«À mon sens, c’est un droit fondamental. On n’a pas le contrôle sur si on est menstruée ou si on ne l’est pas», a soutenu Mme Lacasse-Brunet au Droit.
La conseillère du district de Bellevue a abordé le sujet la semaine dernière, lors de l’étude budgétaire de la Ville de Gatineau, soulignant à la fois la question d’équité, mais aussi la question environnementale du dossier.
«C’est un besoin de base, au même titre qu’un désinfectant. Ce n’est pas un produit dont la nécessité est questionnable », affirme la conseillère. « Que ces produits soient accessibles dans les salles de bain, c’est un besoin de base. C’est une réflexion collective qui doit avoir lieu, tant autour de la table du conseil qu’au sein de la collectivité », poursuit-elle. Selon la conseillère, partout où où il y a une salle de bain, il devrait y avoir des tampons ou des serviettes disponibles. « On a toutes déjà été mal prises. »
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Selon un sondage effectué par Segma Recherche pour le compte du Droit et du 104,7 FM auprès de 700 Gatinois, un majorité de la population est favorable à l’idée d’offrir gratuitement des produits menstruels dans les établissements publics de la Ville de Gatineau, comme c’est le cas à Montréal.
Fait à noter selon le sondeur: parmi les plus jeunes des répondants, personne n’est contre l’idée.
Les femmes sont davantage en accord avec la proposition que les hommes, dont le quart a indiqué ne pas avoir d’opinion sur le sujet.
L’étude démontre aussi une opposition à l’idée qui augmente en fonction de l’âge, mais qu’aucun répondant de 18 à 24 ans ne s’est prononcé en défaveur de cette mesure.
«Le sondage est un bon point de départ pour avoir ce premier pouls-là, poursuit la conseillère. Il y a aussi beaucoup d’éducation qui doit avoir lieu au sujet des menstruations et ce que ça coûte les serviettes hygiéniques à la pharmacie. On est dans une situation où la femme a d’emblée un salaire inférieur à son homologue masculin et en plus doit rentrer dans son budget des items qui ne sont pas nécessaires au train de vie de l’homme non plus. J’ai l’impression que pour cette équité sociale là, c’est primordial que la question se pose et qu’on évolue vers ça.»
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Réutilisables
Outre l’accessibilité des produits menstruels standards et jetables, comme les tampons et les serviettes hygiéniques jetables, plusieurs options réutilisables et plus écologiques se taillent de plus en plus une place chez les personnes menstruées, comme les coupes menstruelles, les serviettes hygiéniques ou les culottes lavables. «On connaît moins les possibilités parce qu’elles ne sont pas nécessairement en publicité à la télévision comme le sont les tampons, par exemple.»
De plus en plus de municipalités font des annonces en ce sens. Déjà en 2021, la Ville de Montréal lançait un projet pilote visant à offrir des tampons et des serviettes hygiéniques jetables dans certains lieux, comme le Jardin botanique ou l’hôtel de ville. Couronné de succès, ce projet pilote s’est étendu en juin dernier de sorte que plus d’une quarantaine de lieux publics sont munis de machines distributrices qui offrent ces produits gratuitement, nécessitant un investissement de 30 000 dollars de la part de la ville. Au total, plus de 26 000 produits d’hygiène menstruelle ont été distribués entre septembre 2022 et juillet 2023, a-t-on précisé.
Mais certains arrondissements de la métropole offrent également l’opportunité aux Montréalais de faire une demande de subvention pour obtenir un remboursement à l’achat de produits durables pour les menstruations, comme les sous-vêtements et les serviettes hygiéniques lavables.
C’est aussi le cas de plusieurs dizaines de municipalités au Québec qui offrent un montant fixe ou un pourcentage de remboursement à l’achat de produits menstruels réutilisables.
«C’est un choix qui est parfois difficile, de changer nos habitudes pour laisser place à un produit alternatif qui est à la fois avantageux, moins dispendieux à long terme et écoresponsable», soutient Mme Lacasse-Brunet, mentionnant trouver intéressant que les villes emboîtent le pas, surtout en matière de produits réutilisables.
La Ville de Gatineau n’offre pas encore ce type de subvention. Le service des communications de la Ville soutient toutefois qu’une réflexion se met en branle en lien avec les produits d’hygiène féminine réutilisables, mais aussi les autres produits d’hygiène comme les couches lavables. «Le Plan de gestion des matières résiduelles veut encourager l’utilisation de produits d’hygiène lavables. La Ville prévoit de l’information, de la sensibilisation et de l’éducation via les plateformes de communication et des formations sur l’achat et l’entretien des produits d’hygiène lavables, plutôt qu’un programme de subvention. La raison s’explique par les freins aux changements de comportement qui ne sont pas nécessairement monétaires, mais plus souvent liés à un manque de sensibilisation, une mauvaise perception ou encore un manque d’information sur l’entretien des produits», précise-t-on. Un partenariat avec Enviro Éduc-Action permettra également d’offrir des formations dans les écoles secondaires pour sensibiliser les jeunes filles à l’utilisation des produits d’hygiène féminine.
La mairesse de Gatineau n’a pas souhaité commenter le dossier des produits d’hygiène féminine pour l’instant, puisque le conseil municipal se penchera d’abord sur la proposition de la conseillère du district de Mitigomijokan, Anik Desmarais, en lien avec l’offre de désinfectant à mains de type Purell dans les toilettes municipales, selon le directeur des communications, Daniel Feeny.