Musiciens, acrobates et conteur s’unissent pour raconter les Îles

L'équipe derrière le dernier spectacle du conteur Cédric Landry a accordé une entrevue de groupe au <em>Quotidien</em>, quelques heures avant la représentation au Théâtre C de Chicoutimi.

Le conteur Cédric Landry est connu pour raconter les histoires de son patelin, les Îles-de-la-Madeleine. S’il est bien fier du travail accompli afin de perpétuer les traditions orales, il est conscient qu’il a marqué un grand coup pour l’histoire de sa culture lorsqu’il s’est associé avec un autre géant aux origines madeliniennes, le Cirque Éloize, pour son spectacle Entre ciel et mer.


Les histoires du conteur méritent d’être racontées puisqu’elles gardent en vie les traditions et les récits qui pourraient se perdre sans auteur pour les immortaliser. Celles-ci se sont instaurées dans la culture après un événement historique des plus particuliers à l’origine des siècles de présence acadienne : les déportations (1755 à 1763) qui ont précédé le début de la Conquête.

Le spectacle prend une forme immersive. La musique et les acrobaties appuient l’histoire, en même temps qu’elles la racontent, afin d’amplifier les émotions ressenties. La troupe derrière sa conception le décrit comme « le voyage le moins cher et le moins long pour les Îles-de-la-Madeleine ».

Cédric Landry est habituellement connu pour ses monologues, qu'il effectue seul sur scène.

« Les Îles d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier. Les choses changent et personne n’y échappe. Écrire des spectacles pour raconter ce qui s’est passé, ce que ma famille m’a raconté, ça permet de garder tout ça vivant. On transporte le public à une autre époque », a expliqué Cédric Landry, en entrevue avec Le Quotidien, quelques heures avant de présenter Entre ciel et mer au Théâtre C de Chicoutimi, vendredi, la première québécoise.

Le spectacle a été conçu afin de mettre à profit les talents des membres du groupe de musique traditionnelle Suroît et ceux des acrobates du Cirque Éloize, ainsi que le charme des mots de Cédric Landry. Cette association de Madelinots est un énorme avantage pour l’œuvre, puisque cela fait en sorte que l’authenticité et la passion pour l’histoire des Îles-de-la-Madeleine sont ressenties par le public.

« C’est quelque chose qui relève de l’universel. L’authenticité, c’est comme les enfants qui se comprennent avant même de savoir parler : ça traverse toutes les frontières », a commenté un des musiciens de Suroît, Henri-Paul Bénard, qui était de la formation à ses débuts, il y a 40 ans.

Lorsque M. Bénard parle de frontières, il ne le fait pas pour rien, puisque le spectacle Entre ciel et mer sera présenté en France, en Belgique et en Suisse, à compter de 2024. D’expérience, Cédric Landry sait que le public européen a un bon appétit intellectuel pour les saveurs acadiennes de ses histoires. « Chaque fois qu’on y va, notre accent intrigue et est très bien compris. Les gens nous disent qu’on parle un peu comme le vieux français. Le spectacle est incroyable avec le travail des musiciens et des acrobates. Je n’ai aucun doute que ça va être un grand succès », a confié le conteur.

Un public, composé en partie de jongleurs provenant de la troupe des Fous du roi, était présent afin de rencontrer les artisans derrière le spectacle.

Pour le public chicoutimien, vendredi soir, l’auteur s’attendait à un succès aussi retentissant, sinon plus. « C’est le patrimoine des Madelinots et c’est notre histoire. Je crois que les gens aiment en apprendre plus sur notre culture. De toute façon, le spectacle est très divertissant. Je le répète : la musique et les acrobaties, combinées à l’histoire, ça donne quelque chose d’incroyable », a réitéré Cédric Landry.

Ce dernier avoue qu’il n’a pas été facile de mettre sur pied une telle chorégraphie, avec trois disciplines différentes en œuvre. Entre ciel et mer a été rodé durant deux étés, ce qui a permis d’ajuster certains éléments et de faire des ajouts pertinents, lesquels ont d’ailleurs nécessité l’embauche de cinq acrobates supplémentaires.

« On sent que la version actuelle est celle qui fonctionne vraiment. À chaque spectacle, on sent que ça pogne un peu plus », a commenté Cédric Landry.