Nuances de blanc et jeux de lumière dans le ciel d’Étienne Rousseau

Étienne Rousseau présente l'exposition Lève les yeux, regarde le ciel, jusqu'au 2 avril, à l’espace lecture de la Bibliothèque de Chicoutimi.

Étienne Rousseau propose une fenêtre sur le ciel, à même l’espace lecture de la Bibliothèque de Chicoutimi. L’exposition qu’il y présente jusqu’au 2 avril est l’occasion de prêter attention à tous ces phénomènes admirables, mais trop rarement admirés. Comme ces nuages, d’un blanc pollué, ou immaculé.


Lève les yeux, regarde le ciel, dit le titre de l’expo présentée par le centre d’artiste Le LOBE, en collaboration avec la Ville de Saguenay. C’est de là-haut que le sujet est venu. Par la fenêtre d’un atelier, en plein quartier industriel à Limoilou, qu’il s’est laissé apercevoir par Étienne Rousseau.

Entouré d’usines en tout genre, l’artiste de Québec a pour décor quotidien ces longues cheminées – éternelles comme l’enfer, dirait Richard Desjardins -, qui à longueur de journée poussent «d’énormes tas de fumée» dans le ciel. C’est là qu’en viennent à cohabiter les nuages de l’homme, artificiels et nocifs, puis ceux de la nature, d’une «beauté immaculée».



L'artiste propose des tableaux aux couleurs inquiétantes.

«Il y avait une espèce de tension, une dualité entre ces deux mondes-là. Un monde naturel, un monde artificiel, qui se confrontent. Et lequel est lequel? Lequel est vrai, lequel est faussé?»

C’est cette ambiguïté, cette tension, qu’Étienne Rousseau souhaitait représenter. Voilà pourquoi les couleurs choisies pour les tableaux ont quelque chose d’inquiétant. Cette teinte verdâtre semble presque toxique, quasi irrespirable, alors que ce mauve rappelle les ecchymoses qui restent après les coups.

Même le bleu, tout près, un peu plus invitant, donne l’impression d’être recouvert de givre. C’est le fruit d’un travail «d’essuyage» de ces morceaux de tissus qui passent sur l’œuvre après les pinceaux.

Avec les années, les couleurs en sont venues à prendre beaucoup de place dans le travail de l’artiste. Jusqu’à devenir «le sujet de ses tableaux». Dans le cadre de cette expo, elles servent à guider les visiteurs en marge du propos, en quelque sorte.



L'exposition comprend également des vidéos, dont celui-ci, tourné dans le quartier industriel de Limoilou où Étienne Rousseau a son atelier.

«Je ne cherche pas à représenter quelque chose directement, je veux que par ces couleurs, par ces formes, on arrive à saisir, ou on contourne finalement ce que je veux représenter, le sujet principal. On arrive à se faire sa propre interprétation.»

Dans ce «très subtil jeu de teintes» prêté aux tableaux, on peut voir apparaître toutes sortes de choses. Des choses qui parfois trahissent le penchant d’Étienne Rousseau pour l’infiniment grand et l’infiniment petit, et pour ces détails qui reviennent dans les deux cas.

«J’aime autant les détails des petites choses du quotidien auxquelles on ne prête pas attention, que les grandes choses grandioses, la galaxie, le ciel, l’inatteignable. C’est dans cette échelle-là que je vais jouer.»

L'artiste utilise des morceaux de tissus pour créer de petites nuances dans les couleurs de ses oeuvres.

Celui qui a enseigné les arts visuels au Cégep de Chicoutimi l’an dernier est très heureux d’avoir la chance d’exposer une première fois dans la région. Sa proposition, qui comprend également photos et vidéos, se veut d’ailleurs une belle introduction à son œuvre, articulée autour de la nature et de ses divers phénomènes.

«Ça peut être des effets de lumière, des effets dans le ciel, créés par la nature. Je m’intéresse beaucoup à ces phénomènes-là, autant naturels que cosmiques», ajoute Étienne Rousseau.