« En tant qu’entrepreneur, on ne se trouve jamais assez bons ou assez prêts pour ce genre de concours. Quand notre représentante au ministère nous a invités à soumettre notre candidature, ce qui nous a convaincus, c’est que ça impliquait que des gens d’expérience viennent faire l’audit. Avoir le prix, c’est le fun, mais être audité, avoir un oeil externe et aguerri qui vient t’évaluer et te critiquer, c’est encore mieux. Ça te permet de voir comment tu te compares. C’est comme un bulletin. On a eu un très bon bulletin. On savait qu’on avait connu un bon repêchage et un bon début de saison. Là, on sent qu’on est sur le bord de faire les séries », image le propriétaire et directeur général d’Industries GRC, Patrick Bourgeois.
Le patron, qui a acquis il y a trois ans l’entreprise où il oeuvrait depuis déjà quelques années, décode du rapport d’évaluation que « toutes les choses sur lesquelles l’entreprise travaille, c’est fait de la bonne manière ».

« Ça nous donne une belle visibilité et c’est certain qu’il y aura un impact sur les carnets de commandes, mais ce qui est le fun, c’est qu’on vient nous confirmer qu’on a une structure solide et fiable, renchérit Patrick Bourgeois.
Industries GRC, qui emploie une soixantaine de personnes, est un bon exemple de l’adage voulant que nul ne soit prophète en son pays. Spécialisée dans la fabrication de boîtiers métalliques de toutes tailles, à partir d’acier galvanisé, d’aluminium, d’acier inoxydable ou de cuivre, l’entreprise fournit ses produits à des clients qui se trouvent, en majorité, à l’extérieur de la région. Il s’agit principalement de compagnies oeuvrant dans le secteur électrique et électronique, comme les fournisseurs d’Hydro-Québec, par exemple, qui forment plus du tiers du chiffre d’affaires d’Industries GRC. Il y a aussi les Alstom, Hewitt et Gen Tech de ce monde. Les pièces métalliques de GRC, fabriquées sur mesure selon les spécifications de chaque client, peuvent se retrouver dans des endroits aussi hétéroclites qu’une station de métro (bornes et guichets de paiement), un café de la chaîne Starbucks (réservoirs à eau chaude) ou une borne de recharge destinée aux voitures électriques (boîtiers).

Clé en main
Ce qui distingue Industries GRC, fondée en 1987 par Gilles Fortin, Robert Fortin et Christian Pineault, est le fait que toutes les étapes de la production se déroulent entre les murs de l’usine arvidienne. La conception, la découpe, la soudure, le sablage, l’assemblage et la peinture se font sur la rue Lasalle, sur deux quarts de travail quotidiens.
« On fait vraiment toutes les étapes de A à Z. C’est un service complètement clé en main », commente Vicky Allard, qui a travaillé pendant plusieurs années dans le domaine de l’aéronautique. Recrutée il y a trois mois par Patrick Bourgeois, elle avait le même désir que lui de revenir s’établir à Arvida après une période d’exil et y poursuivre sa carrière.
Si les lieux physiques ont été très peu modifiés au fil du temps, Industries GRC a été le théâtre de bien des changements depuis l’époque de Gilles, Robert et Christian. Grâce à l’acquisition d’équipements de pointe, notamment un système de découpe au laser par fibre optique, dont la valeur dépasse le million et demi de dollars, l’entreprise peut dorénavant faire avec 60 employés ce qu’elle produisait autrefois avec une équipe deux fois plus grande.

« On a un chiffre d’affaires annuel de 6 M $, mais on se dirige vers le 8 M $. Quand l’économie du Québec va bien, ça va bien chez nous », poursuit Patrick Bourgeois.
Le propriétaire se réjouit de ne pas avoir développé de dépendance à la grande entreprise — lire ici Rio Tinto — dont les installations sont situées à quelques centaines de mètres d’Industries GRC.
« On n’a pas de contrats avec Rio Tinto et c’est très bien comme ça. C’est une fierté pour nous d’avoir cette indépendance. Ce qu’on veut, c’est trouver plus de Hewitt et de Bombardier. On a des normes et des certifications qui nous permettent d’aller chercher des clients qui évoluent dans des environnements particuliers. Par exemple, on a des accréditations qui assurent que nos produits peuvent être utilisés dans des environnements très humides ou près de l’eau saline », vulgarise Patrick Bourgeois.
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LE DÉFI DE LA MAIN D'OEUVRE
Industries GRC ne fait pas exception à la règle en ce qui a trait aux besoins de main-d’œuvre.
Certains postes sont à pourvoir et la compagnie aimerait bien recruter. Il s’agit principalement d’emplois de journaliers, d’aides-peintres, de dessinateurs et de planificateurs.
« L’un des défis auxquels on fait face, c’est la stabilité de la main-d’œuvre. On offre de bonnes conditions et de bons avantages sociaux, mais souvent, nos employés prennent de l’expérience et s’en vont travailler pour la grande entreprise. Ce qui est dommage, c’est que ça draine toujours les meilleurs. C’est plus difficile en ce moment qu’il y a quelques années. J’ai tendu la main à maintes reprises à Rio Tinto pour qu’ils nous aident, moi et d’autres “shops” de la région, à former des superviseurs. Ils ont le savoir-faire et ça pourrait permettre de développer des partenariats très intéressants », note Patrick Bourgeois, qui s’est toutefois buté à un refus.
Mais Industries GRC, qui a tissé des liens avec le cégep et la Commission scolaire de la Jonquière, tire son épingle du jeu grâce à une saine gestion des opérations et au dévouement de travailleurs compétents. Parmi eux, le Christian de la première heure, le C de GRC. Il est toujours là, à s’activer sur le plancher de l’usine, et le sera probablement « tant que la santé sera bonne ».
« C’est du savoir-faire et de l’expérience qui n’ont tout simplement pas de prix », a fait valoir Vicky Allard, alors que la tournée de l’usine entraînait l’équipe du Progrès vers l’ultime étape de la chaîne de production de larges boîtiers de métal.
