Organisée partout à travers la province, l’initiative citoyenne Parlons éducation avait au préalable identifié cinq sujets représentant des enjeux ou des questionnements en lien avec l’éducation. Parmi ceux-ci figuraient l’inclusion sociale et culturelle, la valorisation et le respect des compétences professionnelles du personnel scolaire ainsi que la place de l’école en 2023, voire sa mission.
« L’expression est peut-être clichée, mais ça prend tout un village pour éduquer un enfant. C’est un peu le sens commun de quelques discussions qu’on a eues. En échangeant, on partage des problématiques réelles et on essaie de réfléchir collectivement à des pistes de solution. On est bien conscients cependant qu’il n’y aura pas de solution magique. Ça ne se fera pas d’un coup de baguette comme ça », lance Stéphane Allaire, un enseignant à l’UQAC qui jouait le rôle d’animateur d’un des groupes de discussion.
Les gens prenant part à l’activité étaient en effet divisé en trois groupes d’une vingtaine de personnes chacun. « L’idée c’était de permettre à tout le monde de faire valoir son point de vue. En grand groupe, ça aurait été plus difficile d’entendre tout un chacun », explique M. Allaire.
L’inclusion sociale et culturelle
En ce qui a trait à la thématique de l’inclusion, plusieurs éléments ont été identifiés par plus d’un participant comme étant saillants. « La réalité des élèves autochtones est très peu mise de l’avant. Je pense sincèrement qu’ils sont oubliés dans nos écoles », pointe Nicole Émond, enseignante dans une classe d’adaptation scolaire.
Les ressources pour les étudiants en difficulté ont également constitué un point chaud des discussions. « Les gens se questionnent à savoir si les ressources sont suffisantes. Le point qui a été amené aussi, c’est que les ressources ne sont pas forcément accessibles rapidement lorsqu’il y a un besoin », souligne l’enseignant à l’UQAC portant aussi le chapeau d’animateur.
Pour Jean-François Boivin, professeur à l’éducation aux adultes, une véritable ségrégation s’observe dans le système actuel entre les programmes particuliers et ceux généraux. « Souvent les activités en parascolaire sont offertes aux jeunes qui sont en sports-arts-études ou dans une concentration particulière, alors que les élèves au régulier, eux, ne peuvent pas bénéficier de ce genre d’activités. Pourtant ce sont eux qui y gagneraient le plus », convient-il.
Une charge trop lourde et un manque de cohésion
Un constat qui est ressorti du lot lorsque la question de surcharge professionnelle a été abordée s’avère être que tous les problèmes de société semblent être lancés vers le système d’éducation. « Quand on parle de plus faire bouger les jeunes à l’école pour contrer les problèmes d’obésité, il faut quand même être conscient que ça implique que des heures de français, de mathématiques ou d’anglais par exemple vont être enlevées », dénote Stéphane Allaire.
Le manque de continuité entre les diverses étapes de la scolarisation au Québec est frappante, dit Nicole Émond. « Il n’y a pas de cohérence. Ça ne se parle pas. Entre le primaire, le secondaire, le cégep et l’université et toutes les autres instances, il y a un manque de communication. Il y a des consultations qui se font certes, mais ce n’est que pour la forme. Au final, ce qu’on entend, c’est que c’est décidé et que ça va rester de même. »
L’évolution numérique des moyens de communication vient aussi peser son poids dans la balance dans les échanges parents et enseignants, confie M. Allaire. « L’enseignant qui investit du temps à répondre aux parents, en a moins à consacrer à la recherche d’activités originales et novatrices. »
De l’édification d’idées
Tout au long de l’événement, dans les différents groupes, les discussions sont demeurées constructives et même complémentaires. « Quelle que soit la provenance des participants, on voit l’importance que les gens accordent à l’éducation et ça revient à définir sa mission, soit socialiser, éduquer et instruire », laisse savoir Jean-François Boivin.
Dans la foulée de l’organisation de ces forums partout à travers le Québec, les jeunes, qui sont à même d’énoncer ce qu’ils souhaitent pour une éducation meilleure à l’avenir, n’ont pas été oubliés. « C’est certain que le concept de forum ce n’est pas ce qui rejoint le plus les jeunes. C’est pourquoi, des activités ont été proposées dans toutes les classes du Québec afin de permettre aux principaux intéressés de s’engager dans la discussion », conclut Stéphane Allaire.