Provenant de la ferme Les Fleurs Maltais, les glaïeuls, dahlias et tulipes immortalisés par Nathalie Lavoie connaissent une nouvelle vie à l’intérieur d’une douzaine de cadres où ses photographies ont été insérées. On peut en apprécier la beauté, en plus de s’émerveiller à la vue de détails qui, en d’autres circonstances, passeraient inaperçus.
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« Le lieu est magnifique, avec sa belle vue sur la baie des Ha ! Ha ! et les montagnes au loin. Chaque année, quatre expositions sont présentées au parc Mars et je tenais à ce que la mienne se déroule en hiver parce que le décor change constamment. Ces temps-ci, on peut voir des cabanes à pêche et des motoneiges. Il y a aussi des ciels différents », énonce la Baieriveraine.
Souhaitant faire du bien aux gens avec Les fleurs cultivées, elle a pris soin de photographier ses sujets au plus près, en donnant aux regardeurs l’impression qu’ils se trouvent au-dessus. La tige est invisible, laissant toute la place à la corolle, qui reflète plusieurs moments de la vie d’une plante. Certaines sont éclatantes, alors que d’autres, plus matures et néanmoins jolies, provoquent l’étonnement.
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Ainsi en est-il de cette tulipe blanche dont les pétales duveteux, légèrement repliés, évoquent l’idée de confort. On voudrait s’en faire un oreiller, s’y perdre quand l’humeur vire au gris, alors que la tulipe rose, aux contours finement ciselés, est du genre à se laisser admirer comme un diamant, ou un œuf de Fabergé.
Que les gens trouvent du plaisir à s’attarder devant ces photographies, tout en gardant un œil sur ce qui se passe autour d’elles, réjouit Nathalie Lavoie. Après tout, c’est ce qu’elle a fait à plusieurs reprises depuis l’achat de son bouquet chez les Fleurs Maltais, à l’été 2021. D’abord fascinée par les variétés de tulipes qu’il réunissait, elle les avait prises en photo avant de retourner à la ferme.
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« Cette saison-là, j’en ai profité pour photographier aussi des dahlias et des glaïeuls, raconte l’artiste. Je me suis également intéressée à ce qui se passait à la ferme, notamment à la rotation des fleurs qu’on y cultive. Comme je l’ai fait l’année suivante au Bec-Scie, j’aime observer le domaine végétal. Ça me vient naturellement, au point que c’est devenu un mode de vie. Ma relation au monde, à travers l’art. »
Il y a dans cet exercice une forme de contemplation qui ressemble à celle de ses premières années dans le métier, lorsqu’elle créait des œuvres d’art en traçant un point, une ligne à la fois, penchée sur une grande feuille posée sur le plancher. Il en fallait des centaines, des milliers, pour venir à bout de ces chantiers impossibles, tellement à contretemps de la vie d’aujourd’hui.
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« Le travail d’attention que je mène depuis quelques années s’inscrit dans l’idée de la durée, comme les projets de mes débuts où j’exerçais ma patience. C’est une forme d’entraînement, prêter attention à ce qui est là et qu’on ne retrouvera plus. Pour voir ce qui est unique », fait observer Nathalie Lavoie.
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LES CHOSES SE PLACENT POUR NATHALIE LAVOIE
Ce n’est pas courant, ce qui arrive à Nathalie Lavoie. Trois des projets dans lesquels elle s’est investie dans les derniers mois découlent d’invitations qui lui ont été adressées. L’un d’eux a pour titre Jardin ou la beauté légumière et, comme Heccéités, une œuvre numérique réalisée à partir d’extraits vidéos, il est né grâce à Regart, un centre d’artistes en art actuel établi à Lévis. Quant au troisième chantier, c’est à compter du mois de juin qu’il se matérialisera, à l’occasion de la Biennale du lin de Portneuf.
« En tant qu’artiste, je soumets fréquemment des demandes et parfois, je reçois des refus. C’est pour cette raison qu’ils font du bien, ces trois projets qui m’ont été proposés. Dans ma carrière, il y a comme une fluidité qui s’installe, depuis quelques années. Les choses se placent et peut-être que l’une des raisons est que j’apporte quelque chose de personnel », a commenté la Baieriveraine au cours d’une entrevue accordée au Progrès.
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Heccéités, par exemple, lui a permis de travailler à partir d’images tournées près de sa résidence. Le traitement radiographique effectué par la suite leur a conféré un air fantomatique qui, pour une bonne part, tient à la nature des arbres ainsi présentés. « Ça met en relief le coton des peupliers. C’est comme de la neige », décrit Nathalie Lavoie, qui a mis à profit son environnement immédiat, une fois encore, afin de réaliser l’exposition Jardin ou la beauté légumière.
Le titre l’exprime avec limpidité. C’est chez elle, dans son jardin, qu’ont été conviés les visiteurs lors de son exposition tenue à Lévis, l’été dernier. Ils ont vu quelques plantes, dont la racine d’une bette à carde, mais aussi des images offrant un coup d’oeil inédit sur les légumes. Estampe numérique. Photographie en négatif. Sculptures éphémères faites de terre argileuse. Aucune piste n’a été négligée pour que ressorte la beauté qui se cache derrière des plantes si familières.
La bonne nouvelle est que Jardin ou la beauté légumière revivra du 18 avril au 27 août, à la Bibliothèque Hélène-Pedneault de Jonquière. C’est dans l’Espace partagé, une section du rez-de-chaussée mise à la disposition du Centre Bang, qu’il sera possible de la découvrir. « Je devrai effectuer une sélection afin de montrer de nouvelles choses, ainsi que les mêmes autrement. C’est comme un fil continu », avance Nathalie Lavoie.
Quant à la Biennale du lin, elle l’accueillera pendant quatre mois, à compter de juin, en compagnie de neuf artistes ayant participé aux éditions précédentes. En vue de sa première présence, en 2015, la Baieriveraine avait fait pousser un carré de lin chez elle, avant de produire des dessins et des photographies. Cette fois, l’un de ses projets nécessitera la collaboration du Centre Sagamie d’Alma. « Je vais imprimer sur du lin, un tissu magnifique. Je lui conférerai une nouvelle utilité », annonce-t-elle.
Toujours chez Sagamie, un ouvrage d’art verra le jour à la faveur d’une résidence en microédition. Ses photos de fleurs exposées cet hiver, au parc Mars de la Baie, épouseront une forme différente. « Je vais les complexifier, les rendre plus sensuelles, plus mystérieuses encore. C’est ce qui va ressortir », anticipe Nathalie Lavoie.