Isakya Gelinas a été condamnée à une peine globale de trois ans d’emprisonnement mardi, au palais de justice de Trois-Rivières. D’octobre 2022 à janvier 2023, elle a été une exécutrice en bas de l’échelle d’un réseau organisé de fraudeurs. Elle s’est fait prendre à plusieurs reprises par des caméras de surveillance tandis que les têtes dirigeantes restent à être appréhendées.
Le modus operandi était de cibler des prénoms dans des villes sur le site de numéros de téléphone Canada 411, selon ce qui a été présenté au tribunal. Sur les 73 victimes rapportées dans cette affaire, dix s’appelaient Marcel, sept s’appelaient Réjean, sept autres s’appelaient Lise.
Un homme les appelait en se faisant passer pour un représentant d’institution bancaire, Desjardins plus souvent qu’autrement.
Il leur faisait ensuite croire que leur carte de débit avait été fraudée. Après, il leur demandait de mettre la carte et le NIP en sécurité dans une enveloppe et qu’un autre représentant passerait les récupérer. C’est là qu’Isakya Gelinas remplissait son rôle. Elle se présentait aux résidences pour récupérer les enveloppes.
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Des victimes inquiètes leur demandaient parfois de vérifier leur carte de crédit ou encore les cartes du conjoint, ce qui a parfois rendu la fraude encore plus payante. Un total de 56 événements pour 73 victimes ont été rapportés.
Isakya Gélinas allait ensuite retirer de l’argent, ou achetait des cartes cadeaux par exemple.
213 000$
La valeur globale des pertes est estimée à 213 000$ récoltés dans 12 municipalités du Québec, dont Trois-Rivières, Louiseville, Shawinigan, Saguenay, Gatineau, Granby et Sherbrooke. Les victimes ont heureusement pu être dédommagées par leurs institutions financières, mais la honte et la crainte subsistent.
«La conséquence réelle était la perte de confiance envers les institutions», a mentionné le procureur de la Couronne Julien Beauchamp-Laliberté.
Il a illustré son propos en disant que même les enquêteurs se sont butés à la méfiance engendrée par ces crimes. Ils ont parfois dû prouver leurs fonctions.
«Il fallait vraiment que les policiers les convainquent», a mentionné le procureur.
À ce titre, pas moins de 117 pages de déclarations de victimes ont été déposées au tribunal. La honte, la méfiance et le sommeil perturbés en sont des thèmes récurrents.
«Ça a vraiment eu des conséquences importantes sur les victimes», a mentionné la juge Pascale Tremblay, qui a entériné la suggestion commune des procureurs.
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12 corps de police
Au départ, une douzaine de corps policiers enquêtaient chacun de leur côté sur des séries de fraudes qui impliquaient Isakya Gélinas. Il y a éventuellement eu une coordination et l’enquête a été transmise au Service des enquêtes sur les crimes économiques de la Sûreté du Québec.
Isakya Gélinas s’est fait prendre la main dans le sac à Portneuf en janvier dernier après que le fils d’une victime ait eu le réflexe d’aller vérifier à un guichet automatique pour y surprendre l’accusée et appeler la police.
La femme de 30 ans avait par ailleurs plaidé coupable à une accusation de conduite dangereuse en avril dernier.
Elle avait fait l’objet d’une interpellation en lien avec le Code de sécurité routière lorsqu’elle circulait sur le chemin des Petites-Terres à Yamachiche, le 24 novembre dernier. Elle a refusé de s’immobiliser et a tenté de fuir par l’autoroute 40, en direction de Trois-Rivières. Isakya Gélinas s’était finalement fait pincer environ 4 kilomètres plus loin.
La femme a écopé d’une amende de 1000 $ et d’une interdiction de conduire tout véhicule à moteur pour une période d’un an.