
900 kilomètres sur le chemin de Compostelle ... à 18 ans!
Jessy Bluteau désirait accomplir quelque chose de spécial. En année sabbatique pour terminer ses « maths fortes » en vue de son cours à l’Institut maritime du Québec à Rimouski, le jeune homme se cherchait un projet spécial. « J’aime beaucoup la randonnée et j’aime rencontrer des gens. J’ai pensé marcher le chemin de Compostelle, afin de me ressourcer et de réaliser un défi en même temps », raconte le jeune homme, qui est rentré à la maison le 10 juin.

C’était son premier voyage à l’étranger et sa mère, Manon Marcil, admet qu’elle était un peu inquiète. « Je trouvais que c’était un gros projet pour un jeune, seul en plus ! Mais lorsque j’ai vu qu’il était sérieux dans sa démarche et qu’il voulait vraiment le faire, on a commencé à préparer le voyage comme il faut », explique Manon Marcil, qui est évidemment bien fière de son plus jeune fils.
Après trois jours de vols, de transferts et de voyages en train, Jessy Bluteau a mis le pied sur le chemin le 6 mai. Il aura marché les 900 kilomètres du Camino Frances, le plus couru des chemins qui mènent à Saint-Jaques-de-Compostelle, en environ 28 jours.

« La première semaine a été très difficile, car c’est une montée qui dure très longtemps. J’avais mal aux jambes et j’étais un peu épuisé à cause de mon sac à dos. Mais après, mon corps s’est habitué et je marchais en moyenne 25 à 35 kilomètres par jour », souligne Jessy Bluteau. Le jeune homme se levait très tôt pour marcher jusqu’à environ 14 h, après quoi il prenait du repos dans les différents refuges qui jonchent le célèbre parcours. La chaleur et l’humidité étaient ainsi moins exténuantes.
Jessy Bluteau aimait déjà la randonnée pédestre, mais n’en avait jamais fait une de plus d’une journée. Il s’est donc attaqué à l’une des randonnées les plus célèbres du monde sans grande expérience. Son jeune âge a sûrement été bénéfique pour lui, puisqu’il n’a pas souffert ni d’ampoules aux pieds ni de douleurs musculaires insupportables. S’il a adoré les paysages des Pyrénées et tous les petits villages visités au passage, c’est la rencontre avec des pèlerins des quatre coins du globe qui a le plus marqué le Baieriverain.

« J’ai vraiment beaucoup aimé discuter avec les gens le soir, lorsque j’étais en pause, mais le jour, je marchais seul. Nous nous retrouvions le soir, dans les refuges, car nous marchons tous à notre propre rythme. J’ai d’ailleurs rencontré deux dames très gentilles du Québec et nous nous sommes suivi un bon bout de temps. J’ai gardé contact avec elles », souligne-t-il.
La surprise de voir un jeune adulte de 18 ans se lisait sur le visage de bien des pèlerins. En un mois, Jessy Bluteau n’a pas rencontré de marcheurs aussi jeunes que lui.

« Les gens me demandaient souvent mon âge, ils étaient étonnés. Surtout que j’étais seul. Mais je voulais vraiment accomplir quelque chose en solitaire, pour devenir plus autonome, plus débrouillard. Et aussi me ressourcer avant de commencer mon cours en navigation », indique celui qui n’avait pas de motivation religieuse à faire le parcours.
Jessy Bluteau montre son passeport du pèlerin avec un sourire rempli de fierté. Après son arrêt à Saint-Jacques-de-Compostelle, il a fait la route jusqu’à la mer, afin de terminer le chemin de 900 kilomètres.

« C’est drôle, car on reçoit un certificat du pèlerin dès qu’on parcourt 100 kilomètres, alors les 100 kilomètres avant Saint-Jacques-de-Compostelle, il y a plein d’autobus de touristes qui débarquent pour faire les derniers 100 kilomètres ! Disons que l’atmosphère change beaucoup, c’est plus touristique », a indiqué le jeune homme, qui aimerait même retourner en Espagne pour faire le chemin qui longe la côte. « J’aimerais beaucoup le refaire, encore une fois seul, car ça nous en apprend beaucoup sur nous-mêmes », a souligné Jessy.
Mais pour le moment, le jeune homme se prépare à déménager à Rimouski, où il suivra son cours pour devenir officier de navigation. Son rêve ? Travailler comme officier sur les cargos.

Berger et apiculteur
Visiblement, Jessy Bluteau aime les choses qui n’attirent pas la majorité des jeunes de son âge. La nature lui plaît beaucoup et durant ses études secondaires, il travaillait comme berger à la Ferme Solidar et comme apiculteur pour un autre employeur. « J’avais la phobie des abeilles et des guêpes. Je voulais vaincre cette peur, alors je me suis dit que de travailler en apiculture serait un bon moyen ! Ç’a marché finalement et même si ça me stressait un peu au début, j’ai appris à aimer ça », a souligné Jessy Bluteau, qui a également travaillé comme berger, alors qu’il était attitré à la traite des brebis.
+ COMPOSTELLE EN QUELQUES POINTS
En 2018, 327 378 pèlerins ont marché le chemin de Compostelle
Le pèlerinage est réalisé autant par des hommes que par des femmes, avec des statistiques de 50% chacun.
Les moins de 30 ans représentent 26,8% des marcheurs, les 30 à 60 ans 54,8% et les plus de 60 ans 18,3% des marcheurs.
Il existe six principaux chemins, mais le plus populaire est le Camino Frances, avec 186 199 marcheurs en 2018.