
Masque N95: l’INSPQ perd toute crédibilité, tranche la FIQ
La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) au Saguenay-Lac-Saint-Jean rappelle que c’est la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) qui a émis l’avis du port du masque en zone chaude alors que l’INSPQ tente de démontrer autre chose. Le ministère n’a pour le moment transmis aucune directive spécifique pour l’application de la mesure. On parle uniquement d’une zone restreinte pour le moment, sans en préciser les critères.
Depuis le début de la pandémie, la FIQ régionale et la CSN réclament l’adoption de cet équipement de protection pour le personnel exposé à la COVID-19 à l’extérieur des soins intensifs dédiés à la maladie. Le gouvernement a exclu chacune des demandes, dont la mise en place d’un projet-pilote, alors que la COVID-19 faisait des ravages dans les CHSLD de la région et les hôpitaux.
« Dans la Réserve faunique des Laurentides, le gouvernement du Québec a décidé de mettre des clôtures parce qu’il y avait des possibilités que des orignaux entrent en collision avec des voitures. Mais dans le réseau de la santé, alors qu’on savait qu’il y avait des possibilités qu’il y ait des travailleurs infectés par la COVID-19, on n’a pas cru bon d’ajouter le masque N95 comme mesure additionnelle ou de précaution », insiste la présidente de la FIQ régionale.
« C’est quoi une zone restreinte ? Une chambre de CHSLD ou une chambre à quatre lits de l’hôpital ? », se questionne Julie Bouchard, qui signale que pour certaines personnes, la zone restreinte est un placard.
« On ne laisse encore aucune place au jugement professionnel, auquel cas la personne pourrait décider du choix de son équipement de protection en fonction du risque qu’elle évalue. On va encore attendre (la décision de) l’INSPQ comme on le fait depuis le début. On attend toujours après l’INSPQ et on est les moins bons au Canada avec 30 000 employés de la santé contaminés et plus de 10 000 décès, dont 262 dans la région. »
Le second critère connu est celui d’au moins deux cas pour confirmer une éclosion et le port du masque N95. Les scénarios des CHSLD Jacques-Cartier, Isidore-Gauthier, de la Colline et des hôpitaux d’Alma et Chicoutimi, ainsi que plusieurs RPA, ont démontré que lorsque le premier cas est confirmé, il est trop tard puisque le virus s’est déjà propagé à des dizaines de personnes.
« On doit se souvenir du début de la pandémie. Pour l’INSPQ, le masque de procédure ou le couvre-visage fabriqué n’étaient pas nécessaires. Finalement, on a conclu que le port du masque, dont le masque de procédure, était nécessaire. C’est toujours la même chose. Ils se défendent toujours en affirmant que nous faisons face à une pandémie. Mais ce n’est pas la première pandémie et il y a eu d’autres exemples de maladies qui se propagent, comme l’ebola. »

Un peu trop tard
Le président du syndicat des préposés aux bénéficiaires de la FSSS-CSN du CIUSSS, Gaston Langevin, est évidemment heureux de cette nouvelle mesure de protection pour les travailleurs. Les préposés ont été parmi les plus nombreux à devenir la cible du virus dans les CHSLD. La FSSS-CSN maintient depuis le début de la pandémie qu’il est nécessaire de mieux protéger les travailleurs dans les zones chaudes et a exigé l’élargissement du masque N95.
« Mieux vaut tard que jamais, mais nous sommes un peu tard, avec la fin de la deuxième vague, alors que nous avons encore eu des problèmes importants de contamination au sein de nos équipes », a fait valoir M. Langevin.
La transmission du virus par aérosols a été établie depuis un certain temps avec une assez grande certitude. Malgré cette démonstration, Gaston Langevin rappelle que des travailleurs de la santé ont été dans l’obligation d’oeuvrer dans des édifices dotés de systèmes de ventilation désuets qui ont pu contribuer à la transmission.