Les forestiers réclament une rencontre avec François Legault

(Rocket Lavoie / Le Quotidien)

Une centaine de manifestants de l’industrie de la forêt se sont rassemblés dans le stationnement de l’hôtel Delta de Jonquière jeudi après-midi dans le cadre du caucus présessionnel de la CAQ. Même s’ils ont pu discuter une quinzaine de minutes avec la ministre de la Forêt Maïté Blanchette-Vézina, ils persistent et signent  : ils veulent une rencontre avec le premier ministre François Legault et réclament la tenue d’états généraux sur la forêt.


Six organisations étaient représentées à la manifestation, soit la Fédération québécoise des coopératives forestières, Alliance forêt boréale, l’Association des entrepreneurs en travaux sylvicoles du Québec, l’Association québécoise des entrepreneurs forestiers, la Fédération de l’industrie manufacturière CSN et Unifor.

Une centaine de manifestants étaient présents.

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’industrie forestière touche 34 municipalités sur 65, totalise 20 000 emplois directs, indirects et induits et totalise un milliard de dollars en masse salariale.



«L’aide qui a été consentie ne répond absolument pas aux besoins de l’entreprise ni des travailleurs, a dit Daniel Cloutier, directeur québécois d’Unifor, en lien avec les feux de forêt. Et on avait déjà des enjeux par exemple au niveau de la cohabitation entre la faune et tout ce qui se passe en forêt. Avec 1,5 milliard d’hectares de perdu, avec l’obligation qu’on a de reboiser ça le plus rapidement possible, et le fait qu’à l’été prochain, ces hectares-là vont perdre de la valeur, il y aura peu d’intérêt commercial à les récolter. Il faut le récolter et il faut replanter.»

Des états généraux

L’industrie forestière réclame des états généraux sur la forêt le plus rapidement possible. Le but serait de rassembler «l’ensemble des acteurs, les industriels, les Premières Nations, les groupes environnementalistes, les travailleuses et les travailleurs et tous les gens qui jouissent de la forêt pour chasse, pêche villégiature, écotourisme», a ajouté M. Cloutier.

Une heure après le début de la manifestation, la ministre de la Forêt Maïté Blanchette-Vézina est sortie pour discuter pendant une quinzaine de minutes avec les représentants des différentes organisations. Elle s’est dite en mode écoute, mais n’a pu promettre une rencontre avec le premier ministre Legault comme demandé. Elle s’engage toutefois à rencontrer de nouveau l’industrie.

Du bois brûlé avait été amené sur le site de la manifestation.

«On a mis en place certains programmes, il y a des cellules de crise qu’on a mises en place aussi dans le cadre des feux de forêt pour améliorer la fluidité. On va revenir aussi avec des solutions qui sont conjointes avec l’industrie forestière, sortir des plans spéciaux de récolte pour aller chercher le plus rapidement la fibre avant qu’elle ne soit affectée par les insectes. […] Ce que je me suis engagée à faire, c’est de les rencontrer pour poursuivre ces discussions-là et continuer d’être à l’écoute pour adapter les mesures en ajustement des pratiques forestières», a mentionné la ministre après la rencontre.



Quant aux états généraux, elle n’a pas voulu s’engager, disant plutôt avoir reçu un rapport du forestier en chef du Québec qui est en cours d’analyse.

Aide insuffisante

L’industrie forestière prétend que l’aide de 50 millions de dollars déjà accordée n’est pas suffisante. La ministre Blanchette-Vézina lui demande donc de préciser dans quelle mesure elle est insatisfaisante afin que des ajustements puissent être apportés.

«On est en analyse avec eux. On a aussi mis en place un programme pour aider les travailleurs sylvicoles, ceux qui sont sur le terrain, en leur fournissant des avances, en leur mentionnant que s’ils n’atteignent pas leurs objectifs de récolte cette année, ils ne seront pas pénalisés dans leur contrat. Donc ça fait partie des solutions qu’on a envisagées et on demeure à l’écoute.»

Après la rencontre, le directeur général de l’Association des entrepreneurs en travaux sylvicoles du Québec, Fabien Simard, a qualifié la rencontre comme étant «bonne et franche». Mais il a toutefois assuré que l’industrie continuerait de se faire entendre tant et aussi longtemps qu’une rencontre n’aurait pas lieu avec le premier ministre.

«C’est le chef d’orchestre, c’est le seul qui peut dénouer l’impasse. Parce que chaque fois qu’on a un enjeu, on se promène entre deux, trois ministères, et la balle se promène d’un bord et de l’autre. Elle [la ministre] va nous rencontrer, ça va nous faire plaisir de la rencontrer, mais nous, l’objectif, c’est de rencontrer M. Legault. Les états généraux, tels qu’on les a demandés, c’est gros, ça va interpeller plusieurs ministères, et c’est juste M. Legault qui peut aller de l’avant», a déclaré M. Simard.

Et selon lui, le fait que la ministre soit sortie du caucus pour leur parler envoie le message qu’elle s’occupe bien de ses dossiers.



«On a passé l’été à se faire dire à quel point la forêt c’est important pour le gouvernement. Ce qu’on attend, ce sont des actions», a ajouté Daniel Cloutier d’Unifor.

En début de journée, le premier ministre Legault a réitéré que c’est «une industrie qui est très très importante au Saguenay-Lac-Saint-Jean». Et il a rappelé une fois de plus l’importance de l’équilibre.

«L’important, c’est d’avoir un équilibre, si on parle par exemple de la protection du caribou et des emplois en forêt, l’important c’est d’avoir un équilibre. Je pense que c’est la grande force de la CAQ, d’essayer de marier et l’environnement et l’économie.»

Les milieux de la santé et de l'éducation se sont aussi fait entendre.
Les députés de Roberval et de Lac-Saint-Jean, Nancy Guillemette, sont aussi sortis quelques minutes au début du rassemblement. Ils en ont profité pour serrer des mains et réitérer qu’ils seraient à l’écoute. Les organisateurs en ont profité pour leur remettre un arbre, un geste symbolique.

Santé et éducation

Les milieux de la santé et de l’éducation manifestaient également à l’extérieur de l’hôtel. Là aussi, une centaine de membres s’étaient rassemblés. Nicole Émond, présidente du Syndicat de l’enseignement De La Jonquière, syndicat CSQ, et Karine Ferland, représentante nationale pour l’APTS, ont pris la parole.

«On est en front commun pour dire au gouvernement qu’on est en négociations, et qu’actuellement, c’est pratiquement bloqué. Nous avons des discussions très à l’opposé, c’est important de négocier, on veut le faire, mais le gouvernement met des fins de non-recevoir sur plusieurs de nos demandes, notamment sur la question salariale. […] C’est majeur ce qui se passe en ce moment dans le secteur public, c’est une question de survie des services publics cette négociation-là», ont-elles dit.