«Comme je viens d’avoir 27 ans, je veux en profiter pendant que c’est encore ouvert pour moi. C’est pourquoi je vais m’inscrire à d’autres compétitions qui se dérouleront l’année prochaine. Il y en a plein qui sont intéressantes, dont le Reine Élisabeth et le MET Council à New York, organisé par le Metropolitan Opera. J’aime la pression. Alors, ce n’est pas fini», a-t-elle confié au cours d’une entrevue téléphonique accordée au Quotidien.
Il y a quelque chose de sportif dans sa façon d’aborder les concours. Loin d’étouffer son talent, ils la placent dans un état d’esprit qui fait ressortir la meilleure part de son talent. Pour que ça se produise devant les juges, cependant, la soprano ne mise pas sur l’inspiration du moment. L’essentiel du travail se passe en amont, plusieurs mois avant l’étape finale.
«Le Prix d’Europe est la plus importante compétition que j’ai remportée et ça représente l’aboutissement de plusieurs mois de travail. Je l’ai fait avec l’appui de mon metteur en scène, François Racine, et de mon professeur de chant, Ariane Girard. Et jamais je n’aurais si bien chanté sans Louise Pelletier, qui m’accompagne depuis trois ans au piano. Elle connaît ma voix et me connaît comme le fond de sa poche, se trouve au premier rang de mes états d’âme. Mon équipe, c’est mon filet de sécurité», raconte Élisabeth St-Gelais.
Ensemble, les membres du trio font le nécessaire afin que l’excellence devienne chez elle un automatisme. Ils la voient régulièrement, Louise Pelletier à tous les jours, à chaque semaine pour les deux autres, pour s’assurer que lorsque ça comptera, seul un contretemps exceptionnel — un rhume, par exemple — l’empêchera de performer comme elle en est capable.
«La voix, l’expression et le talent, c’est une chose. Le travail, c’en est une autre et quand on est récompensée comme ce fut le cas au Prix d’Europe, on ne peut pas demander mieux. Il y a plusieurs manières de construire une carrière et les compétitions en font partie, souligne Élisabeth St-Gelais. Pour les directeurs artistiques, les chefs et les maisons d’opéra qui seront un jour mes employeurs, ça constitue un gage de qualité.»
Elle qui vient de compléter sa maîtrise en interprétation à l’Université McGill profitera aussi des prochains mois pour passer des auditions, tout en continuant à se perfectionner. C’est ce que l’aidera à faire la bourse de 50 000 $ qui accompagne le Prix d’Europe, un atout significatif à ce stade-ci de son cheminement. En parallèle, de belles sorties l’attendent, à commencer par le récital que la soprano donnera en compagnie de Louise Pelletier, le 14 septembre, à l’occasion de l’activité bénéfice du Camp musical du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
«Je ferai un beau programme, très accessible. Il y aura des mélodies de Duparc, Barbara Assiginaak et Kurt Weill, ainsi que du Verdi et l’air de Tchaïkovski que j’ai interprété lors de la semi-finale du Prix d’Europe. Il dure 17 minutes et est tiré de l’opéra Eugène Onéguine. Pour apprendre le texte en russe, ça a été tellement long! Il a fallu que je travaille avec un coach de New York, mais c’est la plus belle musique que j’ai chantée», affirme Élisabeth St-Gelais.
Elle se produira également avec l’Orchestre symphonique de la Côte-Nord en février, à Baie-Comeau, en plus d’effectuer une tournée en Abitibi et de participer à un concert de musique de chambre à Halifax. Notons enfin que deux concerts l’amèneront à collaborer avec l’Orchestre de l’Agora, dirigé par le Saguenéen Nicolas Ellis. Le 25 novembre, à Montréal, elle posera sa voix sur le Récital des Anges de Ian Cusson, tandis que le 12 juin 2024, à la Maison symphonique, la soprano reprendra une oeuvre familière, les Wesendonck Lieder de Wagner.