
40 ans de lutte à la pauvreté au Lac-Saint-Jean
Au quotidien, ceux qui œuvrent au sein de l’organisme sans but lucratif, qui assure la défense collective et individuelle des droits des personnes assistées sociales et à faible revenu de la MRC, travaillent à la révision de dossiers, à la vulgarisation et l’analyse de l’actualité et des lois en plus d’offrir une oreille attentive à la clientèle.

La directrice générale de l’organisme, Manon Girard, est d’avis qu’encore aujourd’hui les préjugés persistent autour de ces personnes. « Au Québec, il y a environ 6 % des gens qui ont recours à l’aide sociale. Quand on en parle, on a l’impression que c’est 50 % du budget du Québec. On en parle comme si c’est épouvantable, comme si c’est cher. On en parle avec des préjugés qui les traitent de paresseux, même de déchets », mentionne-t-elle.
Chaque semaine, des personnes se rencontrent afin de participer à l’info-lois. Une analyse et une vulgarisation de l’actualité y sont faites. Les services d’Accès conditions vie Lac-Saint-Jean-Est se déploient également à travers Facebook. Le réseau social permet de répondre rapidement à des questions.

La révision de dossiers de défense de droits occupe le quotidien de la petite équipe de l’organisme. Chaque semaine, plusieurs dossiers se retrouvent sur leurs bureaux. Les bénéficiaires sans revenu occupent également le travail de la directrice générale et de l’intervenante, Alison Beaumont-Pednault.
Loi inhumaine
« C’est une loi, c’est un droit. Au Québec, on s’est assumé. On s’est assuré que comme peuple, personne n’aurait faim chez nous. Et on ne respecte même pas notre loi. C’est difficile de renverser tout cela », fait remarquer Mme Girard en parlant de la Loi sur l’aide sociale. « C’est une loi qui est inhumaine. C’est une loi qui est allergique à l’amour. C’est une loi qui ne permet pas de s’en sortir. C’est une loi qui nous juge et qui est très complexe », laisse-t-elle tomber.

Mme Girard cite en exemple le cas d’une dame dont la mère qui souffrait d’Alzheimer habitait avec elle. Les coupes de prestation faites pendant 10 ans ont représenté des pertes de l’ordre de 12 000 $. La directrice générale d’Accès conditions vie Lac-Saint-Jean-Est rappelle qu’une simple mention d’un médecin ou le conseil d’une agente auraient évité ces pertes notables.
Bien malin celui qui osera dire à Manon Girard que l’aide sociale est un choix. « C’est faux ! En 30 ans, je n’ai jamais rencontré personne qui m’a dit : quand j’avais huit ans, je rêvais d’être à l’aide sociale. Personne ne rêve d’avoir faim, de ne pas payer son loyer. Que fait-on avec 669 $ par mois ? », expose-t-elle.
Mme Girard rejette du revers de la main le fait que d’offrir plus à ces personnes les éloignerait du marché du travail. « Des études démontrent l’inverse. La bonification de l’aide aux familles monoparentales a permis de sortir plus de 50 % de ces personnes de l’aide sociale », réplique-t-elle.