L’étude indépendante de l’INSPQ vient renforcer ce que la Direction de la santé publique dit depuis le début : l’eau de tous les secteurs de La Baie est potable et buvable.
« Quand on regarde la situation actuelle au niveau régional, on est conscient que les concentrations sont variables à La Baie. Il n’y a pas d’évidence au niveau des risques à la santé pour la population. Maintenant, l’approche de prudence est favorisée et il y a une nécessité de réduire les concentrations et de s’assurer qu’il y ait des mesures de contrôle à la source de contamination », a expliqué le Dr Donald Aubin, lundi.
La décision de la Ville de Saguenay de mettre en place une solution temporaire, soit l’installation de trois unités de traitement munies de filtres à résine dans les puits 71, 72 et 76 est donc la bonne décision pour les experts en santé. Cet investissement de plus de 11 M$ sera suivi de travaux permanents qui pourraient faire exploser la facture jusqu’à 50 M$.
« On parle de l’eau. Un bien essentiel », a simplement commenté le Dr Aubin.
L’étude de l’INSPQ
Deux experts de l’INSPQ sont à La Baie lundi et mardi pour présenter aux résidents les résultats de leur étude basée sur 18 échantillons pris en novembre 2022, février 2023 et juillet 2023 dans deux puits.
Comme les données ne permettaient pas de caractériser l’exposition réelle de la population, les chercheurs ont utilisés les quantités maximales retrouvées dans les puits en opération, soient 205 ng/L, pour évaluer les risques.
« Les concentrations représentent un risque négligeable même s’il y a un dépassement des balises applicables », conclut le conseiller scientifique spécialisé en toxicologie, Mathieu Valcke.
Ils se sont également attardés à certains sous-groupes, dont les femmes enceintes, les nourrissons et les jeunes enfants. Encore là, « l’eau est de bonne qualité », assure la médecin Caroline Huot.
À La Baie, quatre PFAS ont été retrouvés en plus grande quantité, plus particulièrement les PFBA, PFHxA et PFPeA. Mathieu Valcke assure qu’une personne qui est exposé à plus d’un ne court pas plus de risque pour sa santé.
Des PFOS ou PFOA auraient, par ailleurs, été beaucoup plus graves et « toxiques » pour la santé des Baieriverains.
Les PFAS : des connaissances en évolution
Les scientifiques ne cachent toutefois pas que les connaissances concernant les PFAS et leurs impacts sur la santé des gens sont en évolution partout dans le monde. « Les connaissances évoluent très rapidement. L’évaluation qu’on fait est en fonction des connaissances du moment et on doit rester ouvert à l’effet que ça puisse évoluer dans le temps », a averti M. Valcke dans sa présentation.
C’est notamment pour cette raison que la Ville de Saguenay a choisi de moderniser les puits problématiques à La Baie, et pour la même raison que Santé Canada mène une consultation publique sur les PFAS dans l’eau potable. L’organisme a comme objectif de réduire sa valeur proposée à 30 ng/L.
Le ministère de l’Environnement est proactif
Le responsable de la division de l’eau potable au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Philippe Cantin, s’est aussi déplacé en région pour rencontrer les citoyens concernés.
Revenant sur l’étude faite par des chercheurs de l’Université de Montréal à travers 376 municipalités québécoises dans toutes les régions administratives, il assure que les concentrations de PFAS sont faibles au Québec par rapport aux recommandations de Santé Canada.
« Ce qu’on peut conclure de manière générale, c’est que les concentrations de PFAS sont faibles au Québec par rapport aux recommandations de Santé Canada. Les concentrations maximales pour le PFOA et le PFOS sont faibles et tendent à diminuer. Quelques municipalités présentent des résultats plus élevés que la valeur de 30 ng/L proposée par Santé Canada, mais pas encore en vigueur. On n’est pas en retard par rapport aux autres pays dans le monde dans nos méthodes d’analyse. »
Le microbiologiste a établi un premier contact avec la Ville de Saguenay à l’automne 2022 en notant la situation avec la base militaire de Bagotville et les puits de La Baie. « On n’a pas garder de résultats sur notre bureau. On est proactif. Il faut aussi se rappeler qu’à ce moment-là, la valeur de 30 ng/L n’était pas connue et la consultation publique de Santé Canada n’était pas débutée. » »
Il n’y a pas d’autres municipalités dans la région visée par les différentes études, dont les données sur le terrain recueillies par l’équipe du Dr Cantin. Pour La Baie, le Dr Aubin assure qu’un plan de surveillance sera mis en place.