Avant même qu’on lui pose la question, le directeur des programmes d’études de cycles supérieurs en psychologie de l’UQAC, Daniel Lalande, précise que ce n’est pas un désaveu envers le système public. «Ce qu’on vise, c’est d’envoyer nos internes au public, mais on est rendu là. Ce n’est pas le désir qu’on avait d’aller directement vers le privé, mais c’est devenu une obligation parce qu’on n’avait pas d’offre du public en neuropsychologie.»
Il y a la disponibilité des superviseurs qui a fondu au fil des ans, notamment en raison de départs à la retraite. Il y a aussi un manque d’espace. «L’année dernière, une neuropsychologue voulait prendre un interne au CIUSSS, mais il n’y avait pas de local disponible pour l’accueillir. Il y a aussi le fait que les neuropsychologues n’ont pas de titre reconnu dans le système public. Alors ça peut décourager», souligne Daniel Lalande.
À l’UQAC, chaque année, dix étudiants sont admis au doctorat en psychologie clinique, qui est d’une durée de quatre ans. Si plusieurs le terminent dans les temps, quelques-uns vont prendre cinq ou six ans. Le programme prévoit des stages à la clinique universitaire, puis au cours de leur dernière année d’études, les internes doivent cumuler 1600 heures de pratique supervisée.
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La moitié des étudiants se dirige vers la neuropsychologie, qui se spécialise dans l’évaluation du fonctionnement cognitif, alors que le psychologue va plutôt pousser son évaluation de l’état mental et de la santé psychologique. «On met en relation le fonctionnement cognitif de l’individu et son comportement. On va être amené à faire des évaluations plus que du suivi. Je peux être appelée à évaluer des gens pour une hypothèse de TDAH, des troubles d’apprentissage ou la maladie d’Alzheimer», explique la Dre Jessica Lapointe.
Celle qui est également la directrice de la clinique Familio se permet aussi une mise au point. «La clinique privée, ce n’est pas une compétition avec le public. On veut vraiment s’installer dans notre communauté et travailler en collaboration avec le secteur public. On le fait déjà. Dans notre quotidien, on collabore avec des enseignants, des directeurs d’école ou avec des médecins du CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean.»
Il était donc tout naturel pour Dre Lapointe d’accueillir deux internes qu’elle supervise avec deux autres neuropsychologues de la clinique. Elles y sont depuis septembre et tout se passe très bien jusqu’à maintenant.
Accueillir plus d’étudiants
Il manque de psychologues et de neuropsychologues au Québec ainsi qu’en région. L’UQAC aimerait accueillir davantage d’étudiants, mais là aussi, il faudrait plus de ressources pour s’assurer de bien encadrer la cinquantaine d’universitaires.
«On est 12 professeurs en psychologie, dont huit en mesure d’encadrer les étudiants au doctorat pour leur projet de recherche. On n’est pas capable d’avoir plus d’étudiants parce qu’il faut donner des rétroactions dans un temps raisonnable et bien les encadrer.»
La Dre Lapointe, qui est elle-même graduée de l’UQAC, ajoute que les professeurs travaillent beaucoup. «Ils en font des heures de travail en extra.»
Au doctorat, le taux de diplomation est autour de 90%, précise M. Lalande. «On aimerait ouvrir les portes pour en avoir plus, mais il faut être capable de le faire dans une situation qui va mener au succès. Si on en prend plus, mais qu’on est débordé et que ça retarde la diplomation de chacun, on ne sera pas plus avancé.»