À Saint-Félicien, un projet d’ensemble résidentiel est dans les cartons sur le site de l’ancien camping Bellevue Sud, mais très peu d’informations sont disponibles à ce sujet, mis à part que le terrain couvre 9,1 hectares, soit près d’un million de pieds carrés. Pour l’instant, la ville comme les promoteurs préfèrent attendre la confirmation du ministère pour changer le zonage du secteur avant d’en dévoiler davantage. Ce n’est qu’en consultant le conseil de la MRC du Domaine-du-Roy que Le Quotidien a pu découvrir que le projet visait la construction de 73 portes.
À Saint-Prime des promoteurs veulent développer un projet résidentiel et écotouristique, en plus de préserver une portion de territoire à des fins de conservation. À la demande de la municipalité, les promoteurs sont venus présenter leur projet aux citoyens, le mois dernier, pour recueillir leurs commentaires avant de demander les approbations gouvernementales de dézonage.
« Le Conseil actuel souhaite bien informer les citoyens et rendre accessibles les informations nécessaires pour bien comprendre les enjeux et les raisons des prises de décision », a soutenu la mairesse de Saint-Prime, Marie-Noëlle Bhérer, pour justifier sa démarche. « C’est un projet très intéressant et la consultation nous a permis d’apprendre des choses, notamment les préoccupations des citoyens du trafic dans le secteur de la rivière et la sécurité de l’accès à la route 169 », a-t-elle ajouté.
Selon Corinne Gendron, professeure titulaire du département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale École des sciences de la gestion de l’UQAM, les citoyens veulent participer à la réflexion quand des projets ayant un impact sur le territoire voient le jour. « La relation de confiance est importante et quand les citoyens ne sont pas sollicités, ils finissent par se demander pourquoi et certains peuvent penser qu’il y a anguille sous roche, dit-elle. Des citoyens peuvent devenir inquiets ou méfiants et ils trouvent des informations qui vont confirmer leur biais de perception, ce qui crée un cercle vicieux ».
Pour favoriser l’acceptabilité sociale d’un projet, il est préférable de coconstruire le projet avec les citoyens. « Il est possible de trouver des synergies avec des projets citoyens pour faire un projet gagnant-gagnant », estime la professeure, tout en ajoutant que les consultations en amont permettent de faire des aménagements qui rassurent les citoyens.
Chaque projet est unique et les promoteurs ont parfois de bonnes raisons d’attendre avant de présenter les détails de leur projet, mais la consultation hâtive permet de minimiser les tensions éventuelles, ajoute-t-elle.
Un projet de conservation, de développement résidentiel et écotouristique dans les milieux humides à Saint-Prime
Depuis près de 30 ans, des projets sont en gestation sur les terres se trouvant entre la rivière à l’ours et la rivière Ashuapmushuan à Saint-Prime. Le quartier de la rivière a d’abord été développé sur les terres vendues par Réjean Grenier.
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Aujourd’hui, c’est son fils, Yan Grenier, avec d’autres investisseurs comme Sylvain Boucher, qui ont repris le flambeau pour développer un projet avec leur entreprise dénommée Les Aménagements de la rivière.
« Le projet est plus vieux que moi, note Yan Grenier, 25 ans, et je suis emballé de voir enfin l’aboutissement du projet à portée de main, même s’il reste encore plusieurs étapes à franchir ».
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Comparativement au projet de développement résidentiel initial, le projet a été complètement transformé, car on retrouve des milieux humides sur 85% des terres qu’ils possèdent, soit une superficie de 77 hectares.
« C’est un site exceptionnel, ou l’on retrouve des milieux humides bien préservés, des forêts anciennes, une friche agricole et des plantations qui offrent une grande variété d’ambiance », a expliqué Fabienne Mathieu, urbaniste pour Écoterritoire spécialisée dans les projets écoresponsables.
Cette dernière souligne qu’il a fallu développer un projet adapté à la nouvelle réalité et aux lois qui protègent les milieux humides. « Le projet, ce n’est pas un développement, mais plutôt un parc qui sera nommé Écoparc de la pointe de la rivière à l’Ours », dit-elle. En plus d’un développement résidentiel, on y retrouvera un projet éco touristique et un parc de conservation qui mettra en valeur les milieux fauniques et les activités récréatives. « On veut répondre aux objectifs environnementaux, économiques et sociaux en minimisant les impacts », soutient Fabienne Mathieu, qui a animé la soirée d’information pour la présentation du projet devant près d’une centaine de citoyens de Saint-Prime.
Un projet de condo horizontal
La première phase du projet vise le développement d’un secteur résidentiel intégré, qui est en quelques sortes un projet de condo horizontal, ou les terrains, autres que la maison, sont possédés en copropriété. Ces résidences seront situées près de la rivière à l’Ours.
« On devait oublier le développement d’un quartier conventionnel de banlieue pour trouver un avenir à ce site-là, qui allie conservation et mise en valeur écotouristique », explique Fabienne Mathieu.
Pour minimiser l’impact sur les milieux humides, et les compensations qui doivent être alors payées, les propriétaires sont propriétaires de leur carré de maison seulement et les autres usages communs seront regroupés. Par exemple, il y aura un accès à l’eau par bouquet de maisons et il y aura des égouts semi-collectifs hors terre d’aménagés, un système plus dispendieux, mais mieux adapté à la réalité de développement dans un milieu humide, explique Fabienne Mathieu.
Pour l’instant, le projet prévoit la construction de 30 résidences, en groupe de différentes tailles, une information qui reste à définir.
Les promoteurs espèrent pouvoir recevoir les services d’aqueduc pour éviter de construire des puits, qui auraient plus d’impact sur le milieu humide. Deux voitures maximum seront admises à chaque résidence, qui devront avoir une superficie maximale de 100 mètres carrés. Les résidences devront être construites sur pieux ou sur une dalle, avec un revêtement naturel et une construction écoénergétique.
Un potentiel écotouristique à exploiter
Dans la deuxième phase de développement, les promoteurs souhaitent développer un projet écotouristique, en priorisant des déplacements actifs et en minimisant l’utilisation de la voiture.
D’abord, d’une quinzaine de mini chalets, d’une superficie de 40 mètres carrés et accueillant 4 personnes, seraient construits en bordure de la rivière Ashuapmushuan.
Une autre série de petits refuges ou de dômes géodésiques seraient construits un peu plus loin. Ces constructions seront faites sur pilotis elles seront accessibles à vélo seulement. « Ça sera des aménagements minimalistes pour minimiser l’impact dans un milieu exceptionnel », note Fabienne Mathieu.
Ce projet souhaite notamment profiter de l’affluence des cyclistes empruntant la Véloroute des Bleuets et des adeptes de plein air, tout en offrant une boucle supplémentaire à travers des milieux humides.
Une petite marina publique ou semi-publique serait aussi construite offrant la location d’embarquements non motorisée sur la rivière Ashuapmushuan. Plusieurs activités de plein air seront offertes à même le site.
Un projet de conservation permanent
Pour en faire un projet écoresponsable, les promoteurs souhaitent aussi préserver près de 40% du territoire. « Il y a un manque flagrant de projet de conservation à vocation permanente dans le secteur », remarque l’urbaniste, qui croit qu’une future aire protégée permettra de sensibiliser les citoyens à l’importance de la biodiversité et des milieux humides. « Les résidents du secteur utilisent déjà ce territoire et les promoteurs ont la volonté de le conserver tout en laissant accès aux citoyens », dit-elle.
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Pour assurer une conservation à long terme, le projet souhaite en faire une zone de conservation permanente. Différentes options sont à l’étude pour y parvenir, en travaillant par exemple avec la municipalité, la MRC ou encore Canards illimités.
Une consultation en amont
« On voulait présenter le projet en amont pour leur montrer les caractéristiques du site et demander leurs avis, suggestions, et commentaires », a remarqué Fabienne Mathieu. Les citoyens présents lors de la consultation du 15 février ont fait connaître leurs préoccupations quant à l’augmentation du trafic dans le secteur.
Le zonage du secteur devra être modifié pour accueillir un projet de villégiature ainsi qu’un projet résidentiel intégré. De plus, la ville devra donner son accord pour étendre le réseau d’aqueduc pour fournir l’eau potable.
73 foyers prévus sur l’ancien camping Bellevue Sud
Pour l’instant, on en sait très peu sur le projet de développement sur les rives de la rivière Ashuapmushuan, mis à part que ça sera un projet de développement résidentiel sur le site de l’ancien Camping Bellevue Sud.
Les promoteurs du projet sont Jean Dumas et ses deux fils Marc-Antoine et Simon-Olivier, propriétaires de plusieurs concessionnaires automobiles. « Ça sera un projet développement résidentiel, avec des maisons unifamiliales, des duplex et des maisons en rangées », a expliqué Simon-Olivier par messagerie en ajoutant que le nombre d’habitations n’est pas encore connu. Il n’a pas été possible de récolter davantage d’informations sur le projet.
Lors de la première présentation du projet, en décembre 2022, certaines informations avaient toutefois été divulguées pendant un conseil de la MRC du Domaine-du-Roy. On y apprenait alors que le projet, qui se ferait sur une superficie de 9,1 hectares, prévoit la construction de 25 résidences unifamiliales isolées, 24 résidences unifamiliales jumelées et 6 résidences en rangées de 4 unités de logement chacune.
Le 3 octobre dernier, la ville avait passé une résolution, tout comme ce fut le cas à la MRC du Domaine-du-Roy, pour faire une demande au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) pour intégrer le projet au périmètre urbain, mais le projet a récemment été modifié, a-t-on appris lors du conseil de ville du 6 mars. Luc Gibbons, le maire de Saint-Félicien a expliqué que les promoteurs souhaitent investir pour améliorer trois petits milieux humides dégradés, en les convertissant en bassin de rétention des eaux de pluie.
Le conseil de ville de a donc du passer une nouvelle résolution, et la MRC devra en faire autant, pour faire une nouvelle demande au MAMH.
« La première étape à franchir est l’intégration de ce secteur dans le périmètre urbain, explique Dany Coudé, le directeur général de Saint-Félicien. Donc, tant que le MAMH n’aura pas donné son autorisation, la MRC et la Ville ne pourront amorcer de modifications au plan d’urbanisme et au règlement de zonage. »
C’est seulement lorsque cette autorisation sera obtenue que la ville souhaite présenter le projet à la population. « Des assemblés de consultations auront lieu et les personnes habiles à voter pourront se prononcer, a précisé Dany Coudé. Les promoteurs pourront également présenter leur projet en détail. Aujourd’hui, je suis d’avis qu’il est prématuré de détailler un projet qui ne verra peut-être pas le jour. »
Le projet contesté
La conseillère Josée Lemay a voté contre cette résolution, car il faudrait plutôt miser sur la densification du milieu urbain, tel que le recommande la politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire. « À quoi ça sert de faire une telle politique et un schéma d’aménagement à la MRC si on ne les respecte pas », dit-elle.
« Je ne suis pas contre le projet, mais j’ai des réserves parce qu’on devrait prioriser les secteurs existants », ajoute Josée Lemay.
Cette dernière cite également le Plan régional des milieux humides et hydriques de la MRC du Domaine-du-Roy souligne qu’il faut préserver la biodiversité présente dans le secteur du bassin versant de la rivière Ashuapmushuan en maintenant la biodiversité et l’intégrité des milieux humides, tout en limitant l’artificialisation des rives.
Josée Lemay souligne que ce développement va nécessiter une extension du réseau des égouts tout en faisant augmenter les émissions de gaz à effet de serre. « Il faut penser aux générations futures et la ville a plus d’impact qu’elle ne le pense », souligne la conseillère qui croit que le pacte fiscal doit être renégocié avec Québec pour sortir de la dépendance aux taxes foncières.
Gervais Laprise, un citoyen de Saint-Félicien, abonde dans le même sens, alors qu’il a demandé aux élus de faire une réflexion sur l’étalement urbain et industriel lors du dernier conseil de ville. « Quel impact aura les projets de développement sur les coûts d’entretiens des infrastructures à long terme, la cohabitation et l’aménagement durable du territoire, en lien avec la politique de Québec qui tarde à se mettre en place », dit-il.
Sur les réseaux sociaux, des citoyens demandaient également s’il y aura un accès public à la rivière. L’ajout de plusieurs maisons inquiète aussi des citoyens qui craignent de devoir composer avec un trafic accru dans un secteur résidentiel ou plusieurs enfants jouent dans les rues.