Déposée il y a deux semaines, la stratégie est prévue pour les deux prochaines années. Les cibles d’immigration sont maintenues à 50 000 par année, mais à cela s’ajouteront les immigrants qui obtiendront leur résidence permanente grâce au PEQ. Le gouvernement prévoit qu’ils seront 6500 en 2024.
« C’est là que ça devient intéressant pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean parce que les étudiants représentent la plus importante immigration dans votre région et on vient faciliter leur accès parce qu’en plus du déplafonnement du PEQ, les étudiants pourront demander leur résidence permanente dès l’obtention de leur diplôme. Auparavant, ils devaient attendre deux ans », explique Daye Diallo, économiste principal à l’Institut du Québec (IDQ).
Les chiffres les plus récents de Promotion Saguenay le confirme. Au 31 décembre 2020, on comptait 2 480 étudiants internationaux sur son territoire et 485 travailleurs avec un permis temporaire.
La directrice adjointe chez Promotion Saguenay, Claudia Fortin, juge également que cette nouveauté est très intéressante pour la région. « La clientèle étudiante est francophone et déjà intégrée lorsqu’elle arrive sur le marché du travail. C’est vraiment intéressant ce programme allégé. Je discutais récemment avec la direction d’un cégep qui me disait que 100 % des étudiants africains veulent rester ici. »
On ne se cachera toutefois pas qu’il reste pas mal de travail à faire. Selon l’Institut du Québec, en 2021, 75 % des étudiants étrangers s’installaient à Montréal. Saguenay en recevait 12 %, après les régions de la Capitale-Nationale, la Mauricie et l’Estrie.
Oui à l’immigration, mais il faut des services
Promotion Saguenay se consacre surtout à accompagner les entreprises qui veulent recruter de la main-d’œuvre à l’étranger en se tournant vers les travailleurs temporaires.
Cette cible demeure à 50 000 par année pour 2024 et 2025. Une décision raisonnable, croit Mme Fortin. « Oui on s’attendait à 60 000, mais en même temps, ces nouvelles personnes vont créer une pression sur notre système d’éducation et de santé. Nous souhaitons bien les accueillir. »
Daye Diallo va plus loin et ajoute qu’il faut aussi rendre disponibles des services de garde, du transport en commun et des logements dans un contexte où il manque de tout. « Sans logement, quelle que soit la volonté, ils ne viendront pas. »
En mai 2022, l’IDQ rendait public un rapport où il était écrit noir sur blanc que « les sommes investies pour attirer et retenir les immigrants dans les régions du Québec n’ont pas porté leurs fruits», malgré les efforts du gouvernement.
Selon le rapport, la grande région de Montréal, qui compte pour 50,5 % de la population du Québec, accueillait près de 85 % des immigrants. On notait cependant que 77 % de l’immigration permanente était à Montréal en 2022, alors qu’elle était à 80 % en 2020.
« On ne peut pas obliger les gens à s’installer dans une région plutôt qu’une autre, répond M. Diallo, mais on peut mettre en place des incitatifs et offrir de bons emplois. »
C’est ce qu’on tente de faire chez Promotion Saguenay. « On peut améliorer notre service d’accueil, admet sa directrice adjointe. Il y a la francisation, mais on doit aussi penser à l’intégration de ces gens au sein de notre communauté régionale. »
Depuis sa création en 2019, le département Attraction de talents a fait une trentaine de missions avec 75 entreprises et recruté 300 travailleurs à l’international. Mme Fortin assure que la majorité d’entre eux sont toujours ici.
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Immigration francophone
Dans sa stratégie, Québec a annoncé que les travailleurs temporaires devront réussir un test de niveau quatre en français lorsqu’il renouvelleront leur permis après trois ans.
Si Promotion Saguenay se tourne toujours vers des pays francophones pour le recrutement, certaines agences et entreprises ne le font pas systématiquement. Claudia Fortin croit que ce nouveau critère peut être profitable à une région comme la nôtre. « C’est une belle opportunité de venir ici puisque c’est un endroit pratiquement exclusivement francophone. »
Daye Diallo ajoute que pour les régions, c’est une expérience enrichissante également de s’ouvrir davantage à l’immigration. « Ça amène une vitalité culturelle et c’est très intéressant pour le tissu social. »