Grimper l’Everest une pente à la fois

Ariane Martel Bouchard s’est lancé un défi de taille, en prévision du 18 mars prochain, alors qu’elle compte grimper l’équivalent du mont Everest, soit 8848 mètres, au mont Lac-Vert, en moins de 32 heures. Avec cet événement, elle compte amasser au moins 8848 dollars au profit de la fondation Sur la Pointe des pieds.


«Je cherchais un défi pour me surpasser», lance d’emblée Ariane Martel Bouchard, lorsqu’on lui demande pourquoi elle se lance un tel défi. «Ça serait le plus gros accomplissement sportif que j’ai fait jusqu’à maintenant».

Le 18 mars, la femme de 31 ans gravira 8848 mètres, soit l’équivalent de l’altitude du mont Everest, le plus élevé de la planète. Elle complétera son défi au mont Lac-Vert, en effectuant 37 ascensions d’un dénivelé de 240 mètres, parcourant par la même occasion une distance de 55,5 kilomètres. Habituellement, les athlètes font des «Everest» en vélo ou à la course, mais Ariane le fera plutôt en raquettes.



«Selon ce que j’ai pu voir, il n’y a pas de défi Everest répertorié en raquettes», dit-elle, ajoutant que le choix des raquettes s’est fait naturellement, car elle soigne une tendinite.

Elle pourra prendre autant de pauses qu’elle le souhaite, notamment pour manger, mais elle ne pourra pas dormir pour réaliser un vrai défi d’« Everester», un terme utilisé pour dire qu’un athlète a franchi 8848 mètres d’altitude d’un seul coup.

Selon Ariane, réaliser ce défi devrait prendre entre 24 et 32 heures, selon les conditions de neige. Le départ sera donné sur le coup de 8h, le samedi matin, alors qu’elle gravira la montagne directement dans les pentes de ski, ce qui limite les incertitudes, car même s’il neige beaucoup, la surface sera damée. Elle recevra aussi l’aide du personnel de la montagne pour redescendre en motoneige, car le défi est vraiment de grimper les 8848 mètres. «J’ai reçu un super accueil du Mont Lac-Vert qui m’aidera à réaliser mon défi», dit-elle.

Les skieurs présents sur la montagne pourront ainsi l’encourager, le samedi et le dimanche matin, lorsqu’elle réalisera son Everest. «Le plus difficile sera de passer à travers la nuit», admet la femme du Saguenay qui habite maintenant à Roberval.



Un changement de vie à 180°

Jusqu’en 2021, Ariane Martel Bouchard avait de graves problèmes d’alcool.  «Je passais mes soirées sur le divan à boire mon rhum et j’ai eu une prise de conscience, parce que je ne voulais pas hypothéquer ma vie, raconte-t-elle. En me regardant dans le miroir, je ne voyais pas la Ariane que je voulais être.»

En délaissant l’alcool, qui agit comme un dépresseur, elle a retrouvé de l’énergie et commencé à faire du sport. «J’ai commencé à faire de la course à pied et je suis devenue végane, ce qui a décuplé mon énergie», ajoute-t-elle. Le sport a été en quelque sorte une échappatoire pour ce surplus d’énergie. Plus elle faisait du sport et plus elle était heureuse.

Elle a donc découvert la course en sentier, participant à plusieurs épreuves de cinq à 15 kilomètres.

Elle a aussi essayé les courses sur route, mais la forêt lui parle beaucoup plus. «J’aime la proximité avec la nature», note la femme, qui se fait surnommer la «coureuse sauvage», à cause de son tempérament plus solitaire et son attirance pour la nature.

Malgré toutes les courses qu’elle a complétées, elle avait tout de même le syndrome de l’imposteur, alors qu’elle hésitait à participer à de plus longues courses. «Quand j’ai réalisé qu’on pouvait marcher par moment, j’ai débloqué», dit-elle. Mais au lieu de participer à des événements organisés, elle a réalisé des défis personnels, d’abord en courant 120 kilomètres à Rivière-du-Loup, puis en courant 160 kilomètres (100 miles) sur un parcours aménagé à La Baie.

Forte de ces expériences, elle cherchait un nouveau défi et c’est ainsi qu’elle a décidé d’«Everester» le mont Lac-Vert.



Pour la bonne cause

Tant qu’à réaliser ce défi, Ariane a décidé d’effectuer une collecte de fonds pour la fondation Sur la Pointe des pieds. Son objectif est d’amasser 8848$, soit le même nombre de mètres que le dénivelé de l’Everest. Au moment d’écrire ces lignes, elle avait déjà amassé un peu plus de 5000$.

«Un ami m’a parlé d’un jeune qui a participé à une expédition de la Fondation. Ce jeune-là expliquait que maintenant, les gens ne le voyaient plus comme l’enfant qui avait le cancer, mais plutôt comme l’enfant qui a réussi une expédition nordique. J’ai trouvé ça hyper touchant!», explique Ariane.

«La cause des enfants malades me touche beaucoup, mais ce que j’aime par-dessus tout de leur fondation, c’est que l’argent ne sert pas à la recherche, comme bien d’autres organisations, mais plutôt à faire vivre aux enfants une expérience hors du commun avec des expéditions thérapeutiques en nature», remarque celle qui considère le plein air comme étant «vital». Elle a même décidé de s’associer au Club 3 A de la Fondation en tant que membre «aventurier légendaire».

Pour la collecte de fonds, c’est par ici.