« La tradition canadienne qui permet de rendre hommage à des dignitaires régionaux ou locaux en leur conférant un grade militaire honorifique remonte à 1857 », apprend-on sur le site des Forces armées canadiennes. « Ce sont d’anciens officiers de la Force aérienne, ou des citoyens canadiens qui se sont distingués ou qui sont des personnalités connues dans une vaste gamme de secteurs. »
C’est en tant que leader du monde des affaires reconnue au sein des Premières Nations et plus particulièrement au sein de sa communauté, à Mashteuiatsh, que Mélanie Paul a été nommée Colonelle Honorifique le 14 juin dernier, lui conférant un grade militaire.
Correction
Dans une version précédente du texte, il était indiqué que Mélanie Paul était la première femme autochtone au pays à recevoir le titre de Colonelle Honoraire. Or, d’autres femmes autochtones ont reçu cette nomination honorifique par le passé. Mélanie Paul est toutefois la première au sein du 3e Escadron de soutien de mission à Bagotville.
« J’accueille avec humilité les apprentissages que notre organisation pourra faire suite aux apports des Premières Nations et je suis remplie de respect et d’enthousiasme face à la collaboration que nous aurons avec Mme Paul », a mentionné la lieutenante-colonelle Annika Roussel, commandante du 3 ESM de Bagotville par voie de communiqué.
« Je suis très honorée que l’on ait pensé à moi », a pour sa part mentionné Mélanie Paul en entrevue. « Je crois que c’est un pas de plus vers la réconciliation et je veux aider à bâtir des ponts entre les Premières Nations et l’armée ».
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« Cette nomination constitue un honneur qui souligne bien l’importance de son travail qui vise notamment l’inclusion et la reconnaissance des autochtones dans le milieu des affaires », a commenté Guylaine Simard, vice-chef de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, présente lors de la célébration.
Pour Mélanie Paul, l’idée de faire changer les mentalités, de faire connaître les biais inconscients et de tisser des ponts fait partie de son ADN. Comme elle l’a toujours fait pour faire connaître les réalités des Premières Nations, elle souhaite maintenant profiter de son rôle de Colonelle Honoraire pour faire de même avec les Forces armées canadiennes.
« Je dois avouer que j’avais moi-même des barrières inconscientes envers l’armée à cause des histoires négatives que l’on entend dans les médias, dit-elle. Mais il y a plein de choses positives dans l’armée, des gens extraordinaires qui viennent en aide aux populations dans le besoin lors de catastrophe, comme ce fut le cas cet été avec les feux de forêt. »
Un long processus
Le processus de nomination en tant que Colonelle Honoraire a commencé il y près de deux ans, lorsque Luc Boivin, entrepreneur de La Baie nommé lui aussi en tant que Colonel Honoraire en 2016, a proposé la candidature de Mélanie Paul au comité de sélection.
C’est à ce moment que cette dernière a été informée du rôle d’une Colonelle Honoraire, un titre bénévole, soit de démystifier le rôle de l’armée auprès de la population en général et de faire connaître l’armée comme alliée de la population.
Le processus administratif de cette démarche a duré près de deux ans, car les nominations doivent être approuvées par le lieutenant-gouverneur du Canada et le ministère de la Défense. Bien que Mélanie Paul ait reçu sa lettre d’acceptation en octobre 2022, la cérémonie officielle ne s’est faite que le 14 juin dernier, à la base de Bagotville, lors du passage du premier ministre Justin Trudeau.
Mélanie Paul a également participé à un rassemblement national des Colonels Honoraires où elle a pu en apprendre davantage sur les rouages de l’armée. « C’est un peu une grande entreprise qui a aussi des défis de main-d’œuvre, qui doit respecter les normes environnementales et qui doit gérer des coûts », soutient l’entrepreneure qui souhaite partager son expertise entrepreneuriale avec l’armée lorsque le besoin se fera sentir.