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Ce sentiment d’urgence est partagé par les promoteurs de spectacles. Tous veulent déployer leur programmation quand il fait chaud, pour des raisons parfaitement légitimes. Les amateurs de musique sont plus « sorteux » et pour bon nombre d’entre eux, ces événements donnent lieu à une consommation d’alcool dont le degré d’intensité suit la même courbe que la température.

Puisque les festivals ne vivent pas d’amour et d’eau fraîche, les revenus provenant du bar et du guichet – là où l’accès au site est payant - constituent une composante vitale de leur modèle d’affaires. Il est donc normal que les meilleures journées soient convoitées, en particulier à Chicoutimi. Dès la fin de juin, en effet, les programmations se succèdent au centre-ville et parfois même se chevauchent.

Ce sera encore plus vrai l’été prochain, alors que La Noce et les Grands crus musicaux de Saguenay présenteront des spectacles en même temps, au début de juillet. Ils se dérouleront à la Pulperie et sur la Zone portuaire, respectivement.

Ajoutons que pour la première fois, les Grands crus s’étireront sur une deuxième fin de semaine, avant de céder la place au Festival des Bières du Monde, puis au Festival international des Rythmes du Monde. Tout ceci sur la Zone portuaire. Comme ce sont les petits nouveaux, puisqu’ils ont vu le jour en 2022, leur expansion a généré des tensions qui ont remonté jusqu’à l’hôtel de ville.

Les élus ont approuvé cette décision à l’unanimité, incluant ceux qui auraient été victimes de harcèlement dans les semaines précédentes. Rappelons que quelques individus ont poussé le zèle jusqu’à téléphoner à leur résidence, à seule fin de les sermonner. Les membres du conseil ont beau être redevables à la population, subir ce traitement ne fait pas partie de leur mandat.

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Des chicanes de dates, d’artistes et de sites, a résumé la mairesse de Saguenay, Julie Dufour, lors de la séance du conseil.

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« Il y a beaucoup de grogne, beaucoup de commentaires, de chicanes de dates, de financement, des nouveaux, des anciens (promoteurs). Je propose un moratoire jusqu’en septembre 2023. On fera travailler nos experts, entre autres Promotion Saguenay et nos services. On va s’adjoindre des gens. On n’est pas des spécialistes en festivals ou en événementiel. On veut bien répondre à nos promoteurs, aux citoyens, et surtout faire une reddition de comptes financière sur ce que la Ville veut avec une orientation claire une fois pour toutes », a mentionné Mme Dufour lors de la séance du conseil, mardi midi.

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Cette dernière a toutefois précisé que tout ce qui est en cours ou planifié pour cet été aura lieu comme prévu.

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« Tous nos protocoles se poursuivent. C’est vraiment pour l’ajout de nouvelles demandes et pour s’assurer de répondre aux demandes des promoteurs », a-t-elle précisé.

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Il y a deux semaines, Le Quotidien rapportait que la relation n’était pas au beau fixe entre la direction du Festival international des Rythmes du Monde et le Festival des Bières du Monde et la Zone portuaire de Chicoutimi, cette dernière étant accusée de leur nuire au profit d’un nouveau festival. Le lancement progressif de la programmation des Grands crus musicaux de Saguenay aura permis de comprendre que c’est de cet événement qu’il est question.

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« Dans les dernières semaines, beaucoup de promoteurs privés, des OBNL, sont allés sur la place publique. Des élus, des fonctionnaires ont subi beaucoup de pression, donc on s’est dit que c’était le moment de prendre une pause, de démêler tout ça et d’avoir une orientation claire, de diminuer la température. La pression est très très élevée », a ajouté Mme Dufour en point de presse après la séance du conseil, sans vouloir nommer les personnes concernées.

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« Ça vient de partout », s’est-elle contentée de répondre.

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Le conseiller de Jonquière, Carl Dufour, a mentionné que ses collègues présidents d’arrondissement Raynald Simard (La Baie) et Jacques Cleary (Chicoutimi) étaient unanimes quant à l’orientation à adopter.

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« La chaîne a débarqué avec certains commentaires envers mes collègues, des propos inacceptables. Il y a eu des commentaires qui ne passaient plus. Quand c’est rendu que t’as des appels d’avocats à la maison, je pense que c’était rendu insensé cette affaire-là. C’est pour ça qu’on a décidé de faire un comité. Oui, il y aura des professionnels, que j’espère externes, qui vont comprendre la réalité des événements. On va changer l’air et ça va faire du bien », a expliqué Carl Dufour, des propos partagés par Raynald Simard.

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« C’est le temps qu’il y ait un ménage dans cette culture-là. Avoir autant de pression, de téléphones de promoteurs, ce n’est pas le rôle d’un conseiller de faire ça. On va embarquer des spécialistes et ça va amener de la crédibilité. On n’a peut-être pas la compétence pour agir », a-t-il dit, alors que le conseiller Michel Tremblay rappelait que les élus travaillent avec les promoteurs et non contre eux.

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« On est tannés des guerres qu’on a. La Ville met beaucoup d’argent. On est des partenaires. Je suis d’accord qu’on fasse le travail et qu’on ait des recommandations. Il faut arrêter les guerres entre promoteurs et travailler ensemble. »

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La mairesse Julie Dufour s’attend à ce que les grandes orientations soient plus claires à l’automne 2023, ce qui permettra aux élus de préparer le budget 2024 en conséquence.

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Le mérite de cette histoire est que l’automne prochain, on fera le point sur les festivals. Ce ne sera pas un luxe de se pencher sur leur déroulement, mais pour bien faire le travail, on ne devra pas se limiter à la gestion du calendrier. La Ville aussi aura des réponses à livrer, à propos de l’organisation de spectacles sur la rue Racine.

Celle-ci fut le berceau des Rythmes du Monde, alors que des foules imposantes se pressaient devant les scènes aménagées à la hauteur des rues Labrecque et Bégin. Chaque soir, les gens s’appropriaient cet espace convivial, qui était accessible gratuitement. Après l’édition de 2019, cependant, on a prétendu qu’il n’était plus possible d’y retourner.

Pour justifier cette interdiction, on a invoqué des raisons de sécurité qui laissent perplexe, vu qu’ailleurs au Québec, ça ne pose pas problème d’écouter de la musique sur la rue principale. Plus probablement, la vraie raison tient aux doléances exprimées par certains commerçants et professionnels. Se comportant comme si la Racine leur appartenait, ils ont mené un lobby constant afin que les intrus - lire, les citoyens – ne viennent plus troubler leur quiétude.

Si le groupe de travail donne des réponses crédibles à ce sujet, tout en définissant un cadre à l’intérieur duquel les promoteurs cohabiteront durablement, il aura rendu un fier service à la communauté. Parce que l’été saguenéen est trop bref, trop précieux, pour donner libre cours à la mesquinerie.

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