
La prévention trop importante pour être laissée aux politiciens
Julie St-Pierre a toujours voulu partir en mission humanitaire. Elle a réussi à vivre son rêve sans voyager. Les besoins criants de personnel dans les hôpitaux l’ont amenée à occuper d’autres fonctions, à Montréal, près de l’aide humanitaire.
Mais l’obligation de se « sortir de la COVID » nous fait oublier des aspects importants de la santé publique, croit-elle.
« Littéralement, en ce moment, les décisions de prévention qui sont prises conjointement avec le gouvernement sont teintées de biais commerciaux qui sont graves et qui peuvent affecter la santé de la population », affirme la Dre St-Pierre.
« La pandémie fait que le gouvernement a mis sur pause plusieurs autres domaines importants, dont celui qui m’intéresse, la prévention de l’obésité chez les jeunes. »
La crise de la COVID-19 nous rappelle l’importance de la prévention et des saines habitudes de vie, précise-t-elle. Si les Québécois avaient été en meilleure santé, peut-être que les taux de mortalité du coronavirus auraient été moins élevés.
L’expérience de la dernière année démontre que l’obésité, conjuguée avec la COVID-19, crée un dangereux mélange.
« [L’obésité], ça rend les gens extrêmement malades avec le temps. Comme c’est une maladie qui cause de l’enflure, de l’inflammation, ça fait que, quand on arrive à une maladie comme la COVID, c’est un cocktail Molotov. C’est comme ça que les Nations unies et l’Organisation mondiale de la santé le décrivent. Pour eux, ça devient leur priorité de prévention pour les prochaines années. »

Un documentaire en route
La pédiatrie n’est jamais bien loin dans l’action de Julie St-Pierre, qui a participé à la création des Cliniques 180, des endroits où l’on traite l’obésité infantile.
Elle collabore à la réalisation d’un documentaire qui sera diffusé au printemps sur la chaîne Noovo et qui s’intéresse aux conséquences sur les enfants de cette crise historique.
« Les enfants ont extrêmement souffert de la COVID-19. L’anxiété est au plafond. Dans la dernière année, j’ai eu quatre vraies tentatives de suicide chez des enfants aussi jeunes que 10 ans », illustre-t-elle.
Le documentaire, d’une durée d’une heure, sera tourné dans les prochaines semaines. On donnera la parole aux jeunes, afin qu’ils aient leur mot à dire, qu’ils expriment leurs frustrations et leurs deuils.
La pédiatre a été invitée, dans le documentaire, à commenter les propos des jeunes, qui n’ont pas toujours été la priorité des adultes pendant la pandémie.
« Avec un minimum d’amour et d’encadrement, les enfants vont passer au travers, mais la crise est sans précédent. Et les symptômes, les lumières rouges de ce qu’ils vivent, sont très subtiles », précise Mme St-Pierre.
Un livre sur l’approche 180
Julie St-Pierre publiera aussi cette année chez Gallimard un livre qu’elle a écrit à propos de ses propres convictions, qui ont mené à la création de l’approche 180, ce programme contre l’obésité reconnu internationalement.
« C’est à propos de comment tout ça est parti, de mon exemple de Jonquièroise qui a grandi avec deux parents qui ont fait un infarctus chacun à 40 ans. »
Elle y racontera son parcours, en dehors de la personnalité publique que l’on connaît à travers l’oeil des médias.