Le juge Boudreault menace de bannir du Saguenay–Lac-Saint-Jean un important trafiquant

« Quand vous allez revenir dans la région, avez-vous l’intention de continuer à détruire nos jeunes en leur vendant toute sorte de merde ? Parce que dans ce cas, je vais vous interdire de revenir au Saguenay–Lac-Saint-Jean », a mis en garde le juge Michel Boudreault en s’adressant à Jean-Philippe Saurette, un Montréalais qu’il venait de condamner à 42 mois de détention et qui avait exprimé son désir de revenir ici à sa sortie de prison. « Saurette, c’est un nom peu commun, et je vais m’en souvenir. Alors, je vous donne un conseil : c’est de ne pas revenir devant moi, car cette peine est à la limite de la clémence. »


L’homme de 35 ans s’était établi dans la région pour y retrouver sa nouvelle conjointe en septembre 2021 et dès son arrivée, il avait commencé à implanter son entreprise de distribution de stupéfiants. Il s’était vite fait remarquer en raison de son volume d’activité et un citoyen l’avait dénoncé le 22 avril. Nouvel appel le 16 juin, où on décrivait un individu corpulent qui voulait acquérir des taudis au Saguenay pour en faire des crackhouses. En attendant, il faisait le commerce d’une panoplie de stupéfiants – cocaïne, champignons magiques, « pinotte », ecstasy et haschisch. Il livrerait même de l’alcool à domicile passé 3 h du matin, avec son scooter électrique. On le décrivait comme un grossiste approvisionnant les vendeurs et disposant d’une équipe de frappe pour collecter les dettes.

Les policiers ont donc exercé une surveillance et en l’espace de deux semaines, en août 2022, ils avaient accumulé assez d’informations pour procéder à une perquisition. Le 17 août, ils ont suivi la Honda Civic noire dans laquelle il prenait place avec sa conjointe, Marjorie Savard, et ont assisté à plusieurs transactions. Ils l’ont suivi jusqu’à un entrepôt qu’il louait sur la rue Brisay.

Une semaine plus tard, munis de mandats, les enquêteurs ont perquisitionné l’entrepôt, sa voiture et son logement de la rue Duchesne, où ils ont trouvé un fusil de calibre 12 volé, un pistolet 22 caché dans un coffre-fort, des Taser, du poivre de Cayenne et des quantités importantes de méthamphétamines, du cannabis, du concentré de cannabis, de la cocaïne, du crack, du fentanyl et des champignons magiques. Selon le procureur aux poursuites criminelles et pénales Pier-Alain Lalancette, l’accusé pouvait livrer de 10 à 14 onces de cocaïne à la fois.

En tout, les policiers ont saisi 12 300 $ en argent et pour 75 000 $ de stupéfiants sur le marché de la rue, dans l’entrepôt de la rue Brisay, où il cachait sa marchandise et des armes.

Le juge Pierre Lortie ayant refusé de le remettre en liberté en décembre dernier, il était détenu depuis. Vendredi, son avocat, Me Julien Boulianne, s’est entendu avec Me Lalancette pour suggérer une peine de 42 mois de prison en échange de plaidoyers de culpabilité pour des accusations de possession d’une grande variété de stupéfiants et d’armes prohibées, soit deux Taser, un fusil de calibre 12 volé, un pistolet 22 chargé à bloc et une bonne quantité de munitions sans posséder de permis et alors même qu’il avait l’interdiction d’en avoir.

Lorsque le juge Boudreault l’a interpellé avant de rendre sa sentence, Saurette a affirmé que son année de détention sans pouvoir consommer de stupéfiants l’avait changé et qu’il n’avait plus l’intention de recommencer. « Je consomme depuis que j’ai 13 ans et ça m’a permis de me réveiller », a dit celui qui avait déjà écopé d’un sursis de sentence de quatre mois en 2011.

Puisqu’il a passé 19 mois et 19 jours de temps préventif, il restera à Jean-Philippe Saurette 22 mois et 11 jours de détention, qu’il pourra purger dans une prison provinciale. Le juge a donc ajouté une ordonnance de probation de trois ans. De plus, il lui est interdit de posséder des armes à feu à perpétuité.

Sa conjointe et complice, Marjorie Savard, a aussi reconnu sa culpabilité, mais sur les seuls chefs de possession de stupéfiants. Me Boulianne a indiqué qu’elle avait été entraînée par son conjoint dans cette affaire et étant sans antécédent, elle a été condamnée à une peine de détention de 12 mois dans la collectivité. Elle devra être à son domicile 24 heures sur 24 pendant les six premiers mois, sauf aux fins de travail, recevoir des soins médicaux, répondre aux convocations de la Cour et faire ses courses de 13 h à 17 h les samedis. Pour le reste de sa période de détention, elle sera soumise à un couvre-feu de 21 h à 6 h.