Un amphithéâtre de 94,3 M$ dans cinq ans... annoncé sans la mairesse Julie Dufour

Des études de sol devront avoir lieu avant d'aller de l'avant dans la construction du nouvel amphithéâtre.

C’est sans la mairesse de Saguenay, Julie Dufour, que la Ville a annoncé la construction d’un nouvel amphithéâtre de 4500 places dans cinq ans, son plus gros projet d’infrastructure des dernières années. Sans plans et devis, le directeur général, Gabriel Rioux, ainsi que les conseillers Michel Potvin et Michel Thiffault peuvent quand même établir un prix à 94,3 millions $ pour un amphithéâtre situé sur le même terrain que le Centre Georges-Vézina, à Chicoutimi.


Une glace, deux glaces, avec ou sans les gouvernements provincial, fédéral et le privé ; tout cela reste à déterminer. Une chose est certaine : les élus de Saguenay ont choisi de ne pas déposer le projet au Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives, sportives et de plein air (PAFIRSPA), qui aurait permis d’aller chercher un maximum de 20 millions $. Et est-ce que la Ville a d’autres projets à présenter dans ce programme ? Pas pour le moment, a dit Michel Potvin.

« On ne vise pas de décret, on vise un appui gouvernemental dans ce projet, tant provincial que fédéral, le privé aussi. On essaie de rencontrer tous les gens qui peuvent s’intéresser au projet », a dit le conseiller et président de la Commission des finances, Michel Potvin, qui dit avoir lui-même avisé la ministre Andrée Laforest de cette décision. Cette dernière n’avait d’ailleurs pas de commentaires à formuler, mardi.

La conférence de presse a été menée par Gabriel Rioux, Michel Potvin et Michel Thiffault.

En mars dernier, la mairesse Dufour avait dit que la Ville et des organismes privés étaient « des partenaires impossibles » pour la construction d’un nouvel amphithéâtre. L’un d’eux était Éric Desbiens, de CONFORMiT, qui était prêt à embarquer dans un projet de deux glaces. Pourtant, lors de l’annonce faite mardi matin, en compagnie de la plupart des élus municipaux, le privé a souvent été amené sur la table comme partenaire potentiel.

« Je n’ai pas participé à ces rencontres-là, a répondu M. Potvin, lorsque questionné sur la différence entre la participation de CONFIRMiT et ce qui a été présenté mardi. Ce que je dis, si des gens sont prêts à placer de l’argent en collaboration, que ce soit pour l’opérer, diminuer les coûts, c’est à ça qu’on est ouverts. Les rencontres qu’on a eues, il y a des gens qui nous ont dit qu’ils étaient intéressés à ce niveau-là. Avec CONFORMiT, je n’étais pas là. »

Les Saguenéens de Chicoutimi et l’Association de patinage de vitesse courte piste saluent le projet d’un nouvel amphithéâtre. (Jeannot Lévesque / Le Quotidien)

Le montant de 94,3 millions $ a été calculé avec 10 % d’inflation, selon les coûts de 2025, moment où devraient être lancés les appels d’offres. D’ici là, une somme de 775 000 $ a été inscrite dans le Plan triennal d’immobilisations 2024-2026 pour des honoraires professionnels. Il est question d’études géotechnique (pour la capacité portante des sols) et environnementale, d’un plan fonctionnel technique et détaillé, d’une estimation détaillée et d’une étude d’opportunité économique.

Le directeur général de Saguenay, Gabriel Rioux, énumère quelques éléments qui pourront être réglés avec une construction, notamment les nouvelles normes de la LHJMQ (bandes Flex, baies vitrées et éclairage), l’amélioration de l’expérience citoyen et hockey, l’optimisation des équipements pour les événements culturels et la réalisation des travaux sans trop d’impact pour les Sags, a-t-il dit, notamment. En attendant, un montant de 2,4 millions $ sera inclus dans le PTI pour rendre le Centre Georges-Vézina conforme aux exigences de la LHJMQ, mais les bandes et les baies vitrées pourront être récupérées dans une éventuelle nouvelle construction.

Cette annonce est pourtant contraire à ce qui a été promis par la mairesse Julie Dufour – qui serait en vacances – au cours des derniers mois et pendant la campagne électorale, alors qu’elle ne voulait pas du tout d’un nouvel amphithéâtre.

Comme elle l’avait dit lors du caucus présessionnel de la CAQ tenu à Jonquière au début du mois de septembre, la ministre du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, a rappelé l’importance de déposer dans le PAFIRSPA.

«On a un programme normé d’infrastructures et s’ils veulent un amphithéâtre ou quoi que ce soit, il faut déposer dans ce projet-là. C’est à eux de faire l’arbitrage, mais j’ai un programmé normé et c’est là-dedans qu’il faut déposer», a-t-elle déclaré dans les couloirs de l’Assemblée nationale, mardi, réitérant qu’il n’y aurait pas décret.

« Très bonne situation financière à Saguenay »

Au cours des derniers mois, la mairesse Julie Dufour et le conseiller Michel Potvin ont fréquemment parlé de la situation financière de la Ville, plaidant le manque d’argent et la nécessité du gouvernement du Québec d’investir davantage dans les villes, par la renégociation du pacte fiscal, notamment. Pourtant, mardi, le président de la Commission des finances avait un tout autre discours.

« Au niveau financier, quand on est arrivés en 2017, on n’avait pas de réserves financières. Là, on a 20 millions $. La situation financière de Saguenay est très bonne actuellement. On s’est replacés comme il faut, comme ça devrait être depuis toujours. C’est ce qui nous permet d’avoir plus d’envergure, de faire des projets comme ça. De prendre ce que j’appelle un peu plus de risques », a déclaré M. Potvin.

Le directeur des opérations et le président des Saguenéens de Chicoutimi, Serge Proulx, et le président, Richard Létourneau, ont écouté attentivement la présentation.

Questionné sur la part projetée de la Ville, ce dernier a dit qu’il fallait « définir le projet d’abord […] et s’assurer que le terrain est capable de le prendre. […] Dans les prochains mois, on va définir ce qu’on veut, ce qu’on fait avec le Centre Georges-Vézina et à partir de là, on pense construire à la fin de 2026, au plus tard en 2027 », a expliqué M. Potvin, ajoutant que « les Comètes, c’est sûr qu’on les maintient, reste à voir si c’est dans le Centre Georges-Vézina ».

« Une glace, deux glaces, c’est ça l’exercice des prochains mois. Il y a quand même une limite de terrain. Mais il y a des solutions à tout. Le Centre Georges-Vézina est très fonctionnel à 99 %, en très bon état. On va voir dans les prochains mois ce qu’on fait. »

—  Le président de la Commission des finances, Michel Potvin

Pas de rénovation

Si le projet de rénovations majeures n’a pas été retenu, c’est que la nouvelle analyse faite par une firme de l’extérieur, à partir de l’exosquelette et des plans de 2015, atteignait maintenant 43,6 millions $.

« L’administration a mandaté un économiste en construction agréé et ingénieur afin d’effectuer une mise à jour sur la base des plans réalisés en 2015. La firme Beam 3D, spécialisée en estimation et modélisation 3D, a livré le 11 septembre », a expliqué M. Potvin, disant par le fait même que cette somme était trop élevée pour une rénovation. Au début de l’été, on parlait plutôt de 30 millions $ pour les mêmes travaux, selon les plans des Maîtres d’Œuvres Architectes.

Plusieurs conseillers s'étaient déplacés à l'hôtel de ville.

Michel Thiffault assure que le conseil se rallie derrière ce projet « rassembleur ». Le conseiller Serge Gaudreault a pourtant fait part de son désaccord dans une entrevue avec Le Quotidien, mardi matin. Il était d’ailleurs absent à l’annonce, tout comme Mireille Jean et Marc Bouchard.

Quant au complexe aquatique, « il est loin d’être retiré », a assuré Michel Potvin. « C’est l’UQAC qui va le déposer [au PAFIRSPA]. Notre administratif discute avec les gens de l’Université. On va être locataires [et ce sera fait avec] la collaboration de la Ville.»

Réactions positives

Le président des Saguenéens de Chicoutimi, Richard Létourneau, et le directeur des opérations, Serge Proulx, ont assisté à l’annonce tenue à l’hôtel de ville. Questionné après la conférence de presse, M. Létourneau s’est réjoui des derniers développements.

« C’est extraordinaire pour la ville d’avoir une infrastructure qui va nous permettre, autant au niveau événementiel qu’au niveau hockey, arts et culture, d’être à la hauteur d’une ville comme Saguenay. Aujourd’hui, c’est un grand jour. [Pour les Saguenéens], ça va être le jour et la nuit. Je n’ai pas vu les plans, ils ne sont pas faits encore, mais juste au niveau des loges, on parle de deux, trois fois plus de loges. On a vu l’engouement que ç'a fait à Moncton, Shawinigan et Gatineau avec les nouveaux amphithéâtres », s’est exprimé M. Létourneau, qui s’attend à 2000 billets de saison plutôt que 800 et 4000 spectateurs par match plutôt que 3000.

Évidemment, le fait de passer à une glace régulière est « un gros plus » pour les Sags. Même si l’organisation était prête, dans un esprit de coopération et de compromis avec le patinage de vitesse, à conserver la grande glace, son choix premier était d’évoluer sur une glace de dimension nord-américaine.

Cette fois sera-t-elle la bonne ? « On est positifs et on va y croire », a complété M. Létourneau.

De son côté, Christian Simard, président de l’Association de patinage de vitesse du Saguenay–Lac-Saint-Jean, a appris la nouvelle en même temps que les médias, lui qui s’était déplacé à l’hôtel de ville pour assister à l’annonce.

« C’est une satisfaction. On voit que la Ville prend des engagements fermes quant à la construction d’un nouvel amphithéâtre, ce qui nous permettra de dégager les Saguenéens et le patinage de vitesse pour pouvoir améliorer notre sort à chacun d’entre nous. On va voir avec le développement du projet, il n’y a rien encore de bien formulé en ce sens, mais je pense que la Ville s’est engagée à ce que l’on conserve une glace olympique. »