
L’inquiétude autour du plomb rassemble à Arvida
Les orateurs de la soirée n’étaient pas étrangers à la scène politique municipale. Dominic Gagnon, qui a été présenté comme un urgentologue pratiquant à l’hôpital de La Baie, et Mélanie Boucher, animaient la discussion citoyenne.
Celui qui est également chef du parti Alliance Saguenay (AS) s’est défendu, à maintes reprises, d’une quelconque saveur politique accolée à l’initiative citoyenne. Le questionnement entourant la présence de plomb dans l’eau de Saguenay découle de données dévoilées l’automne dernier par le journal Le Devoir.
« On voyait qu’il y avait des moyennes qui étaient environ 2,5 fois supérieures aux nouvelles normes qui s’en viennent. Par rapport à cela, ça prenait un éclairage. On voulait avoir certaines informations. Des citoyens s’inquiétaient par rapport à ça. La question a été posée au conseil de ville. On a dit qu’on reviendrait sur ça. On m’a demandé également de faire une part dans ça aussi. La mairesse m’a même interpellé et ç’a abouti à cette discussion citoyenne », a expliqué Dominic Gagnon.
Questionné quant aux attentes formulées face à l’administration municipale, M. Gagnon espère qu’elle sera proactive dans cet enjeu, en plus de démontrer une sensibilité à la question.

« On n’est pas ici pour accuser la Ville. On n’est pas ici pour accuser personne. La Ville fait son travail, la Ville respecte les normes du ministère de l’Environnement du Québec. La Ville pourrait en faire plus. C’est ce qu’on va conclure. Ce que la Ville fait, c’est correct. Par contre, on doit informer les gens sur l’eau de leur robinet », a mentionné Mélanie Boucher en début de rencontre.
Rappelant à maintes reprises qu’il ne désirait pas être alarmiste, le Dr Dominic Gagnon a relayé les informations de Santé Canada quant aux dangers de l’exposition au plomb, notamment auprès des enfants, des nourrissons et de fœtus. Malgré le caractère sérieux de certains liens, il a avoué n’avoir jamais fait face à des intoxications au plomb en une vingtaine d’années de pratique de la médecine.
De son côté, Mélanie Boucher s’est avancée à dessiner un lien entre l’exposition au plomb et le Trouble de déficit de l’attention avec/sans hyperactivité (TDAH).
La citoyenne engagée au niveau politique a notamment reproché à Saguenay le manque d’informations disponibles sur le site Internet, dont les secteurs visés et les rues qui ont été le théâtre d’échantillonnage.
Comme piste de solutions, la résidante d’Arvida a cité en exemple la façon de faire de Québec et de Montréal, qui offrent le remplacement de conduits de plomb résidentiels et l’étalement du paiement sur une quinzaine d’années.

Citoyens au rendez-vous
La participation citoyenne fut considérable, alors que plusieurs citoyens ont pris la parole et questionné les intervenants présents. Un citoyen a demandé ce qui doit être fait à la suite d’une exposition, alors qu’une dame s’est inquiétée pour les nombreux élèves qui fréquentent les écoles du secteur.
Participant à la rencontre, le conseiller municipal Jean-Marc Crevier a démontré son appui à la démarche, rappelant l’importance de se questionner sur la qualité de l’eau. Il a profité de sa prise de parole pour expliquer certaines données, en plus de promettre une plus grande accessibilité aux résultats.
Le conseiller Carl Dufour rappelle que l’eau représente la base pour une ville. « Il y a des citoyens qui sont inquiets. Il y a des études qui sont sorties. Je pense que c’est important qu’il y ait une discussion. C’est de faire tomber les barrières », a-t-il mentionné.
La période de questions aura été le théâtre de quelques accrochages, notamment entre Mélanie Boucher et le conseiller municipal Jean-Marc Crevier.
Par ailleurs, appuyées par des données de Santé Canada, deux étudiantes en médecine qui s’intéressent à l’enjeu de la présence du plomb dans l’eau dans les écoles ont profité de cette occasion pour rappeler que l’exposition au plomb par l’eau potable ne représente que 10 % de l’exposition totale dans l’environnement.

En revanche, elles ont mentionné que l’alimentation représentait 50 % des moyens d’absorption du plomb.