctorat. Je jouais de la guitare acoustique et ces temps-ci, je travaille sur une nouvelle série de compositions », note le musicien, qui a également collaboré à la dernière pièce des Clowns Noirs, Le vieil homme et la merde.