C’est du moins ce qu’indique un sondage Mainstreet mené les 17 et 18 janvier auprès de 979 personnes (marge d’erreur de ± 3,1 % 19 fois sur 20). L’enquête statistique accorde également 26 % des intentions de vote au Parti libéral du Québec (PLQ) et 16 % à Québec solidaire (QS) après répartition des indécis, soit des scores à peu près identiques à l’élection d’octobre (25 et 16 % respectivement). Le Parti québécois (PQ), lui, n’obtient qu’un maigre 9 %.
«La lune de miel, c’est un phénomène qu’on constate à tous les niveaux de gouvernement. D’un côté, il y avait une soif de changement et là, on voit ce changement-là enfin arriver. De l’autre, on a tendance à être plus indulgent avec un gouvernement qui vient juste d’arriver, on laisse la chance au coureur», indique Luc Fortin, ex-ministre libéral qui dirige maintenant les activités de Mainstreet au Québec.
«Et cette lune de miel s’est même intensifiée pour la CAQ, poursuit-il. […] Quand on regarde les données pour l’ensemble du territoire, on constate que la CAQ obtient 50 % ou plus des intentions de vote partout, sauf dans l’île de Montréal.»

Dans la région de Québec, le parti de François Legault jouit même de 58 % de la faveur populaire, alors que les «trois autres» doivent se contenter des miettes — entre 9 et 14 %. Les sous-échantillons régionaux sont cependant petits et leur marge d’erreur est plus grande, notons-le.
Le PLQ ne semble pas trop souffrir de ne pas avoir de chef, mais sa légère progression d’un point depuis le scrutin est surtout concentrée à Montréal, note M. Fortin. Chez les francophones, groupe où la CAQ domine (52 %), il stagne toujours aux environs de 15 %.
L’idée d’une conservation des acquis s’applique aussi à QS, qui n’a pas fait de progrès, mais qui a gardé la faveur des 18-34 ans, une partie de l’électorat sur laquelle le parti de gauche avait beaucoup misé et dont il a conservé la faveur. QS est toujours premier chez les «jeunes», à 31 %.
Inquiétant pour le PQ
«Par contre, les chiffres sont beaucoup plus inquiétants pour le PQ», souligne M. Fortin. En plus de ne pas avoir de chef pour l’instant, analyse-t-il, les péquistes se sont fait sortir de l’île de Montréal et de la région de Québec, «les deux principaux pôles médiatiques du Québec». Ce qui n’aide pas à obtenir de la visibilité.
«Mais pratiquement tous les indicateurs sont en baisse pour le PQ», insiste M. Fortin. Les femmes, un groupe qui a longtemps penché pour les péquistes, ne sont plus que 8 % à vouloir voter péquiste, et le parti fondé par René Lévesque n’a plus que 10 % d’appui chez les francophones, loin derrière la CAQ, QS (17 %) et même le PLQ (16 %). Historiquement associé aux babyboomers, le PQ ne recueille plus que 10 % de la faveur des 65 ans et plus. Et même en «régions», où la majorité des élus péquistes se trouvent maintenant, le parti n’obtient que 10 %.