Les résidents d’Oujé-Bougoumou s’installent à Chicoutimi

Cette femme a roulé toute la nuit avec sa famille, dont cinq enfants. Mercredi matin, elle avait de la misère à retenir ses larmes.

L’ambiance était lourde, mercredi matin, dans le stationnement du centre d’accueil du Cégep de Chicoutimi. Plusieurs résidents de la communauté crie d’Oujé-Bougoumou évacués mardi soir en raison des feux de forêt avaient roulé toute la nuit pour trouver refuge à Saguenay.


«Je suis parti d’Oujé à 19h15 hier soir et je suis arrivé à 2h45, a confié Carl Bosum. Le trafic était très long.»

[Section spéciale sur les feux de forêt]

Celui qui s’est dit «fatigué et un peu découragé» a fait la route seul. Sa conjointe et ses enfants étaient déjà à Montréal. Ils devraient le rejoindre aujourd’hui à Chicoutimi.

Carl Bosum attend sa conjointe et ses enfants. Ils se trouvaient à Montréal lorsque l'avis d'évacuation a été donné. Ils devraient arriver aujourd'hui à Chicoutimi.

«Hier, il y avait beaucoup de boucane. C’est pour ça qu’on est sorti. J’ai vu des photos ce matin et c’est encore comme ça», a-t-il dit, avouant garder espoir de pouvoir rentrer à la maison ce soir ou demain.

M. Bosum a eu le temps de prendre des choses. Lorsque l’avis d’évacuation a été donné, les résidents du Nord-du-Québec avaient cinq heures pour quitter. Et mercredi matin, il disait avoir un bon moral. Pendant que ses concitoyens dormaient encore ou continuaient de s’installer, il avait pris le temps d’aller chercher du café chez Tim Hortons.

Un peu plus loin, la situation était plus difficile à digérer pour une jeune mère de famille qui avait de la difficulté à retenir ses larmes. Elle avait fait la route avec ses cinq enfants et son conjoint. Au total, ils sont neuf personnes à la maison. Ils ont franchi les portes du Cégep de Chicoutimi à 3h30 dans la nuit.

Quand on lui a demandé si elle se sentait bien accueillie, si elle était bien installée, elle a hésité avant de dire que ce n’était pas toujours sympathique, eux qui sont installés sur des lits «de prison». «Des lits de l’armée!», a ajouté un homme qui l’accompagnait.

En ce moment, il y aurait environ 450 personnes dans les différents centres d’hébergement, soit au cégep et à l’aréna de l’UQAC.

Pour respecter la dignité des personnes évacuées, l’accès au centre d’accueil du Cégep de Chicoutimi n’est pas autorisé aux médias. Il s’agit d’une consigne du centre des mesures d’urgence qui n’est pas unique à la situation actuelle, nous dit-on. Toutes les communications relèvent de la Ville de Saguenay. Les responsables du Cégep de Chicoutimi et de l’UQAC ne sont donc pas autorisés à parler. En ce moment, il y aurait environ 450 personnes dans les différents centres d’hébergement, soit au cégep et à l’aréna de l’UQAC.

Le mode alerte de la Ville de Saguenay, via le comité de sécurité civile du Service de sécurité incendie, a été déclenché mardi en fin de journée.

«C’est le Service de la culture, des sports et de la vie communautaire, avec l’aide du Service de l’aménagement du territoire et urbanisme, qui coordonne actuellement l’ouverture et l’opération des desdits centres. [...] Ces gens doivent être logés, nourris, encadrés, pour une période indéterminée. Des intervenants du CIUSSS Saguenay Lac-Saint-Jean sont également sur place pour apporter un support psychosocial aux personnes dans le besoin», a mentionné la Ville par communiqué de presse.

La mairesse Julie Dufour tiendra un point de presse à l’hôtel de ville à 14h45. Elle sera accompagnée de Carol Girard, directeur du Service de sécurité incendie et coordonnateur des mesures d’urgence.

Toutes les communications relèvent du centre des mesures d'urgence. Le centre de contrôle se trouve d'ailleurs au Cégep de Chicoutimi.