
1,2 million de dollars amassés en 11 ans pour la fondation Sur la pointe des pieds
La matinée est glaciale, avec le thermomètre qui affiche -25 °C. Il fait si froid qu’une fine brume masque partiellement le soleil qui rayonne sur le lac Saint-Jean. Une température idéale pour commencer la première des trois traversées du Piekouagami, lance Mario Bilodeau, le cofondateur du Double défi des deux Mario, avec son ami Mario Cantin.

« C’est un défi intérieur et physique de dépassement de soi, qui est devenu un rituel depuis 12 ans », lance-t-il tout sourire, en m’invitant à rencontrer une jeune participante, qui a participé à deux expéditions de la Fondation sur la pointe des pieds, au réservoir du Poisson Blanc, puis dans le parc Assiniboine, dans l’Ouest canadien.
« La fondation m’a tellement aidée, que pour moi, c’était la meilleure façon de redonner à la fondation, explique Janny Mondor, 21 ans. Les expéditions ont changé ma vie, en me permettant de voir la maladie autrement. J’ai appris que j’étais beaucoup plus forte que je ne le pensais ».

Au fil des discussions, elle s’est rendu compte qu’elle était atteinte du même cancer, s’attaquant à l’enveloppe des nerfs du cerveau, qu’a développé Mario Bilodeau, lorsqu’il avait 20 ans. « J’étais surprise de voir quelqu’un qui avait la même chose que moi, parce que c’est un cancer très rare, dit-elle. Je trouve ça inspirant de voir tout ce que Mario réalise dans sa vie ».
En cette 12e édition, elle accompagnera un groupe formé majoritairement des collègues de Mario Cantin, vice-président à la Banque Nationale. « À force d’en parler à tout le monde au travail, il y a de plus en plus de gens qui veulent venir traverser le lac Saint-Jean chaque année, dit-il. D’habitude, il y a 10 ou 15 personnes, mais cette année, il y en avait 25. » Ce dernier souligne que la majorité d’entre eux n’ont jamais fait de camping d’hiver, et qu’ils participent à l’événement pour dépasser leurs limites.

Et c’est exactement ce que souhaite faire Nicolas Milette, un collègue montréalais de la Banque Nationale. « Je n’ai jamais vécu une telle expérience et je n’ai jamais couché dans une tente l’hiver, dit-il. Ça va me faire sortir de ma zone de confort, mais j’ai décidé de lâcher prise et de me laisser porter par la découverte. »
Marie-Claude Thériault a tellement été séduite par l’expérience l’an dernier qu’elle a décidé de s’inscrire à nouveau cette année. « C’est tellement une belle cause et une belle expérience humaine », a lancé l’adepte de plein air qui souhaite même devenir bénévole de l’événement l’an prochain.

C’est ainsi que 27 participants tenteront de traverser le lac Saint-Jean, sur les 30 kilomètres qui séparent le parc de la Pointe-Taillon au Village sur glace de Roberval, en trois jours. Par la suite, deux autres traversées auront lieu, du 4 au 6 février, puis du 7 au 9. Au total, 90 personnes participent au Double défi des deux Mario.
Selon Jean-Charles Fortin, le directeur général de la fondation Sur la pointe des pieds, la collecte de fonds de cette année devrait être parmi les meilleures. Ce dernier a également tenu à souligner l’apport de Rio Tinto qui verse 15 000 dollars annuellement à l’organisation en plus d’envoyer plusieurs employés participer aux événements de la fondation.

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MARIO CANTIN EN ROUTE VERS LES SEPT SOMMETS
Après la mort tragique de sa fille, dans un accident de voiture en 2002, Mario Cantin cherchait un sens à sa vie. Lors d’une expédition en ski, il a décidé de se lancer le défi de gravir les sept plus hauts sommets de chaque continent… alors qu’il n’avait aucune expérience en alpinisme. Il a suivi des formations, grimpé le mont McKinley (6190 m), puis le Kilimandjaro (5892 m), l’Aconcagua (6962 m), et l’Everest (8848 m) en 2018. L’été prochain, il compte s’attaquer au mont Elbrouz, en Russie, le plus haut sommet d’Europe à 5642 m. Pour l’occasion, il gravira le sommet avec son fils Anthony, qui en était à sa 6e traversée du lac Saint-Jean avec son père. Au cours des prochaines années, Mario Cantin souhaite terminer sa conquête des sept sommets en gravissant le mont Vinson, en Antarctique, et le Puncak Jaya, en Indonésie. Et il ne compte pas s’arrêter là, car il veut retourner sur l’Everest pour faire l’ascension sur le versant chinois. On lui souhaite bonne chance !
