Au lendemain des événements – l’appareil qui aurait été dissimulé au plafond a été découvert il y a 24 heures –, le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) a confirmé vendredi que l’individu, Matthias Deschênes, a été localisé puis arrêté en début de soirée jeudi dans le quartier avoisinant l’établissement de la rue Nelligan.
Au Palais de justice de Gatineau, M. Deschênes a été libéré sous promesse de comparaître de nouveau le 9 août prochain. Il ne fait pas partie du personnel de l’école primaire.
Selon les autorités policières, rien n’indique pour l’instant que les images enregistrées par la caméra ont pu être consultées ou partagées par le suspect.
Des accusations de tentative de production de pornographie juvénile, de voyeurisme et d’introduction par effraction ont été déposées au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) à l’endroit du jeune homme.
Ce serait la première fois qu’un incident de ce genre survient dans un école primaire de l’Outaouais.
Suite des choses?
Le SPVG, qui dit demeurer en lien étroit avec la direction de l’école pour la suite des choses, soutient qu’une vérification complète des lieux a été effectuée à l’aide de membres du personnel pour s’assurer qu’il n’y avait pas présence d’autres caméras. L’enquête suit son cours.
Selon nos informations, lesquelles n’ont pu être confirmées par les autorités policières ou scolaires, la caméra avait été installée dans la même salle de bain, au deuxième étage, qui a été ciblée par un incendie mineur pour lequel deux jeunes filles ont été interpellées en avril. La pièce aurait fait l’objet de travaux de rénovation dans les dernières semaines. Les deux incidents ne sont cependant pas reliés.
Le Centre de services scolaire des Draveurs (CSSD) indique qu’un service de soutien psychologique a été déployé pour les élèves et les membres du personnel qui en ressentent le besoin.
L’école primaire du secteur Gatineau accueille 450 élèves.
«L’école est censée être un lieu un peu sacré»
Entretemps, cet incident rarissime n’a pas manqué de faire réagir les parents et nombreux étaient ceux qui ont tenu à faire part de leur opinion au Droit en allant porter leur enfant avant la cloche à l’heure de pointe matinale.
«C’est certain qu’on est troublés, on espère que toutes les mesures vont être prises pour qu’on puisse s’assurer qu’il n’y en a pas d’autres dans l’école et qu’il y ait un plan d’action pour voir comment on prévenir ça. Qui est cet individu-là qui est allé jusqu’au deuxième étage et comment a-t-il fait pour se rendre là? C’est quand même très serré pour les entrées. [...] L’école est censée être un lieu un peu sacré, alors c’est sûr que ça nous chamboule, ça nous inquiète un peu. Mais il faut les scolariser (les enfants), alors on n’a pas le choix, on a confiance que l’école prendra les bonnes décisions», note Véronique, maman d’un enfant de première année.
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Un papa, Jean-Paul, a quant à lui expliqué que «c’est le genre de nouvelle qu’on ne veut pas entendre».
«C’est inquiétant, ça n’a pas sa place dans une école, ça n’a pas sa place nulle part d’ailleurs. Je pense qu’ils vont probablement faire le tour de toutes les salles de bain dans toutes les écoles. Ensuite, la justice suivra son cours», a-t-il lancé avant de prendre place derrière le volant de son véhicule.
Frayeur et réconfort
Pour sa part, Charly, papa d’une fillette en maternelle, qualifie ce genre d’événement de «terrifiant».
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«En voyant la lettre, hier, on s’est dit: si c’est un élève qui a apporté ça, il faut quand même une certaine connaissance technologique, une intelligence pour faire cela, alors certainement qu’on se disait que ce devait être un adulte. C’est effrayant, c’est grave, j’ai une fille et je ne vais pas laisser passer ça, je suis sensible à ça. Il faudra qu’on nous donne des explications claires, l’école nous en doit. Ce genre de chose aurait pu se passer entre élèves dans une école secondaire mais là on parle du primaire», a-t-il affirmé.
Un autre père s’est dit soulagé que la police ait pu procéder à une arrestation aussi rapidement.
«Ç'a été naturellement un choc en apprenant ça hier, mon fils est ici (au préscolaire) et jamais je n’aurais pensé que ça puisse arriver. [...] Je peux attendre pour des explications, pour autant que le travail soit bien fait, il y a enquête alors je ne suis pas pressé d’avoir des réponses aujourd’hui, demain ou après demain. Je ne suis pas inquiet à ce point-là. Sachant que la police est autour, c’est un certain réconfort», a lancé Gilles.
«C’est une déception»
Katia, maman d’une fillette en deuxième année, affirme avoir eu le «menton descendu» en lisant la communication de l’école jeudi.
«C’est une déception, parce que c’est sûr que quand on envoie nos enfants à l’école, on les croit en sécurité. Il ne faut pas mettre toute la gang (d’adultes) dans le même bassin, car il y a de super bonnes personnes. Je disais à mon conjoint hier que j’espérais quasiment juste que ce soit une niaiserie d’enfant, c’est moins insécurisant à ce moment-là. On n’a pas le choix de continuer à faire confiance. Je pense que les mesures de sécurité vont être augmentées, car c’est une école primaire, ce sont nos enfants. Les enfants et les aînés ça fait partie de notre société et on ne touche pas à cela. Grâce à la vigilance de quelqu’un, (la caméra) a été retrouvée, alors chat échaudé craint l’eau (froide)», soutient-elle.
Le Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais est d’avis qu’une telle histoire démontre à quel point il est primordial de savoir «qui entre dans nos écoles» pour que tout le monde qui y gravite s’y sente en sécurité.
«Que ce soit des bénévoles, des employés ou lors des activités parascolaires (ou externes), ça prend des mécanismes rigoureux qui encadrent l’identité de qui peut circuler dans une école», souligne la présidente Nathalie Gauthier, qui rappelle que le taux de roulement est assez élevé à certains endroits.
Règle générale, seules les écoles secondaires ou les centres de formation professionnelle ou pour adultes seraient équipées de caméras de surveillance légalement installées à l’intérieur, par exemple dans les aires communes. Le Centre de services scolaire des Portages-de-l’Outaouais (CSSPO), à titre d’exemple, compte de son côté huit écoles primaires équipées de caméras à l’accueil et dans les corridors.
La Ville de Gatineau confirme qu’en dehors des heures de classe, des activités d’animation ont été organisées cet hiver et au début du printemps en soirée dans les locaux de l’école l’Oiseau-Bleu par deux de ses partenaires, soit le club d’escrime Le Masque de fer et l’Association de soccer de Gatineau. Pour la session printanière, qui s’achève à la mi-juin, Le Masque de fer y organise des activités les vendredis. Dans tous les cas, les participants occupaient le gymnase de l’école.
Au Masque de fer, on affirme ne pas avoir de liens avec Matthias Deschênes, alors que l’Association de soccer de Gatineau n’avait pas pu être jointe au moment d’écrire ces lignes.