Dès le début de l’audience, le juge François Huot a informé les parties qu’il avait été mis au courant des problèmes que Mes Karine Poliquin et Vanessa Pharand avaient eus pour rencontrer leur client, alors qu’il avait ordonné qu’elles soient prêtes à entamer les derniers travaux de la conférence préparatoire du procès. Il leur a demandé si elles avaient finalement pu lui parler, à défaut de quoi il suspendrait les travaux, et fut heureux d’apprendre qu’elles étaient prêtes, car elles l’avaient rencontré la veille. Là-dessus, le juge François Huot a fait une sortie en règle contre l’établissement carcéral de Roberval où se trouvait Grenon avant d’être transféré à Québec, où les deux avocates ont pu le rencontrer in extremis jeudi.
«J’ai eu connaissance des correspondances que vous avez eues avec l’établissement de Roberval et c’est un euphémisme que de dire que j’ai été irrité», a lancé le juge Huot, en prenant soin de mentionner aux agents correctionnels qui encadraient Grenon au Palais de justice de Québec qu’il ne les tenait nullement responsables.
Celui qui présidera le procès de Grenon a qualifié «l’attitude d’un individu en particulier qui ne s’est pas identifié» d’inacceptable et a émis le vœu que cela ne se reproduise plus, invitant les avocates à le contacter si jamais cela devait se reproduire. «Je n’hésite pas à intervenir dans ces cas-là, a dit le magistrat. Mon devoir est de m’assurer que monsieur Grenon a droit à une défense pleine et entière et pour ce faire, il doit pouvoir rencontrer ses avocats. J’espère que le message est passé.»
C’est la deuxième fois que le juge Huot doit hausser le ton devant les autorités carcérales depuis le début des procédures dans le dossier de Marc-André Grenon. Le 17 septembre, les débats sur la requête en arrêt des procédures présentée par la défense avaient commencé avec une demi-heure de retard, car il n’y avait pas de salle de visioconférence de disponible à la prison de Québec. Le juge Huot s’était montré surpris que les autorités de la prison fassent fi d’une ordonnance de la Cour supérieure demandant la présence virtuelle d’un détenu à une heure précise et les avait invitées à se conformer, quitte à réquisitionner une salle occupée par la Cour du Québec.
Ce n’est pas non plus la première fois qu’on entend ce genre de critique de la part des avocats de la défense. Régulièrement, détenus et avocats se plaignent devant la Cour du Québec des difficultés qu’ils ont à entrer en communication et ce, partout dans la province. Souvent, les deux parties doivent se lancer des invitations lorsqu’elles se retrouvent devant le tribunal par visioconférence pour se parler pendant les ajournements et ça finit par fonctionner.
Après cette mise au point, le juge Huot a émis un ordonnance de non publication des discussions de la conférence préparatoire, à la demande de la défense. D’ailleurs, l’ensemble des travaux en prévision du procès a été frappé d’une telle ordonnance.
Par ailleurs, le juge Huot a confirmé que le procès de Marc-André Grenon, accusé d’agression sexuelle grave et du meurtre de Guylaine Potvin le 28 avril 2000, commencera à 9h30 le 15 janvier 2024 au Palais de justice de Chicoutimi, par le choix du jury. Il a émis une ordonnance pour que l’accusé soit amené en personne pour toute la durée du procès, prévu pour six semaines.
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