« On va faire un blocus jusqu’à ce que des représentants des gouvernements québécois et canadiens viennent nous rencontrer pour signer une entente reconnaissant les droits coutumiers des chefs héréditaires légitimes sur les territoires familiaux », explique Jonathan Thisselmagan, un Innu possédant un territoire dans le parc de Chibougamau et qui fait partie des chefs de territoire ayant organisé un blocus forestier à Girardville.
Une dizaine de chefs de territoire feraient partie du regroupement dénommé Ka kanuelitak utassinuan, lequel demande une rencontre avec les deux paliers de gouvernement par la voie des médias. C’est à l’occasion d’une telle rencontre que sera présenté un document de revendications, qu’ils devront signer, pour mettre fin au blocus.
Selon la reconnaissance du droit coutumier, ce sont les chefs de territoire qui devraient recevoir les redevances sur les ressources naturelles exploitées, notamment les redevances forestières. « Ça va de soi que ça revient aux chefs de territoire, dit-il, mais nos revendications vont plus loin que ça, parce que notre cause première est la reconnaissance du droit coutumier. »
Selon ce dernier, les chefs de territoire détiennent des droits ancestraux sur leur territoire, qui sont reconnus par divers articles dans la constitution et dans les lois. « Le chef [du Conseil de bande de Mashteuiatsh, Gilbert Dominique] niaise entre les droits collectifs et individuels, et c’est méprisant pour les membres, soutient Jonathan Thisselmagan. On revendique le droit coutumier des familles de protéger le territoire. »
Selon ce dernier, le conseil de bande n’a pas de pouvoir en dehors de la réserve et ses appuis démocratiques sont faibles, car la majorité des membres n’ont pas voté. « C’est un système démocratique qui vient de l’Europe et qui a été imposé par le colonisateur », souligne l’homme, qui se dissocie au passage du collectif Mashk Assi.
À l’heure actuelle, le transport de bois serait affecté par ce blocage, mais les opérations de récolte seraient toujours en cours.
« C’est nos territoires et on veut les ravoir », a soutenu Denyse Xavier, une des instigatrices. La semaine dernière, c’est sur son territoire familial que le collectif Mashk Assi est venu bloquer un chemin forestier, mais cette dernière n’est pas membre de ce collectif.
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Le collectif Mashk Assi pas impliqué dans ce blocage
Mashk Assi tient par ailleurs à se dissocier des propos tenus par Denyse Xavier la semaine dernière. « On ne contrôle pas les paroles des gens et on n’utilise pas Facebook pour faire nos déclarations, remarque Michaël Paul, un des membres du collectif Mashk Assi, ajoutant que le collectif demeure toujours respectueux lors de ses revendications. On observe ce qui se passe avec le blocage [à Girardville], mais on n’est pas impliqués. »
Pour l’instant, Mashk Assi a déposé une mise en demeure à Produits forestiers Résolu, demandant un moratoire d’un an sur la récolte de bois vert, en attendant de voir ce qu’il se passe. « Si on fait une prochaine action, on le fera avec encore plus d’alliés », note Michaël Paul, ajoutant qu’une analyse juridique est en cours.