Un manque de planification à Saguenay, déplore l’économiste Gilles Bergeron

Gilles Bergeron pointe notamment vers un manque de vision pour le plan triennal d’immobilisations.

Passer de la promesse d’un gel du compte de taxes en campagne électorale à la proposition d’une hausse de 2 % par année, deux ans plus tard, « ça n’a pas de bon sens », croit l’économiste Gilles Bergeron. Et ce manque de planification, comme il le décrit, jumelé à tous les remous des dernières semaines au conseil de ville de Saguenay, risque de plomber la confiance des investisseurs, entre autres effets.


« C’est clair que quand vous envoyez des messages aussi contradictoires sur une aussi courte période de temps, le message que vous envoyez, c’est que vous ne savez pas où vous vous en allez. Et ça pour des entreprises, pour des investisseurs, ça cause des problèmes », résume simplement l’ancien professeur à l’UQAC, qui se dit peu impressionné par l’idée récente de Michel Potvin d’investir 1 milliard de dollars à Saguenay d’ici 7 ans.

« Ils ne sont pas capables de planifier pour quatre ans, alors que ça faisait partie de leur mandat, donc je ne leur fais aucunement confiance pour planifier sur 10 ans. »



Le président de la Commission des finances et Julie Dufour bénéficient pourtant tous deux d’une longue expérience au conseil de ville, fait-il valoir, et donc d’une connaissance des enjeux qui y prévalent. Malgré tout, Gilles Bergeron remarque surtout l’absence d’un plan de match clairement défini pour le mandat actuel, lui qui pointe vers un plan triennal d’immobilisations souffrant d’un manque de vision et dont les projets sont ficelés « à la dernière minute ».

Gilles Bergeron enseignait l'économie à l'UQAC, avant sa retraite.

« Si vous regardez par exemple le plan d’immobilisations de la Ville depuis deux ans, à la fois pour les nouveaux investissements et pour l’entretien des installations existantes, c’est très, très faible comparé à des villes comme Trois-Rivières ou Sherbrooke. On s’aperçoit que la Ville n’est pas en mesure d’entretenir correctement ses infrastructures », soulève l’économiste, ajoutant que les conflits à l’intérieur même du conseil rendent cette planification encore plus difficile.

Par ailleurs, la mésentente entre certaines personnes à l’hôtel de ville et la ministre Andrée Laforest, au sujet d’un projet comme celui du Centre Georges-Vézina, ces dernières semaines, amène aussi Gilles Bergeron à se questionner.

« On s’aperçoit qu’à quelque part, il n’y a pas de cohérence à l’intérieur du processus de prise de décision, et ce n’est pas un climat favorable à ce que les gens regardent le développement sous un angle positif », soutient celui pour qui la question de l’économie est intimement liée à la confiance.

Si le manque de planification et de débats publics est à ses yeux une « tradition » depuis longtemps à Saguenay, l’économiste voit là l’une des situations les plus difficiles des 30 dernières années, à l’hôtel de ville. « C’est très particulier dans la situation actuelle, surtout quand on a des gens avec de l’expérience, qui connaissaient bien la ville, on se serait attendu à beaucoup mieux là-dessus. »