
Revenus prévus de 82 M$ pour les producteurs de bleuets
Alors que la région était confrontée à une sécheresse au début de l’été, les fortes pluies du mois de juillet et août sont venues sauver la saison de récolte du bleuet sauvage au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les autres régions productrices n’ont pas eu autant de chance.

Résultat : le Québec a connu la deuxième meilleure année de récolte de son histoire, alors que la production était bien en deçà de la moyenne partout ailleurs. Avec moins de bleuets sur le marché, le prix est reparti à la hausse. Après avoir connu des années difficiles, avec un prix plancher à 0,30 $/livre, les producteurs peuvent s’attendre à recevoir un prix final de 0,85 à 0,90 $/livre pour la production de 2020, estime l’agroéconomiste Gilbert Lavoie. « Le malheur des uns fait le bonheur des autres », dit-il.
Avec deux saisons de production plus difficiles de suite, tous les inventaires ont été vendus, ce qui augmente l’effet de rareté. « La loi de l’offre et de la demande s’exprime bien et les prix montent », poursuit-il.

Pour estimer le prix final qui sera versé aux producteurs, l’agroéconomiste suit la valeur des exportations de bleuets aux États-Unis. « Historiquement, on voit que les transformateurs gardent environ 0,70 $/livre, ce qui permet d’établir le prix potentiel qui sera versé », dit-il.
Autre bonne nouvelle, celle-ci causée par la pandémie, la consommation de bleuet a augmenté de 35 % dans les épiceries américaines depuis un an, remarque Gilbert Lavoie. L’engouement pour le petit fruit et les bons prix pourraient se poursuivre un peu, mais comme le prix varie selon les volumes récoltés, l’agroéconomiste conseille de gérer cet influx d’argent prudemment, car on ne sait pas quelles surprises l’avenir peut réserver.

Plus de concurrence ?
Daniel Gobeil, le président du Syndicat des producteurs de bleuets du Québec (SPBQ), se réjouit de voir la hausse du prix payé au producteur. Il estime qu’augmenter la concurrence permettra de maintenir une pression pour offrir de meilleurs prix et c’est pourquoi le SPBQ a approuvé la demande de la Coopérative Grand Bleu, qui souhaite transformer des bleuets hors de la région.
Selon le plan conjoint des producteurs de bleuets du Saguenay-Lac-Saint-Jean, les bleuets cueillis sur les territoires publics, comme les territoires non organisés (TPI), doivent être transformés dans la région.

Au départ, la Coopérative Grand Bleu, qui regroupe 90 producteurs régionaux, souhaitait construire une usine de transformation, mais la coopérative souhaite maintenant travailler avec Emblème Canneberge, pour congeler les fruits à Sainte-Eulalie. Ce partenariat permettrait de faire des économies d’échelle.
Pour y arriver, la coopérative a fait une demande à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, pour permettre de transformer les bleuets en dehors de la région. Les propriétaires de bleuetières privées ont le libre choix de vendre leur fruit où ils le désirent.
Selon Daniel Gobeil, les élus saisissent mal l’enjeu, car le pourcentage de récolte en forêt publique serait faible, mais environ 3 millions de livres sortiraient de la région. Il croit que la compétition amènera davantage de retombées pour les producteurs qu’il représente.
Une taxe américaine évitée
Le président du SPBQ se réjouit aussi de la décision américaine de ne pas imposer de taxe à l’importation sur les bleuets canadiens. Après enquête, le département du Commerce américain a laissé tomber cette idée, après avoir réalisé que c’est l’impact de la production américaine qui a fait chuter les prix, explique Daniel Gobeil.