
Les découvertes archéologiques mises en valeur
Le site de la maison du commis, qui a été occupée de 1740 à 1780, a été fouillé de 2013 à 2016, permettant de dégager les fondations. Les vestiges du bâtiment de deux étages, une fois toutes les expertises réalisées, ont été soigneusement recouverts de sable et de terre, afin de les protéger.
«Pour des raisons de préservation, on ne peut pas laisser les fondations historiques découvertes, donc à l’extérieur du sol, parce que le ciment qui date du 18e siècle, très rapidement, se dégraderait avec la neige, la glace, l’air et les gens qui pourraient marcher dessus. Toutes les pierres finiraient par se détacher», a expliqué Érik Langevin, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et directeur du Laboratoire d’archéologie de l’UQAC, lors d’une visite des lieux, vendredi.
Aménagements
Afin de partager avec le public les découvertes archéologiques, différents moyens seront mis en oeuvre pour valoriser le site de la maison du commis. Les aménagements ont débuté l’automne dernier et doivent être complétés cet automne.
Ultimement, tous les autres sites fouillés devraient bénéficier des mêmes aménagements, au fil des ans, selon l’avancement des fouilles et le financement reçu par le projet.
Une reproduction des fondations de la maison du commis, réalisée à l’aide de grandes pierres en provenance de Saint-David-de-Falardeau, a ainsi été érigée sur place, les murs étant situés à l’extérieur du site archéologique, afin d’éviter de placer une charge importante qui endommagerait les vestiges enfouis. L’intérieur a ensuite été rempli de terre, à l’exception, au centre, de quelques pierres qui reproduisent l’emplacement du foyer, que les visiteurs pourront observer en marchant sur la structure.
Les mauvaises herbes qui se sont vite installées dans la terre meuble cet été seront remplacées par un couvert de trèfle.
Le sentier à proximité sera également réaménagé.
La valorisation du site sera complétée par l’installation de quelque huit panneaux d’interprétation, qui permettront de montrer ce à quoi pouvait ressembler l’endroit et le mode de vie du commis.
Les alentours ont d’ailleurs bien changé depuis, explique le professeur Langevin. La rivière Saguenay coulait à une vingtaine de pieds en face de la résidence. Aujourd’hui, on n’aperçoit qu’un boisé devant le site, l’endroit ayant été remblayé lors des travaux de construction du boulevard du Saguenay et du pont Dubuc, dans les années 1970.
En français, en anglais et en innu
Les panneaux d’interprétation proposeront des informations en français, traduites également en anglais et en innu. Une belle façon de rappeler que le Site du Poste de traite de Chicoutimi, si ses activités dédiées au commerce des fourrures se situent du 17e au 19e siècle, a également été un lieu de campement fréquenté par les Amérindiens.
L’endroit a toujours été un carrefour stratégique d’échanges commerciaux et culturels, puisqu’il marquait la fin de la portion navigable du Saguenay et le début de la route des portages. Chicoutimi, mot d’origine innue, signifie d’ailleurs «jusqu’où l’eau est profonde».


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DÉTERMINER LE PÉRIMÈTRE DU PRESBYTÈRE
Les fouilles sur le Site du Poste de traite de Chicoutimi visent cette année à circonscrire le périmètre du deuxième presbytère, datant de 1728, habité par le père Laure, prêtre en résidence permanente sur le site.
Les archéologues ont bon espoir de pouvoir terminer cette année les fouilles de ce secteur, qui ont débuté en 2015.
«L’année passée, on a vraiment pu confirmer [après le travail en laboratoire] qu’on est bel et bien sur les lieux du presbytère. Ce qui nous manquait, c’était les murs et les superficies exactes», a souligné Érik Langevin, professeur en archéologie à l’Université du Québec à Chicoutimi.
Les archéologues s’affairent à dégager complètement les murs nord, sud, est et ouest. Une tâche qui demandait une grande minutie, étant donné le peu de terre sur certains secteurs du cran rocheux. La présence des murs a pu être décelée grâce à des résidus de mortier.
Un premier presbytère aurait été construit auparavant au même emplacement, avant d’être détruit afin de construire le nouveau presbytère, selon les premières constatations.
Jardin
Les archéologues tentent également d’identifier l’emplacement de certaines dépendances du presbytère, a partagé Gisèle Piédalue, chargée de terrain sur le Site du Poste de traite, qui connaît les moindres détails sur le site archéologique.
«On pense avoir trouvé le terrassement du jardin. On va faire des prélèvements de sol, puis on va faire faire une analyse des graines pour déterminer s’il y a des éléments d’ensemencement qui dateraient du 18e siècle», a-t-elle précisé, en montrant l’emplacement ciblé, situé à quelques dizaines de mètres du presbytère, qui a été dégagé en vue des futures analyses.
Des latrines auraient également été identifiées. Le jour du passage du Quotidien, l’emplacement potentiel d’un four à pain venait tout juste d’être découvert, suscitant la curiosité des archéologues.


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POUR RENCONTRER LES ARCHÉOLOGUES
Le Site du Poste de traite de Chicoutimi est accessible via un sentier, près de l’angle des rues Price et Dréan, à Chicoutimi. Jusqu’au 12 août, du jeudi au dimanche, de 9 h à 16 h, il est possible de visiter l’endroit de façon autonome et de rencontrer les archéologues sur place. Dans le cadre du mois de l’archéologie, des visites seront également proposées par La Pulperie, les samedis et dimanches, du 4 au 12 août, à 11 h et à 14 h, d’une durée de 45 minutes.
