Gabriel et Olivier se connaissent depuis longtemps. Le début du primaire, pour être précis. À 22 ans, ils ont vécu pas mal d’aventures ensemble et ce nouveau projet est une nouvelle étape à leur amitié.
Vivant avec l’ataxie récessive spastique de Charlevoix-Saguenay, une maladie héréditaire génétique observée uniquement dans les régions de Charlevoix et du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Gabriel Paquet-Desbiens est le dernier à s’apitoyer sur son sort. Bien au contraire. Pendant qu’Olivier va parcourir les 125 kilomètres en trois jours à la course à pied, à fréquence d’un marathon par jour via la route 381, Gabriel va l’accompagner à vélo. Puisque l’ataxie provoque, entre autres symptômes, une spasticité, particulièrement aux jambes, le défi est bien réel.
« Je me suis toujours dépassé là-dedans et Oli le voit depuis longtemps, a partagé le Baieriverain au cours d’une inspirante entrevue en compagnie de son ami. On m’avait dit que j’allais être en marchette à 18 ans. Rendu à 22 ans, à essayer de faire un défi de 125 kilomètres à vélo, je dois être pas si pire! »
Le duo a d’abord fixé l’objectif financier à 2500 $, soit 20 $ par kilomètre. Sauf qu’environ 24 heures après le lancement du projet et la mise en place de la levée de fonds sur la plateforme Go Fund Me, près de 1900 $ avaient déjà été récoltés. Un montant qui dépasse les organisateurs, Gabriel avouant manquer de mots pour qualifier la mobilisation de la population.
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« Pour moi, c’est le plus gros défi de ma vie, a-t-il convenu. En étant un ataxique, de faire du vélo sur une aussi longue période, c’est tout un défi. Mon objectif est de faire le plus de kilomètres possible, d’arriver à La Baie sans blessure et finir en beauté. »
Un défi entre « deux chums »
Olivier Houde en aura lui aussi pour son argent dans les côtes de la route 381. Il appréhende le défi physique, mais il veut avant tout que son ami puisse atteindre ses objectifs.
« Au-delà d’enfiler trois marathons en trois jours, c’est aussi un événement de célébration, a mis en contexte Olivier Houde. C’est célébrer la différence, mais c’est aussi de célébrer le fait que même si tu es atteint d’une maladie ou que tu as une condition plus difficile, ça ne t’empêche pas de faire de grandes choses, de vivre ta vie et de repousser tes limites. On veut donc miser sur l’aspect moral et avoir du plaisir à travers ça. Dans le fond, ce sont deux chums qui se lancent un défi. »
Gabriel Paquet-Desbiens ne pourrait mieux dire, étant parfois plus ou moins conscient de toute l’énergie positive qu’il dégage autour de lui. Il a d’ailleurs donné une conférence à l’école primaire de Saint-Félix-d’Otis récemment, « ce qui a eu un effet positif sur deux jeunes atteints de l’ataxie », aux dires du père de ces derniers.
«Notre défi est cool et ce qu’on veut, c’est aider et faire connaître la maladie, a-t-il mentionné. On veut montrer qu’on peut aller loin malgré la différence, en essayant, en n’ayant pas peur et en fonçant tête baissée. Il peut arriver des choses pas possibles, mais le lendemain on va se lever, on va sourire et la vie va continuer.»
— Gabriel Paquet-Desbiens
Le jeune homme à la maturité impressionnante malgré ses 22 ans entend tout faire pour soulever les montagnes, le week-end du 15 septembre. Il est en même temps prêt à écouter son corps, relatant que l’ataxie de Charlevoix-Saguenay l’empêche à l’occasion de se tenir debout.
« Je veux montrer que la différence, c’est juste une question de volonté, a affirmé Gabriel. Oli a toujours été là, mes parents aussi, et j’ai toujours eu des bons chums. J’ai failli tomber à des endroits qui ne sont pas possibles, mais ils ne m’ont jamais laissé derrière. L’acceptation de mes confrères m’a sauvé la vie et c’est ce qui me pousse aujourd’hui à me donner autant de mal à vouloir réussir tout ce que j’entreprends. »
Gabriel Paquet-Desbiens va écouter son corps, certes, et Olivier Houde espère pouvoir être aux côtés de son ami pour chaque kilomètre de ce défi. La population sera également invitée à participer au Défi Charlevoix-Saguenay, mais la forme demeure à être établie, autant que leur façon de se loger à la fin de chacune des trois journées. Un retour à la maison après chaque étape est envisageable, tout comme le camping en plein cœur de la route 381.
« Ce que je trouverais le plus difficile, ça serait de voir Gab prendre une pause contre son gré, a avoué Olivier. La raison pour laquelle je veux faire ce défi depuis aussi longtemps, c’est parce que Gab est un modèle et il m’a toujours inspiré, pour vrai. Quand je parle de Gab aux gens, la première chose que je dis c’est que tu ne peux pas te plaindre lorsque tu le côtoies. Jamais tu ne l’entends se plaindre, jamais tu l’entends dire un mot, il voit la vie positivement. »
À n’en pas douter, les deux jeunes hommes ont les outils en main pour accomplir de grandes choses, humaines ou sportives.
La plateforme Go Fund Me est active depuis mercredi et il est possible d’y faire un don.