« Nous avons pris cette nouvelle avec beaucoup de désarroi », affirme l’avocat et président de RM immigration, William Charles Gobeil.
Le débrayage causera des décalages de plusieurs semaines selon l’expert en immigration. « Nous avons avisé nos clients dès ce matin qu’ils devaient prévoir des délais supplémentaires », mentionne-t-il.
Avant la grève, RM immigration attendait la réponse à propos de 500 demandes de permis de travail. « Service Canada avait amélioré les délais, mais là d’autres sollicitations vont rentrer. Tout ça va se cumuler et les retards risquent de s’allonger », avertit-il.
M. Gobeil se préoccupe également de l’impact sur les renouvellements de permis. « Ils vont se retrouver avec un statut implicite. Du moment que la demande a été faite, ils ont le droit de travailler, mais il va avoir d’autres conséquences comme avec la RAMQ. »
« Ils ne peuvent pas non plus quitter le territoire. Donc, ils ne pourront pas partir en vacances s’ils ont prévu d’aller à l’étranger », poursuit-il.
Pénuries de travailleurs étrangers
Du côté de l’Association hôtelière de la région de Québec (AHRQ), la grève des fonctionnaires fédéraux ne devrait pas fragiliser les hôtels pour la saison estivale. Selon le directeur général de l’AHRQ, Alupa Clarke, aucune fermeture de chambres n’est prévue dans la région, même si l’obtention des permis pour les travailleurs étrangers est repoussée.
« La situation est meilleure que l’an passé. Il manque 1000-1200 travailleurs contrairement à 2500 en 2022. Plusieurs personnes sont revenues dans le domaine de l’hôtellerie. On voit également un intérêt plus marqué chez les jeunes », mentionne M. Clarke.
Cependant, M. Clarke s’inquiète des conséquences de la grève à long terme.
« On risque de ne plus trouver de travailleurs étrangers disponibles sur le marché international. Or la pénurie de main-d’œuvre va perdurer jusqu’en 2035. »
— Alupa Clarke, directeur général de l'AHRQ
Selon M. Clarke, la Tunisie était considérée comme un eldorado pour le secteur du tourisme. Mais le pays subit également un manque de salariés. « La Tunisie a été extrêmement sollicitée par la France, la Suisse et l’Italie. Ils sont allés chercher des milliers de personnes. Au Canada, on peine à avoir une stratégie globale », peste-t-il.
M. Clarke exige du gouvernement fédéral d’activer la machine bureaucratique et de prendre le leadership pour aller chercher des travailleurs étrangers plus rapidement. « En France, ils l’ont fait. Ça va vite dans la compétition internationale pour attirer des professionnels du tourisme qualifiés », fait-il valoir.
Pressions sur le secteur privé
En plus des différents problèmes auxquelles devront faire face les propriétaires de PME, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) s’alarme de la hausse salariale exigée par les grévistes.
« Des augmentations salariales mettraient une pression sur le secteur privé pour qu’il emboîte le pas. Augmentant ainsi de façon considérable les coûts de la main-d’œuvre dans un contexte de pénuries de main-d’œuvre et de hausse généralisée des frais d’exploitation », a déclaré le vice-président des Affaires nationales de la FCEI, Jasmin Guénette, dans un communiqué.
L’organisme demande au gouvernement fédéral de s’assurer que tous les services destinés aux PME sont maintenus. La fédération réclame également la préparation d’une loi spéciale de retour au travail en cas de grève prolongée.