Immigration: la région veut faire mentir les prévisions

Le Saguenay-Lac-Saint-Jean a fait mentir les prévisions en 2022 en accueillant 1313 personnes provenant de l’extérieur de la province et du pays.

Il y a plus que 170 nouveaux immigrants qui s’installent au Saguenay-Lac-Saint-Jean, assure le préfet de la MRC du Domaine-du-Roy, Yanick Baillargeon. Ce dernier revient sur l’étude présentée par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui ne tient pas compte des étudiants internationaux et des travailleurs au statut temporaire.


« Dans les deux dernières années, on a reçu beaucoup de gens. Les étudiants sont autour de 3000 dans la région présentement et les travailleurs temporaires, pensons seulement aux Serres Toundra, c’est un apport inestimable. Ils sont ici et économiquement c’est important », explique celui qui est aussi le président du conseil d’administration de Développement économique 02.

Depuis deux ans, une stratégie régionale sur l’immigration s’est mise en place. Tous les organismes de près ou de loin dans ce domaine sont impliqués. C’est essentiellement un plan concerté de recrutement de main-d’œuvre.

Les intervenants accompagnent beaucoup les entreprises. « On faisait beaucoup de stratégies une à une. Maintenant nous avons une image de marque pour le grand Saguenay-Lac-Saint-Jean. »

Yanick Baillargeon, préfet de la MRC du Domaine-du-Roy, lors d'une conférence de presse

Et personne ne tire trop la couverture de son côté, assure M. Baillargeon. La preuve, dans quelques semaines, une mission sera faite en Colombie pour tenter de combler des postes au Centre de services scolaire du Pays-des-Bleuets. « C’est là qu’ils ont le plus de problèmes et nous le savons tous. »

Cette stratégie relève du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Chaque MRC a une ressource dédiée et le coordonnateur est Séreyrath Srin, qui a notamment été conseiller en immigration d’affaires chez Promotion Saguenay.

Trois immigrants sur quatre à Montréal

L’étude de la FCEI souligne que 75% des immigrants s’installent à Montréal en mettant les pieds au Québec. Une situation qui sera certes difficile à renverser, mais M. Baillargeon croit fermement que les régions ont beaucoup à offrir, sinon plus.

Ce que les nouveaux arrivants recherchent principalement, c’est la proximité des services, parce que bien souvent, ils n’ont pas de voiture, explique-t-il. Et présentement, la crise du logement est très problématique et tous les paliers de gouvernement doivent s’impliquer davantage, se permet de dire le préfet. « On ne peut pas tout faire comme municipalité. Il y a des projets qui se travaillent un peu partout sur le territoire, mais qui ont du retard. Il faut du logement abordable et social. Les immigrants qui arrivent ici n’ont pas les poches pleines d’argent. »

Une région multiculturelle

Dans 15 ou 20 ans, Yanick Baillargeon voit un Saguenay-Lac-Saint-Jean multiculturel. « C’est la vision qu’on a ! Il le faut. Une région inclusive où tout le monde aura envie de s’établir. »

Revenant sur Montréal, il souligne qu’en région il n’y a pas de communautés culturelles établies en grand nombre dans un quartier donné, mais que chaque nouvel arrivant « est pris pratiquement par la main. C’est plus difficile, mais on veut qu’ils se sentent à la maison. »

Le déficit annuel d’immigrants sera de 1000 personnes par année d’ici 2030, selon les prévisions de la FCEI. La stratégie régionale réussira peut-être à renverser la tendance si on en croit les derniers chiffres de l’Institut de la statistique du Québec. En 2022, 1313 personnes provenant de l’extérieur de la province et du pays se sont installées au Saguenay-Lac-Saint-Jean qui a affiché son plus important gain démographique des 35 dernières années.