«Il a aidé le vin québécois à sortir de la marginalité»

Le propriétaire du domaine Les Brome avait pris la décision de planter des cépages européens (chardonnay, pinot noir) au Québec, aux côtés des variétés plus communes : vidal, maréchal-foch, etc.

En pleine période des vendanges, celui qui est passé brillamment du monde de la banque à celui du vin, au tournant des années 2000, est mort mardi à l’âge de 78 ans. Léon Courville, qui était à la tête du vignoble du domaine Les Brome, en compagnie de sa conjointe Anne-Marie Lemire, a confondu les sceptiques. «La vigne peut faire parfois rêver beaucoup de monde, et certains l’approchent avec improvisation. Léon, on voyait que tout était bien étudié. [...] C’était un vigneron», tranche Charles-Henri de Coussergues.


Le propriétaire du vignoble de L’Orpailleur avait d’abord connu le «Léon en cravate» lors d’un événement à Montréal, quand M. Courville était encore président de la Banque Nationale. Quelques années plus tard, il avait rencontré «tout un autre homme», raconte-t-il en entrevue à La Voix de l’Est.

«J’étais allé sur son vignoble. Léon sortait du bois, en salopette, une tronçonneuse dans les mains, une tuque sur la tête. J’avais eu tout un choc!»

—  Charles-Henri de Coussergues, propriétaire de L'Orpailleur

«Proche de la terre»

«Cet homme savait être proche de la terre et il en était passionné.» C’est le sentiment que M. de Coussergues a eu à son contact lors des quelques visites faites au vignoble Les Brome.

«Il était très fier de son érablière, ajoute-t-il. C’était un homme qui était très cultivé, il connaissait les essences des arbres, et tout.»

Le vigneron Charles-Henri de Coussergues

Le propriétaire de L’Orpailleur se remémore également la fois où lui et son équipe étaient venus pour une visite guidée. «On pouvait s’imaginer que de par son passé [de banquier], et ses implications dans différents conseils d’administration, cet homme supervise son vignoble de haut, mais pas du tout.»

«On avait dégusté toute sa cave, toutes ses barriques, une par une. Et il avait tout en tête, il en parlait avec passion. Ça m’avait impressionné [...].»

—  Charles-Henri de Coussergues

Impliqué au quotidien

Selon lui, Léon Courville était impliqué au quotidien dans son entreprise. «Ça, ça venait me chercher, parce que je suis agriculteur et quand on parlait de vigne et de vins, on ne perdait pas Léon. Pas du tout. Il lisait beaucoup, il était très instruit.»

Dans ce «petit monde de la viticulture du Québec, il a été un des acteurs qui nous a aidés à sortir de la marginalité. Il travaillait pour la qualité, pour l’authenticité. C’est une perte, c’est sûr. Il fait partie de la première génération de vignerons qui y ont cru et se sont beaucoup investis, avec beaucoup de professionnalisme».

Léon Courville

De nombreuses réactions de la communauté

Plusieurs membres de la communauté ont exprimé leurs sympathies en commentant la publication Facebook qui a annoncé la triste nouvelle.

La députée de Brome-Missisquoi, Isabelle Charest, ainsi que la mairesse de Cowansville, Sylvie Beauregard, ont ainsi rapidement manifesté leur soutien à Mme Lemire et aux proches de M. Courville.

Comme elles, de nombreux acteurs du monde de la vigne, de l’oenologie, de la restauration et du tourisme ont partagé leur tristesse sur les réseaux sociaux.

«On se rappellera longtemps de Léon, pour tout ce qu’il a fait pour avancer la cause des vins du Québec, pour ses grandes idées, les longs débats, sa tête dure et son grand cœur», a notamment écrit Véronique Rivest, sommelière reconnue.

Le domaine Les Brome compte actuellement plus de 100 000 plants de vigne, répartis sur près de 40 acres de terre.